La France, une puissance maritime ?

Chapitre 2 : La France, une puissance maritime ?

        La France figure au classement des premières puissances économiques mondiales, notamment grâce à sa présence dans tous les océans, ce qui lui confère une position stratégique. Depuis la période coloniale, elle a conquis des espaces, fondé des colonies qui, pour certaines, se sont transformées de partie du territoire national. Ces confettis de notre ancien empire colonial permettent à la France de posséder la 2e ZEE du monde. Pour la France et ceux qui travaillent ou habitent dans ces espaces marins, les mers et océans constituent une véritable ressource à exploiter, sécuriser et contrôler. Cet accès à la mer devrait permettre à la France, à ses littoraux et à ses ports de rivaliser dans un contexte de concurrence européenne et internationale.

Dans un monde relié par une globalisation maritimisée, en quoi la France peut-elle être qualifiée de puissance maritime ?

I/ Les espaces maritimes : Des atouts pour la puissance et le rayonnement de la France

A/ L’espace maritime français : un potentiel de ressources

Conformément à la convention de Montego Bay, la France possède la deuxième ZEE du monde après les Etats-Unis et devant l’Australie avec plus de 11 millions de km2 de ZEE Elle le doit essentiellement aux multiples territoires d’outre - mer dont elle dispose dans le Pacifique, la mer des Caraïbes et l’océan Indien.  Ces territoires correspondent à différents statuts juridiques regroupés en 2003 sous l’appellation des « DROM et COM » département d’outre -mer et collectivités d’outre- mer ce sont pour les DROM : Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Mayotte et les Com Wallis et Futuna, , St Martin, St Pierre et Miquelon,  qui disposent plus d’autonomie notamment dans le domaine de la fiscalité.

        Le domaine maritime français s’étend sur 10.2 millions de km2, soit 20 le territoire terrestre. Grâce à ses territoires ultramarins la France est présente dans les forums régionaux de la planète comme la commission de l’océan Indien. Les Antilles et la Guadeloupe permettent une présence française dans les eaux américaines. La Polynésie française dans la Pacifique et les îles Kerguelen dans l’espace subantarctiques. Cette dispersion à l’échelle mondiale s’accompagne de la fragmentation du territoire en archipels, notamment avec les 118 îles polynésiennes. Néanmoins de large part de cette ZEE sont encore inexploitées ou mal connues, ce qui résulte d’une cartographie encore incomplète des fonds marins parfois mal délimités. Ainsi les îles éparses dans la canal du Mozambique font l’objet d’une rivalité avec les Comores et Madagascar.

B/ L’économie maritime

Alors que les réserves d’hydrocarbures sont limitées en métropole, le domaine maritime offre des ressources fossiles importantes dont l’exploitation est rendue de plus en plus rentable par le hause de la consommation. Des prospections pétrolières ont par ex lieu autour de la grande Terre en Nouvelle Calédonie. La demande accrue de métaux pour les technologies de pointe comme le cobalt ou le platine a également relancé les recherches dans le domaine maritime. Wallis et Futuna offre de riches ressources encore inexploitées en raison des moyens sous - marins nécessaires dans une grande imbrication des enjeux civils et militaires.  L’espace maritime est également propice au développement des énergies renouvelables de différents types. Si les éoliennes off -shore sont encore assez peu nombreuses, la France fut pionnière dans l’usage de la force marémotrice avec l’installation d’une usine utilisant les marées pour produire de l’électricité des 1966 en Bretagne.

        Les ressources halieutiques sont également des ressources de premier plan pour l’économie française. Si le secteur de la pêche compte 16 000 marins, le nombre d’emplois induits est bien plus important pour une valeur totale de 1,8 milliard d’euros. Cette activité n’est pas bien répartie en France. La présence d’un plateau continental permet par ex, l’abondance de ressources halieutiques dans le cadre de la ZEE de l ST Pierre et Miquelon, tandis que son absence à la Réunion limite la présence de poissons les plus recherchés. Ces ressources sont soumises à de fortes pressions dont les conséquences sont déjà sensibles dans l’océan Indien qui concerne l’exploitation du thon.

C Une présence militaire française sur tous les océans pour garantir les intérêts de la France

Navires et sous-marins militaires contribuent à la puissance militaire globale et constituent une force de dissuasion. Comme les États-Unis, la France a fait le choix de l’outil aéronaval et dispose d’un porte-avions à propulsion nucléaire : le Charles de Gaulle.
Cependant, ce sont surtout les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) qui assurent la permanence en mer de la dissuasion nucléaire au quotidien (au moins l’un d’entre eux est toujours en patrouille). Des bases militaires établies dans le monde entier permettent aux navires d’avoir des appuis pour leurs missions.

Cette puissance navale a pour 1ère mission de sécuriser les approvisionnements et le commerce. Près de 75% du commerce extérieur du pays se fait par voie maritime. La France est particulièrement dépendante des arrivées en hydrocarbures (pétrole algérien, gaz norvégien…).

  Les forces de souveraineté française parcourent les espaces maritimes au moyen de bateaux patrouilleurs, notamment pour lutter contre les trafics et la piraterie. Ces opérations se font dans un cadre national et international. La Marine française participe à des opérations dans le cadre de l’OTAN ou de l’ONU de surveillance des grands détroits et des routes de commerce (golfe d’Aden, détroit de Bab-El-Mandeb) La France surveille et protège sa ZEE contre la pêche illégale ou l’incursion de bateaux étrangers (Golfe de Gascogne, Réunion).

Toutefois, depuis 20 ans, la Marine nationale a vu décroître de 20 % le nombre de bâtiments déployés (tous types confondus) en raison de la fin de la guerre froide et des mesures dʼéconomie.

II Une puissance maritime face aux défis de la compétitivité et de la durabilité.

A Les défis de la compétitivité.

Les ports français peinent à rester compétitifs dans la mondialisation, notamment face à leurs voisins européens. Les ports de Marseille et du Havre arrivent respectivement en 53e et 68e positions dans le classement mondial alors que le port de Rotterdam est 9e. Les plus grands ports, comme Marseille-Fos, Le Havre ou Dunkerque disposent d’un outil portuaire moderne, adapté aux évolutions du transport maritime, notamment la conteneurisation.

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