Le patrimoine du Mali en péril

Un patrimoine en péril

À l’image de l’Irak et de la Syrie ou encore de l'Afghanistan, le Mali longtemps préservé des guerres et des conflits majeurs est emporté par le tourbillon des violences depuis une dizaine d’années.

Avec la chute du régime libyen en 2011 et la traque des islamistes algériens, des groupes armés radicaux se replient vers les régions du Sud du Sahara au contact du Niger et du Mali. Le groupe AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) issu d’un groupe djihadiste algérien, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédiction et le combat), s’installe durablement dans les États sahéliens dont celui du Mali. Ils deviennent une nouvelle frontière pour le djihad. Suite à cela un coup d’Etat apparaît au Mali orchestré par les djihadistes et les différents groupes Touaregs. Le faible développement et le manque de moyens notamment militaires du pays leur permettent de s’installer au Nord du Mali et du Niger. Les villes de Gao et de Tombouctou tombent entre leurs mains dès 2012.

Leur interprétation sectaire et radicale de l’islam est en opposition avec les pratiques des populations musulmanes maliennes tolérantes, ouvertes et modérées. Le patrimoine de la ville de Tombouctou et les différents monuments islamiques de Tombouctou sont perçus par ces groupes comme étant non conformes aux textes islamiques puisque les marabouts enterrés dans d’imposants tombeaux font l’objet d’une vénération. La présence de mausolées abritant le tombeau de saints et de personnages illustres de l’histoire des lieux est une pratique idolâtre qui doit être réprimée. 14 sur les 16 tombeaux pluri-séculaires de Tombouctou la cité des 333 saints sont détruits par les djihadistes, et la population assiste impuissante et terrorisée à la destruction du patrimoine de la cité.

Le site des « Falaises de Bandiagara » (Pays dogon) inscrit sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1989 pour ses paysages exceptionnels a lui aussi été mis en péril par les différents groupes terroristes de la région ( région du Dongons). En effet le site est-marqué par des tensions et des conflits armés intercommunautaires entre les radicaux Dogons et les radicaux Peuls. Symbole du peuple Dogons le site a été incendié, les objets culturels ont été volés ou détruits, le bétail emporté. Les populations peuls et dogons se voient dans l’obligation d’abandonner leur villages et leurs biens pour trouver refuge dans d’autres villages relativement sécurisés

Des objets anciens et des manuscrits sont également détruits dans de véritables autodafés. Des vestiges historiques alimentent un trafic clandestin vers des acheteurs peu scrupuleux afin de fournir des devises aux groupes islamistes.

une devise est une unité monétaire acceptée par un pays étranger, tandis que la « monnaie » est celle de son pays.

Heureusement les populations locales sont parvenues à préserver de nombreux ouvrages en les dissimulant dans les sables du désert et en les exfiltrant vers le sud, à Bamako, capitale du pays.

D’ailleurs la population locale a aussi réussi à protéger certains lieux de culte. Aucun des groupes armés sévissant au Nord du Mali n'a pu détruire le spectaculaire Tombeau des Askias de la ville de Gao, inscrit sur la liste du patrimoine mondiale par l’Unesco en 2004, symbole de la puissance d'un Islam érudit. Cet édifice à la structure pyramidale unique dans tout le Sahel d'Afrique de l'Ouest, trône depuis plus de 500 ans sur la ville, et reste le vestige le mieux conservé du grand Empire Songhaï. Le site est depuis, toujours inscrit sur la liste des sites en péril par l’UNESCO avec pour raison “Dégradations liées à un conflit armé.”

Enfin comme dernier exemple la grande mosquée de la ville de Djenné. C’est le plus grand bâtiment en briques de boue au monde et était une attraction principale de l’activité touristique au Mali. Je dis étais pas parce que elle a été détruite par les djihadistes mais parce que l’activité touristique au Mali est à zéro depuis 2012. Sa conception date du treizième siècle mais la mosquée actuelle est beaucoup plus récente car datant de 1907.

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