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Les fausses confidences, Marivaux

Dissertation : Les fausses confidences, Marivaux. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Novembre 2022  •  Dissertation  •  2 127 Mots (9 Pages)  •  403 Vues

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Dissertation pour le jeudi 18 mai 

        Les Fausses Confidences, comédie du XVIII ème siècle, est la pièce de Marivaux la plus axée sur l’analyse d’un mécanisme sociale. Elle se distingue de ses autres comédies par la nouveauté du rapport qui s’y noue entre maîtres et valets. Ceux-ci ne vivent plus une histoire d’amour parallèle à celle de leur maître, mais entremêlent l’histoire de leur maître avec la leur. En effet, ici, les frontières entre maîtres et valets s’estompent et se brouillent. On ne sait plus qui est qui. Le serviteur gagne en autonomie, sert avec dévouement son maître, mais il est,malheuresement trahi par lui au dénouement. Cette pièce fut tout d’abord un échec lors de ses premières représentations, qui commencèrent le 16 mars 1737. Mais elle obtient ensuite un véritable succès à partir de  1740.

        Acte II, scène 4, le Comte Dorimont, prétendant d’Araminte, déclare en parlant de Dorante, un avocat ruiné mais également l’intendant d’Araminte : « Il a bonne mine […] et n’a pas l’air de ce qu’il est. »

        On peut se demander dans quelle mesure le théâtre du XVIII ème siècle met en question cette distinction sur la « mine » qui semble séparer si sûrement les maîtres et les valets. A partir de la comédie étudiée en cours, Les Fausses Confidences de Marivaux, nous essaierons de répondre à cette question. Nous verrons dans un premier temps, les nouvelles relations qui s’installent entre maîtres et valets, puis nous remarquerons, que, néanmoins, Marivaux ne cherche pas à tout révolutionner dans ce domaine, et pour finir, nous étudierons les nouvelles valeurs ainsi que la nouvelle classe sociale qui apparaît dans cette comédie ainsi que dans la société de l’époque.

        

Pour pouvoir parler de la nouveauté qu‘apporte Marivaux, il faut tout d‘abord savoir ce qu’il existait auparavant. Précédemment, les barrières entre maîtres et valets étaient très bien définies. Il existait trois sortes de domestiques. Tout d’abord, il y avait ceux qui étaient du côté d’Arlequin, c’est à dire du côté des appétits, ne pensant qu’à manger et à boire, les rustres. Il existait aussi ceux qui étaient rusés comme Scapin, Frontin ou Trivelin. Et pour finir, il y avait la servante (ou suivante), qui étaient traditionnellement fine et rusée. Mais on peut dire que tous étaient entièrement dévoués à leur maître. Les domestiques appartenaient à ceux-ci. Cet ancien statut se retrouve, notamment avec le discours de Mme Argante tout au long de la pièce, et notamment lorsqu’elle dit « vos gens ».

        Dans Les Fausses Confidences, les relations maîtres et valets sont floues et ambiguës. Elles sont sans cesse remises en question.  

        Commençons par Dorante. Il a une situation intermédiaire : c’est un ancien maître qui devient en quelque sorte domestique puisqu’il est l’intendant d’Araminte, mais qui a encore de « l’influence » sur son ancien valet : Dubois. De plus, Dorante possède lui-même un domestique en la personne d’Arlequin. (« Arlequin, vous êtes à présent à Monsieur » Araminte à Arlequin parlant de Dorante, I, 8).

