Lettres persanes Montesquieu
Commentaire de texte : Lettres persanes Montesquieu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar champcrose • 23 Avril 2022 • Commentaire de texte • 1 409 Mots (6 Pages) • 404 Vues
Lettres persanes / Lettre 161 / explication linéaire
Présentation de la lettre :
Roxane, favorite du sultan Usbek, est surprise dans les bras d'un jeune homme ; elle décide de se donner la mort en s'empoisonnant. Cette ultime lettre est pour Roxane l’occasion de dénoncer la servitude dans laquelle Usbek voulait l’enfermer. C’est par cette lettre que se clôt le roman épistolaire.
Fil directeur : Comment cette lettre exprime-t-elle avec force la révolte d’une femme qui refuse la servitude ?
Mouvements du texte :
1er mvt : Dans deux premiers paragraphes, Roxane ne se contente pas d'avouer, mais revendique avec défi ses actes que sont l'adultère et le meurtre.
2ème mvt : du troisième au sixième paragraphe (l.7 à 18), Roxane exprime sa rébellion (= révolte)
3ème mvt : dernier paragraphe : on assiste à la mort de cette héroïne tragique.
1er mvt : Roxane assume ses actes et les revendique :
Lettre débute par « oui », adverbe d’affirmation.
Présence d'un alexandrin « Oui je t'ai trompé : j'ai séduit tes eunuques » => tonalité tragique (référence aux grandes héroïnes des tragédies de Racine)
Début de la lettre : pronom personnel « je » domine : je t’ai trompé » « j’ai séduit »… (l.1)
Première phrase : formée de 4 propositions indépendantes => les 3 premières propositions sont juxtaposées et expriment l’aveu de son adultère. La dernière proposition est coordonnée et est l’affirmation de son refus de se soumettre au despotisme d’Usbek « ta jalousie » (l.1) => antithèse : opposition entre « affreux sérail » : image de la servitude et « lieu de délices et de plaisirs » : émancipation de Roxane en l’absence de son Usbek
=> Dès le début de la lettre, Roxane affirme sa volonté de pouvoir choisir sa vie.
2e § : Au passé composé qui domine le 1er § succède tout d’abord un présent à valeur de futur proche : « je vais mourir », « le poison va couler » (l.3) => lucidité de Roxane : elle annonce elle-même l’imminence (= menace sur le point de se concrétiser) de sa propre mort.
question rhétorique et présence de connecteurs logiques « car », « puisque » => clairvoyance de Roxane, décision mûrie et assumée : elle n’a plus aucune raison de vivre depuis la mort du jeune homme qu’elle aimait tant (racontée par Solim dans la lettre 159) Roxane utilise l’euphémisme pour exprimer son extrême douleur : « le seul homme qui me retenait à la vie n’est plus » (l.4)
La phrase suivante débute par un présent d'énonciation « Je meurs » (l.4) qui marque la progression du poison => registre pathétique
Cependant la pitié que pourrait ressentir le lecteur pour l'héroïne est d’emblée atténuée : la conjonction de coordination « mais » permet d’informer avec ironie Usbek qu’elle vient de tuer ses gardiens : «mon ombre s'envole bien accompagnée » => l’implicite de cette expression est aussitôt dévoilé : passé proche « je viens d’envoyer devant moi ces gardiens sacrilèges » => dénonciation des abus des eunuques.
L’hyperbole « le plus beau sang du monde » désigne au contraire l’être aimé qu’ils ont assassiné.
=> Roxane affirme sa détermination à dénoncer et se venger : elle cherche à provoquer et défier Usbek.
2ème mvt : Roxane exprime sa rébellion (= révolte)
l.7 à 9 : Double question rhétorique qui ouvre ce deuxième mouvement exprime la colère de Roxane qui va décrédibiliser l’autorité de Usbek.
Négation restrictive : « que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices » => reproche à Usbek à la fois son manque de discernement : il s’est cru obéi…
Elle revendique sa liberté et son droit au bonheur : elle s’oppose au tyran caractérisé par le mot « caprices » et la proposition « pendant que tu te permets tout », elle entend affirmer ses propres « désirs » (l.9) .
Le champ lexical de la liberté associé à celui de la soumission, souligne le principal enjeu de cette lettre : « affliger », « servitude », « libre », indépendance » «libre».
Au « Oui » déterminé inaugurant la lettre, fait écho un « Non » catégorique explicité comme le montre l’utilisation des deux points « : » par l'antithèse qui suit : « J'ai pu vivre dans la servitude, mais j'ai toujours été libre ». L’adverbe « toujours » achève de faire de Roxane une véritable héroïne aux yeux du lecteur.
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