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Ode de Valéry Larbaud

Commentaire de texte : Ode de Valéry Larbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 164 Mots (9 Pages)  •  6 160 Vues

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DASSIS MONTAGNE Lubin 1A

COMMENTAIRE DE TEXTE 02/11/2020

« Ode », Valéry Larbaud

Comment l’auteur rend il hommage aux trains ?

  1. L’hommage à une divinité :

Tout d’abord par le titre : « Ode », qui non seulement ramène au genre du texte à la fonction honorifique et célébratoire. Une Ode est un hommage, ici le texte célèbre et rend donc hommage aux trains.

V Larbaud utilise une anaphore avec le mot « Ô », signe d’exaltation et l’exclamatif, comme s’il s’extasiait devant l’objet et l’admirait plus que tout : « Ô train de luxe ! », « Ô Harmonica-Zug ! »

La répétition du premier mot du poème (le verbe « prêter », repris quatre fois) accentue la référence à la prière : « Prêtez-moi ! », ainsi que l’allitération en G (« grand bruit », « grande allure », « glissement », « angoissante »), qui fait penser au fait qu’il glorifie le train.

Le vouvoiement utilisé en deuxième partie marque aussi une forme de respect, un témoignage d’humilité qu’on retrouve chez les personnes croyantes. D’ailleurs, le rythme du poème (lent) et l’alternance des exclamations avec des phrases plus longues n’est pas sans rappeler le fait de réciter une prière ou de s’adresser à une divinité. L’auteur termine son poème par le verbe « espérer » et un vocabulaire pieux fortement symbolique : «Miraculeux bruits sourds », « vibrantes voix », « Espérer éternellement ».

Ce dialogue entamé avec un train laisse cependant à penser que V. Larbaud ne s’adresse pas à une machine, mais à une personne.

  1. La personnification :

V. Larbaud s’adresse aux trains comme il s’adresserait à un amant, personnifiant la machine et lui donnant vie, en parlant de sa douceur, de son allure (« Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce », ) et en jouant sur les sens (l’ouïe : «ton grand bruit », « l’angoissant musique qui bruit » ; la vue : « ta grande allure », « tes couloirs dorés », « quatre wagons jaunes à lettre d’or » ; le toucher : « cuivre lourd »).

Il va jusqu’à lui donner vie en faisant respirer l’objet : « respiration légère et facile » et chanter, en insistant grâce à une allitération en V : « Vos Vibrantes Voix ». Il insiste aussi sur le mouvement du train en tant qu’être vivant par un oxymore (« bruits sourds ») e en entamant un dialogue avec le train dans lequel il voyage, mentionnant à de nombreuses reprises les mots qui laisse penser à une relation presque intime et respectueuse, puisque l’auteur utilise le tutoiement puis le vouvoiement. En s’adressant directement au train avec insistance (répétitions : « Prête-moi », « Prêtez-moi ») et en utilisant des adjectifs possessifs (« ton glissement nocturne », « Tes couloirs », « vos miraculeux bruits sourds»), il rend ainsi familier au lecteur le personnage fictif du train.

Enfin, il décrit le train physiquement pour achever son tableau élogieux : « locomotives hautes et minces », « wagons jaunes ».

L’auteur mentionne également une relation des plus agréable, voire sensuelle grâce à un vocabulaire précis (« J’ai senti pour la première fois toute la douceur de vivre », « pluie tiède », « respiration légère », « vibrantes voix », ou au début du poème : « allure si douce », « glissement nocturne »).

En utilisant l’exclamation « Ah ! » dans sa dernière strophe, il insiste sur le côté langoureux du fait de se retrouver dans le wagon.

Ce vocabulaire met en opposition l’image que l’on peut avoir de la machine en métal froid avec cette description, et change notre vision du chemin de fer.

  1. Le rapport au luxe et au voyage :

V. Larbaud cherche à nous convaincre et à nous faire changer de point de vue concernant les trains et rajoute comme argument le côté luxueux qu’il y trouve, grâce à un vocabulaire aussi riche que les matériaux utilisés pour construire le train : « cuir doré », « portes laquées », « cuivre lourd », « wagons jaunes à lettres d’or », « luxe », « millionnaires ».

D’ailleurs il utilise l’antithèse à plusieurs reprises entre son ressenti lorsqu’il voyage en train et le luxe et la réalité (l’extérieur froid de la nuit) de ce qu’il observe de l’autre côté de la vitre, afin d’insister sur le côté luxueux de la machine : « bergers (…) vêtus de peaux de mouton crues et sales » // « cantatrice aux yeux violets (qui) chantait) » ; « les millionnaires », « les locomotives » // « la solitude montagnarde », « peaux de mouton crues et sales » // « cuir doré ».

La figure de style du clair-obscur n’est pas non plus à négliger et lui permet d’amplifier son admiration pour le train : « ton glissement nocturne au travers l’Europe illuminée » et vante sa vitesse et son confort, là aussi marquée par une allitération en G : « glissaient », « groupes, « grands », et également d’accélérer le rythme de lecture du poème, comme le train qui prend de la vitesse une fois lancé.

Le confort lui est mis en avant par des répétitions : « grande allure », « grand bruit », « grandes places » pour marquer l’impression d’espace et de grandeur (du train et de ce qu’il représente pour l’homme comme pour l’auteur), ainsi que par une métaphore : « douceur de vivre » (le train circule vite mais l’auteur prend le temps de savourer l’instant) et une longue allitération en L : « Allure », « l’Europe « illuminée », « luxe », « l’angoissante musique », « le long de tes couloirs », « les portes laquées aux loquets de cuivre lourd », « millionnaires » pour amplifier la symbolique du long train et de ses locomotives, mais aussi les immenses distances parcourues.

En effet V Larbaud insiste beaucoup, pour terminer de convaincre son lecteur, sur la possibilité presque infinie de voyager en Europe (du fait de l’allitération en L cité ci-dessus) et sur la beauté des paysages qui s’offrent à lui en n’hésitant pas utiliser l’hyperbole « Europe illuminée ».

Le voyage en train revêt une telle importance pour l’auteur qu’il n’hésite pas user de la répétition du mot lourd de sens « vie » en insistant sur sa propre expérience (« ma vie indicible », « ma vie d’enfant) ni de l’allitération en V : « vie », « vie », veut », « savoir », « vagues », comme si ne plus voyager pour lui serait synonyme de mort. V, première lettre du mot « voyager » d’ailleurs… ceci n’est peut-être pas un hasard.

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