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Explication linéaire "Zone" Guillaume apollinaire

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Par   •  25 Juin 2022  •  Cours  •  1 817 Mots (8 Pages)  •  1 400 Vues

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EXPLICATION LINEAIRE DU TEXTE N°3

Apollinaire, Alcools, « Zone » (1913)

Mouvement 1 : vers 1 à vers 10

-  Opposition passé/présent : revendication de la modernité

Le premier vers est paradoxal, en fonction de la lecture, on peut dire que c’est un alexandrin (12 syllabes) ou un hendécasyllabe (11 syllabes). Le lecteur peut mettre l’accent sur le dernier mot « ancien » v.1 en faisant une diérèse ou bien le lire comme une synérèse. Par-là, Apollinaire marque une distinction entre poésie traditionnelle et poésie moderne. On voit aussi qu’Apollinaire commence le poème avec une touche d’humour puisque les premiers mots sont « à la fin ». On se rend compte que c’est une réflexion menée par l’auteur depuis longtemps car « Zone » est en première place dans le recueil mais a été écrit en dernier. Au vers 2, Apollinaire poursuit ce paradoxe entre tradition et modernité : le premier mot est bergère ce qui fait référence aux romans pastoraux du XVIIème siècle (l’auteur le plus célèbre est Urfé avec son œuvre l’Astré, ce sont des romans où des jeunes gens se retrouvent sous des arbres dans les prés pour se faire la cour : ces gens sont souvent bergers)  qui sont anciens et juste après cela, il parle de la Tour Eiffel, un monuments moderne (construit à l’occasion de l’exposition universelle de 1889). Ici la tour Eiffel représente la bergère puisqu’elle surplombe Paris. On peut penser qu’elle est la gardienne des ponts de Paris (qui seraient les moutons). On voit donc une alternance systématique entre ancien et nouveau : bergère/Tour Eiffel, troupeau/ponts. Apollinaire est fasciné par Paris car elle mêle différentes époques. On voit également une métaphore : les « ponts » vers 2 qui sont comparés à des moutons, ici les bêlements des moutons représentent en réalité des voitures (qui klaxonnent). Grâce à ces deux images on s’imagine une ville vivante et animée.  Le progrès est rendu vivant grâce à l’écriture poétique. Dans le vers 3, il reprend l’idée du vers 1 : « à la fin tu es las de ce monde ancien » vers 1 en disant « tu en as assez » vers 3, c’est un rejet de tout ce qui est dépassé. Au vers 5, il parle de la religion chrétienne, il dit qu’elle est « neuve ». Il parle de la nouveauté de la religion dans le sens chronologique du terme car elle est plus récente que l’antiquité grecque et romaine du vers 3. Les vers 5 et 10 montrent qu’Apollinaire a une relation complexe à la religion. Il poursuit son idée sur la modernité au vers 6 où il fait un parallélisme entre religion et aviation ce qui signifie pour l’auteur que la religion chrétienne est moderne. Cette comparaison est surprenante, on peut la comprendre en pensant à l’élévation spirituelle pour la religion et physique pour l’aviation (on se rapproche du ciel/Dieu). Dans le vers 8, Apollinaire continue de nous parler de la religion. Le Pape Pie X à béni l’un des premiers aviateurs, il dit qu’il est moderne. On remarque aussi qu’Apollinaire présente un profond respect pour ce Pape car le vouvoiement a pris la place du tutoiement. Il en fait d’ailleurs l’éloge avec l’utilisation du superlatif « le plus moderne ». La naissance du christianisme est signe de modernité car elle est le symbole de la sortie définitive de l’Antiquité. Dans les vers 9 et 10, Apollinaire nous parle de sa relation complexe vis-à-vis de la religion ; il ressent de la honte. On le voit à travers l’enjambement de ces deux vers. Dans ce premier mouvement de l’extrait, la forme poétique nous annonce la modernité ; le premier vers n’est pas forcément un alexandrin, le deuxième vers fait 16 syllabes et le poème ne respecte pas de forme fixe. Néanmoins, au moment de la pause que l’on fait au moment de la lecture, on peut faire un alexandrin (pause après « bêle »). Il y a donc un lien entre la modernité et la tradition poétique. Au début, Apollinaire parle au lecteur en le tutoyant, il se parle aussi à lui-même : autobiographie, cela semble encore plus évident au vers 15 lorsque l’auteur utilise la première personne du singulier « je ».

Mouvement 2 : vers 11 à vers 14

- La poésie dans la ville

Les vers 11 à 14 forment un véritable ensemble puisqu’ils sont construits autour d’éléments présentant des caractéristiques communes : « prospectus », « catalogues », « affiches » v.11, «journaux » v.12, «aventures policières » v.13 , c’est une énumération et d’une certaine manière le champ lexical de la presse. Cette énumération est amenée avec insistance au vers 11, il nous parle de prose qui est définie par son côté narratif (ex : « aventure policière » v.13 et «portraits des grands hommes » v.14). Apollinaire ne se contente pas de faire une énumération, il veut préciser tout ce que la ville offre à lire à ceux à ceux qui la traversent et qui savent observer. Il précise qu’il n’y a pas que les slogans et les affiches publicitaires mais aussi les faits divers, les journaux et l’actualité (en prose). En ce qui concerne la poésie, on retrouve dans la ville toutes les formes très brèves d’écriture qui « chantent tout haut » v.11 (personnification) comme, par exemple, sur les affiches où l’on retrouve plusieurs éléments poétiques tels que les rimes, les jeux de mots et les métaphores. La poésie, ici, est musique : « chantent tout haut » v.11. On retrouve dans ce mouvement de nombreuses hyperboles comme dans : « chante tout haut », « pleine d’aventures », «grands hommes » et « milles titres ». En plus de ça, il y a une emphase (tournure empathique : utilisé pour souligner, mettre en lumière quelqu’un) : « voilà la poésie ce matin » v.12. L’emphase, l’énumération et les hyperboles soulignent l’importance de tout ce que l’on peut lire en se déplaçant dans Paris. Apollinaire veut faire une véritable annonce de la naissance de la poésie du monde moderne, nous le retrouvons par l’utilisation du déterminant définis « la poésie » au vers 12. Ce n’est pas n’importe quelle poésie mais une poésie bien précise : la poésie moderne. Tous les passants la voient puisqu’elle est affichée sur tous les murs, elle est diverse et multiple et chante à toutes les oreilles. Ce mouvement fait véritablement l’éloge de la poésie mais le vocabulaire utilisé est un vocabulaire courant ce qui est paradoxal : « catalogue » v.11 par exemple. La syntaxe utilisée est proche de l’oral : « il y a des livraisons » v.13., on retrouve également une anaphore (répétition d’une phrase) « il y a » v.12, « il y a » v.13. Un autre élément paradoxal qui est plus proche de la prose que de la poésie, ce sont les chiffres utilisés v.13 et v.25, l’utilisation d’argent montre qu’Apollinaire revendique le fait que tout peut être poésie : le monde urbain, la presse, l’argent…

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