        Dubois a, lui aussi, une situation très floue. En effet, il est au service de deux maîtres, Araminte et Dorante (l’ancien et la nouvelle). Mais Dubois est avant tout son propre maître, il se maîtrise et a un certain « sang-froid » (III, 1). C’est lui qui dirige l’intrigue d’un bout à l’autre. Dubois est un comédien, il joue beaucoup sur les apparences et la mine. En effet, il peut simuler à la fois la colère devant les maîtres (II, 10) que l’humilité avec Araminte ( « J’ai bien senti que j’avais tort », « Oh ! Je suis bien corrigé. » II, 12). Les didascalies soulignent souvent que Dubois feint ses sentiments ou ses actions. (« comme étonné », III, 9, « comme en fuyant, I, 16). Avec Dubois Il a un discours ferme et catégorique, c’est lui qui donne les ordres à son ancien maître, Dorante et il traite sans ménagement sa maîtresse, Araminte (« Oh ! Vous m’impatientez avec vos terreurs, I, 2 dit-il à Dorante, « il faut l’achever » s’exclame-t-il en parlant d’Araminte). Dubois, en restant dévoué à Dorante, trompe la confiance de sa maîtresse, Araminte. Marivaux inverse les rôles entre maîtres et valets. Dans Les Fausses Confidences, ce sont les valets qui dominent en quelque sorte les maîtres.

           

        

        Cependant, Marivaux ne remet pas complètement tout en cause en ce qui concerne les relations maîtres et valets. En effet, Marivaux écrivait ses pièces et inventait ses rôles avec l’idée d’un acteur et d’un physique très spécifique dans la tête. Il travaillait toujours avec la même troupe de théâtre, les Comédiens-Italiens. Par exemple, c’était toujours Thomassin qui jouait le rôle d’Arlequin. Et c’est parce que Thomassin était malade à l’époque où Marivaux  a écrit Les Fausses Confidences, que Arlequin a un rôle si peu important dans cette pièce. Les comédiens jouent toujours les mêmes styles de rôles, soit ils sont des valets, soit ils sont des maîtres. Leur rôle dépend de leur tête, de leur mine et de leur apparence. Les spectateurs ne pouvaient pas être tromper sur qui était un maître et qui était un valet, les acteurs jouants toujours le même rôle. Ils se  fiaient donc  à l’apparence.

        De plus, Dorante, malgré sa situation particulière et ambiguë, est bien jugé sur sa mine et cela tout le long de la pièce. « (Sa) bonne mine est un Pérou », I, 2. Selon Dubois, la beauté est monnayable et Dorante est extrèmement riche de par à celle-ci. Il a une apparence flatteuse et « est bon à montrer » (I, 4 ). Araminte et Marton tombent amoureuses de Dorante avant même de le connaître, c’est à dire sur sa bonne mine.  Pour la fille de Mme Argante, peu lui importe la position sociale de celui qu’elle aime, pourvu que la personne est une bonne tête. « (Elle) aime assez les gens de bonne mine. » (III, 6). Pour eux, c’est très étonnant que Dorante, avec la « mine » qu’il a, soit seulement un domestique. Tout porte donc à croire que Dorante est un bourgeois et un maître. Cependant, Dorante est l’intendant et donc le valet d’Araminte. Malgré cette position de valet, il possède lui-même un domestique, en la personne d’Arlequin. Cependant ses manières avec la mère de sa maîtresse, Mme Argante, frise parfois l’insolence. Lors de l’acte I, scène 10, Dorante et cette dernière s’affrontent car elle tente de faire de lui son allié pour convaincre Araminte d’épouser le comte Dorimont, en lui mentant. De plus, Dorante répond en toute franchise et avec fierté à Mme Argante qu’il n’a « encore été chez personne ». Cette réponse suppose que Dorante n’a jamais été que maître et non serviteur. C’est le contraire de ce qu’elle pensait. L’attitude de Dorante avec celle-ci est hautaine et dominante : il est conscient de sa valeur, fier et prend une grande liberté de paroles. Cela montre bien que Dorante, malgré son emploi de domestique, appartient bien à la catégorie des maîtres. Et en fait, à la fin de la pièce, Dorante devient effectivement un des leurs et avec cela un bourgeois en épousant Araminte. Donc, même s’il est passé par la fonction valet, il retrouve donc sa position logique de maître qui va avec sa bonne mine. Tout est donc rentrer dans l’ordre.

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