Les fausses confidences, Marivaux

Dissertation: Théâtre et stratagème

Le théâtre, provenant de la Grèce Antique, traverse le temps depuis des siècles et bouleverse chaque époque, accompagné de ses trois genres théâtraux: la comédie, la tragédie et la tragi-comédie. Tous ont une intrigue qui peut être romantique, épique, etc.. C’est d’ailleurs le stratagème qui est le plus souvent représenté dans les pièces pour faire avancer l’intrigue. Le stratagème signifie « la ruse de guerre » en grec. Le stratège est celui qui conduit une armée, qui dirige des opérations militaires de façon efficace. On appelle par conséquent «stratège» toute personne étant capable de manipuler des personnes et d’appliquer un plan pour arriver à ses fins.

Nous allons voir par la suite comment le stratagème, fondé a priori sur la ruse et la manipulation, peut pourtant s’avérer avantageux.

Après avoir constaté qu’un stratagème implique nécessairement une forme de mensonge et de manipulation, nous verrons néanmoins qu’il permet de dévoiler certaines vérités pour enfin nous demander si le stratagème n’est pas également au cœur du théâtre.

Nous étudierons dans cette première partie la représentation du mensonge au théâtre.

Lors d’un stratagème, le dramaturge utilise de nombreux procédés afin de détourner les victimes de la vérité. Notamment grâce à des quiproquos, des demi-vérités, des hyperboles , des euphémismes, des manipulations d’émotions. Derrière tous ces procédés se cachent une vérité. Un principal quiproquo figure dans les Fausses confidences de Marivaux (scène 7 de l’acte II): celui du portrait que Marton pensait être le sien, mais qui était en réalité celui d’Araminte.

Quand aux procédés hyperboliques, nous pouvons en remarquer de multiples, notamment dans les Fausses confidences (scène 14 de l’acte I): «il y a six mois qu’il est tombé fou; il y a six mois qu’il extravague d’amour» ou encore «qu’il en a la cervelle brûlée, qu’il en est comme perdu». Ces procédés d’emphase permettent de faire avancer le stratagème en amplifiant la vérité, il s’agit alors d’une demi vérité.

Le dramaturge peut à l’inverse s’appuyer sur des euphémismes tel que l’antithèse et la litote. Par exemple, dans les Fausses confidences (scène 14 de l’acte 1): «Quelque petite chose qui m’a paru extraordinaire». Ces deux euphémismes sont des procédés qui ne révèlent pas la réalité mais qui l’atténuent ou bien qui en suggèrent d’avantage.

Tous ces procédés participent à dissimuler la vérité.

Par ailleurs, l’auteur peut également se servir des personnages et de leurs statuts pour renforcer le mensonge dans la pièce. Par exemple, le comique de situation. Dans les Fausses confidences , il y a un inversement de hiérarchie sociale avec Dubois, supposé être valet et donc serviteur de tous les personnages dans la pièce, est en fait ici représenté comme le maître stratège de celle-ci. De plus, Dubois n’hésite pas à donner des ordres à son maître (scène 17 de l’Acte II où il multiplie les formes impératives: «Retirez-vous», «Allez dans le jardin», «Dans le jardin, vous dis-je»).

Il en est de même pour Dorante, qui est supposé être le maître de Dubois, mais qui est en fait son serviteur, est totalement dépendant de celui-ci afin de conquérir Araminte.

Ces stratèges avancent donc masqués au cours du stratagème à la faveur de leurs rôles mais aussi de leurs sentiments.

Par ailleurs, les personnages peuvent aussi avancer en étant littéralement masqués, déguisés, comme dans l’Atelier volant de Novarina lorsque l’époux Boucot élabore un stratagème dans lequel Madame Boucot se déguise en Monsieur Plumier afin de duper les ouvriers.

Enfin, dans la comédie de Tartuffe de Molière, celui-ci avance également masqué, cette fois-ci au sens figuré car il prétend être un dévot pour arriver à ses fins.

Nous verrons maintenant comment ces mensonges peuvent atteindre le spectateur.

En effet les stratagèmes peuvent affecter le spectateur de plusieurs manières mais celui-ci ne peut généralement pas être pris au piège de ces manigances car il en est complice étant donné qu’il a connaissance de chaque faits et gestes de tous les personnages.

Les apartés au théâtre nous donnent des informations supplémentaires qu’aucun personnage à part le locuteur et, s’il y en a, un interlocuteur, ne peuvent entendre. Par exemple, dans les Fausses confidences (scène 15 de l’acte I): Araminte dit à part «Je n’ai pas le courage de l’affliger!..»

Cependant il se peut que le spectateur soit confus. Dans les Fausses confidences dans la scène 14 de l’acte 1 , on peut se demander si Dubois est en train de trahir Dorante, puis arrive un renversement où l’on comprend que Dubois n’a agit que dans l’intérêt de Dorante.

D’autre part, le spectateur peut difficilement s’identifier au sort de la victime du stratagème si il n’a pas vécu la même situation.

Dans cette seconde partie nous verrons qu’il est néanmoins possible de dévoiler certaines vérités grâce aux stratagèmes, pour cela nous nous pencherons principalement sur les personnages, leurs personnalités, valeurs et motivations.

En effet, nous parlons de révélations mais pas uniquement dans le sens de dénouement du stratagème, mais également de personnalités révélées des personnages.

Notamment grâce à la manière dont le stratagème est orienté et son intention. Par exemple dans les Fausses confidences de Marivaux, on peut parle de stratagème attentionné, complaisant. Dubois aide Dorante à conquérir Araminte dans un but désintéressé, ce qui nous montre l’aspect bienveillant de sa personnalité. En effet, il a la confiance d’Araminte ce qui est une position idéale pour jouer le rôle d’entremetteur entre les deux personnages. C’est un manipulateur astucieux. A l’inverse, dans la comédie de Molière, nous comprenons bien que Tartuffe agit en faux-dévot dans son propre intérêt.

Par conséquent, son stratagème révèle de sa personnalité un homme mauvais et malicieux qui en plus de vouloir voler Orgon envers qui il devrait être redevable, n’hésite pas à compromettre les sentiments

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