Zone, Guillaume Apollinaire
Fiche : Zone, Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar thseth • 16 Décembre 2020 • Fiche • 1 654 Mots (7 Pages) • 1 393 Vues
Thème 2 : Lecture linéaire numéro 1
Zone
« Zone » est un poème écrit par Guillaume Apollinaire en 1913. Ce poème liminaire ouvre le recueil Alcool. Ce texte est, pourtant, le dernier poème rédigé par Apollinaire avant la publication du recueil en 1913. On y suit le poète déambulant dans Paris, puis dans ses souvenirs, « Zone » introduit le lecteur dans l'univers d'Alcools et donne ainsi un certain nombre de clés de lecture. Il répond à Vendémiaire qui clôt le recueil.
Le titre « Zone » vient du mot grec zoné qui désigne la boucle, la ceinture et qui connote les territoires périphériques, les marges de Paris. On peut donc s’imaginer que l’auteur se balade dans Paris mais près des marges, à côté des portes de la ville.
En ouvrant Alcools avec ce texte, l’auteur affirme la modernité de son écriture et de ses inspirations. Il évoque, dans un poème dépourvu de versification, un espace urbain où se mêle passé et présent.
Ainsi, nous nous demanderons en quoi ce poème célèbre-t-il la modernité.
Pour cela, nous relèverons deux mouvements dans ce texte : tout d’abord la confrontation du passé et du présent des vers 1 à 14 et l’évocation d’un monde moderne des vers 15 à 24.
I/ La confrontation du passé et du présent (v 1 à 10)
a/ La lassitude vis-à-vis du passé (v 1 à 3)
v 1 : Nous pouvons constater que les trois premières strophes, qui ouvrent « Zone », sont des monostiches (strophes d’un vers) et rendent palpables la lassitude d’Apollinaire quant au passé. Le premier vers est déroutant : « A la fin tu es las de ce monde ancien » dans la mesure où il s’agit d’un vers classique, d’un alexandrin plus précisément, répondant à une certaine tradition poétique. Cependant, il s’agit déjà, pour le poète, d’annoncer un renouveau poétique :
- « A la fin » : adv qui députe le poème et le recueil = bilan du passé
- diérèse sur le mot « ancien » concourt à donner l’impression que l’adjectif se brise : « anc-i-en » et donc que le passé s’efface.
- La présence de l’attribut du sujet : « las » qui met en évidence le désir de rupture d’Apollinaire.
Le poète nous surprend en utilisant le pronom personnel « tu » pour se désigner.
on retrouve la thématique du poète maudit, Apollinaire en fait partie : son talent n’est pas reconnu, il ne se sent pas à sa place dans son époque.
v 2 : pas de régularité dans la métrie, pas de ponctuation (Marinetti enseigne la non ponctuation = futurisme; Apo est le premier auteur français à le mettre en place)
Comparaison entre agriculture et modernité : bergère/ tour Eiffel
« Ô » apostrophe laudative qui rappelle un certain lyrisme, héritage romantique, mis cependant devant « Tour Eiffel » symbole fort de la modernité, dont la construction avait fait scandale, suscitant des réactions hostiles mais aussi enthousiastes comme chez le peintre Delaunay, un proche d’Apollinaire ; Cette référence précipite le poème dans l’espace urbain comme la métaphore des moutons qui sont en fait des ponts
« ce matin » démonstratif, ancrage dans un moment précis, utilisation du présent = quotidien
matin connote la renaissance, le renouveau
v 3 : utilisation de la deuxième personne du sg, le poète se parle à lui-même avec une certaine prise de distance il englobe le lecteur
lien sémantique « las », « assez », lassitude profonde le poète en a « assez de vivre » = fort
Complément « dans l’antiquité grecque et romaine » : double sens 1) sens géographique rejette l’ancienneté/ le passéisme de Paris et prône sa modernité 2) sens méta-poétique : renvoie à l’écriture, le poète en a assez des règles classiques de la poésie (il s’affranchit des règles classiques mais ne les rejette pas pour autant !)
v 4 : meme le moderne lui semble vétuste, « ici » = déictique insistance sur le manque de repères et de nouveauté
adv même qui accentue le devoir de changement
b/ la religion hors du temps
v 5 : pour le poète la religion est synonyme de nouveauté comme on le voit avec l’adj « seule » intensif qui oppose la religion au monde ancien; « est restée » passé composé contradictoire qui l’attire vers le passé mais elle est qualifiée ensuite de « neuve » et est mis à pied d’égalité avec la nouveauté
v 6 : enjambement qui met en évidence le substantif : « religion » qui se trouve au début et à la fin du vers 5, la religion qualifiée de « simple » nouvelle interprétation de la simplicité (prémices du surréalisme) comparaison aux « hangars de Port-Aviation » symbole de modernité
v 7-8 : Ne faut-il pas croire à une totale plaisanterie, à un parti pris d’ébahir gentiment le lecteur, quand on sait que Pie X, pape de 1903 à 1914, fut l’auteur de l’encyclique “Pascendi” contre le modernisme, qu’il interdit, entre autres pratiques, de danser le tango, Apollinaire n’a-t-il pas été influencé par “Le monoplan du pape” du « futuriste » Marinetti une fois de plus
Cependant on peut faire un lien avec les hangars de port-aviation car le pape bénit un aviateur ; provocateur mais renvoie tout de même à un élément d’actualité
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