Les Frères Pereire

Les Frères Pereire

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Nés à Bordeaux, Émile Pereire (1800-1875) et Isaac Pereire (1806-1880) sont frères et issus d’une famille d’origine portugaise. D’abord journalistes (employés aux écriture) et convertis aux idées de leur cousin Olinde Rodrigues, ils adoptent des idées Saint-Simoniennes. En 1822 et 1823, les deux frères vont s’installer à Paris et trouver du travail dans le domaine de la banque. Ils sont alors convaincus de l’importance du développement des transports et de la nécessité de l’expansion du crédit.

Enthousiasmés par la naissance du chemin de fer, ils contribuent par leurs actions à lancer le Paris-Saint-Germain (1833-1835). Ils assoient leur réputation de créateurs d’entreprises en intéressant les plus puissants banquiers de l’époque (tels les Rothschild et les d’Eichtal) à leur entreprise. Les deux frères travaillent ainsi sur les projets du Paris-Rennes, du Paris-Lyon et du Paris-Lille. Émile est associé à James de Rothschild dans la Compagnie du Nord, tandis qu’Isaac travaille sur le Paris-Lyon avec les Laffitte. L’inauguration de la ligne Paris-Saint Germain a lieu en 1837, en présence de la famille royale. Emile va alors être nommé directeur de « La Société Anonyme du Chemin de fer de Paris ». En 1838, la ligne Paris-Versailles est inaugurée.

En 1851, ils se rallient à Napoléon III car les idées de ce dernier sont proches de celle des anciens Saints-Simoniens. Le Crédit mobilier est créé (par le décret du 18 novembre 1852) dans l’idée que la banque doit jouer un rôle essentiel dans le développement économique. Cela leur permet la concession du chemin de fer du Midi (1853). Plutôt que de faire dans des opérations fructueuses d’émissions d’emprunts pour le compte des gouvernements (comme le font les « hautes banques » de l’époque), les Pereire révolutionnent le rôle de la banque pour en faire un organisme de collecte de l’épargne en vue du développement de l’industrie. Émile et Isaac Pereire créent ainsi leur propre banque, le Crédit mobilier, qui leur permet de financer, entre autres, une grande partie du réseau ferroviaire français et étranger avec une aide supplémentaire de l’Etat. Grâce au soutien de l’entourage de Napoléon III, ils obtiennent facilités et appuis pour se lancer. Le Crédit mobilier, en collectant l’épargne publique, finit par apporter plus de 4 milliards de Franc-Or à l’industrie française. Cela participe à la création de nombreuses sociétés dans tous les secteurs d’activités (comme dans la société autrichienne des chemins de fer de l’Etat en 1855 et dans l’Exposition Universelle française de 1856). Lors de la réorganisation haussmannienne de l’urbanisme parisien, les frères Pereire se lancent notamment dans les affaires immobilières. En 1855, ils acquièrent l’hôtel du Faubourg Saint-Honoré et inaugurent l’Hôtel du Louvre à Paris.

Les années suivantes, les deux frères vont continuer à inaugurer des hôtels. Il font d’Arcachon une ville balnéaire réputée et, en 1860, l’Hôtel Pereire y devient même une station de renommée car on y soigne la tuberculose.

Les Pereire créent aussi plusieurs entreprises dont la Compagnie Générale Maritimes en 1856, une Société de chemin de fer russe (avec l’aide du Tsar Alexandre III) en 1859, la Compagnie des Entrepôts et Magasins Généraux en 1862 et les chantiers navals de Penhoët à Saint-Nazaire en 1867. Ils vont aussi créer la ville d’hiver à Arcachon en 1864. De plus, ils collaborent avec Haussmann pour l’aménagement de la plaine Monceau en 1863

Enfin, les frères, accompagnés de leur mère, sont élus au Corps Législatif en 1865.

Cependant, à la suite de la crise de 1866, les dépôts se font rares et la crise de trésorerie ne pourra être surmontée. De plus, malgré son remarquable succès, le Crédit mobilier entre en liquidation en octobre 1867.

L’échec des Pereire, s’il est dû à des circonstances économiques et politiques, tient pourtant essentiellement à l’acharnement des banquiers concurrents à contrecarrer leurs expériences innovantes. Dès 1870, des difficultés financières apparaissent. En 1875, les Pereires doivent démissionner du crédit mobilier et de la Société immobilière. Élus députés en 1863, ils abandonnent aussi la vie politique après 1869. Ils ne contrôlent plus en France que la Compagnie du Midi et quelques affaires à Paris. Ils conservent cependant des positions fortes à l’étranger, comme en Espagne par exemple.

Les frères Pereire ont donc été entrepreneurs, banquiers, assureurs, et hommes politiques. Pour toutes ces raisons, l’action des frères Pereire a donc vraiment joué un rôle capital dans la révolution industrielle du XIXe siècle

Georges Eugène Haussmann

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