Peut-on penser par soi-même ?

Crocquevieille

Marius

« J’existe donc je pense » écrit Jean-Paul Sartre. L’être humain est un être pensant mais est-il capable de penser par lui-même. « Peut-on » introduit ici une notion de possibilité mais également une notion de limites. « Penser » diffère de l’opinion, penser signifie réfléchir. La pensée désigne l’ensemble des activités psychiques. « soi-même » peut signifier sans les autres, seul mais également sans se baser sur l’avis et l’opinion des autres. Ainsi « penser par soi-même » signifie-t-il penser tout seul, penser sans ou contre les autres ou bien exercer son esprit critique et son jugement personnel. Avec les notions de possibilités et de limites introduites par « Peut-on », « Peut-on penser par soi-même » signifie : est-il possible de penser par soi-même et quelles en sont les limites. Dans un premier temps, on expliquera les possibilités et les limites du penser seul, sans aucune influence de l’extérieur. Dans un deuxième temps, suite au problème rencontré précédemment, on détaillera les autres significations possibles de penser par soi-même. Puis, dans un troisième temps, on définira le rôle et les influences de l’extérieur sur l’évolution de notre pensée

La pensée est l’activité psychique dans son ensemble, abstraction faite de sa valeur objective de connaissance. « Je suis une chose qui pense, qui doute, qui affirme, qui nie, qui connait peu de choses » ainsi la pensée est un synonyme de conscience, de ce fait on peut penser tout seul. L’être humain est un être pensant mais penser par soi-même serait penser, différemment des autres, et pourrait conduire ainsi à un égocentrisme évident et une mise de soi hors du temps (ceci pouvant conduire jusqu’à une forme de folie). Cependant, dès sa naissance l’être humain est imprégné de maintes influences extérieures qui le formeront et le conditionneront grâce à un outil primordial : l’apprentissage du langage : langages différents selon les divers pays et sociétés.

Ceci nous amène à un autre aspect du « penser par soi-même ». L’être humain vit dans un univers où chacun cohabite et communique. À savoir parmi les autres. Il doit donc penser avec les autres et dans son époque. Mais il ne faut pas totalement adhérer à tous les préceptes qui nous influencent au risque que cela ne nous conduise à une passivité intellectuelle, voire à une dépendance à autrui. Penser uniquement contre les autres risque d’engendrer un culte de l’individualité et un égocentrisme flagrant. Ainsi « penser par soi-même » n’est pas seulement penser en fonction des autres. « Penser par soi-même » n’équivaudrait-il pas à exercer son esprit critique et son jugement personnel tout en ayant la détermination à posséder sa propre identité. Pour cela il faut pouvoir s’affranchir de ses préjugés, se connaître, posséder un langage suffisamment développé ainsi que de continuer d’apprendre de l’extérieure et de son vécu. En pensant par soi-même, on devient capable de douter, d’admettre son ignorance, de s’opposer à autrui de manière constructive ainsi que de se remettre en question « dubito, cogito ergo sum » Descartes. L’Homme ne vit pas seul, il vit en société. Dès l’enfance, il va subir différentes influences afin de construire son apprentissage de la pensée à savoir le milieu dans lequel il évolue, l’éducation qu’il va recevoir de ses parents, d’abord, puis de différents intervenants culturels, les valeurs morales qui lui sont inculquées, l’Histoire, l’exposition aux médias. L’influence de tous ces préceptes inculqués à notre pensée propre se fait à travers l’utilisation du langage, qui permet le partage de nos opinions ainsi que l’échange, et instaurent de nombreuses règles nécessaires à son développement. Celui-ci se fait également grâce à notre vécu, nos propres expériences. Ceci permet d’affirmer notre propre personnalité. « C’est dans la différence que je trouve mon identité » Matoub Lounès. On peut donc ainsi dire que la pensée dépend de tous ces facteurs et son évolution ne peut se faire qu’avec le temps et l’expérience.                                                                        Pourtant, il existe une forme de pensée réfléchie, intime et solitaire, celle des artistes, poètes, musiciens, peintres qui peuvent s’affranchir de tous principes, ceux qui, à travers leur imagination, sont capables de création. Une démarche solitaire, une mise à l’écart des autres.

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