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Les deux amis, lecture linéaire

Commentaire d'oeuvre : Les deux amis, lecture linéaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Octobre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 654 Mots (7 Pages)  •  7 056 Vues

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Séance 3 : « Les deux amis »

Comment l'auteur, par cette fable, nous soumet-il une de ses conceptions du bonheur ?

Deux vrais Amis vivaient au Monomotapa ;
L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.
Les amis de ce pays-là
Une nuit que chacun s'occupait au sommeil,
Et mettait à profit l'absence du soleil,
Un de nos deux Amis sort du lit en alarme ;
Il court chez son intime, éveille les Valets :
Morphée avait touché le seuil de ce palais.
L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme ;
Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu
De courir quand on dort ; vous me paraissez homme
A mieux user du temps destiné pour le somme :
N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?
En voici. S'il vous est venu quelque querelle,
J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point
De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle
Était à mes côtés ; voulez-vous qu'on l'appelle ?
Non, dit l'Ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point :
Je vous rends grâce de ce zèle.
Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ;
J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru.
Ce maudit songe en est la cause.
Qui d'eux aimait le mieux ? Que t'en semble, lecteur ?
Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.
Qu'un Ami véritable est une douce chose !
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;
Il vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même.
Un songe, un rien, tout lui fait peur
Quand il s'agit de ce qu'il aime. 

Jean de La Fontaine, Fables, Livre VII

Introduction :
 
Présentation de l'auteur: Jean De la Fontaine (1621-1695)
 Deuxième moitié du 17e siècle.
 Fabuliste (écrivain spécialisé en fables) pour la cour. La fable : un genre mineur auquel La Fontaine a donné ses lettres de noblesse. Rappel : Par son étymologie (du lat. fabula : propos, parole), fable désigne le fait de parler en inventant. La fabulation est l’art d’inventer des histoires, et ces histoires elles-mêmes. C’est pourquoi la fable désigne pour une part le vaste corpus des récits produit par l’art oral ancien et, dans cette acception, le terme s’est spécialisé comme la mise en scène d’animaux, d’êtres inanimés ou d’hommes dans un récit généralement bref qui renferme un enseignement moral, et appelé aussi apologue.
 Auteur classique (du classicisme français) inspiré d'Esope (fabuliste grec 7e, 6e s avant JC) et de Phèdre (fabuliste latin. 1er s avant JC)
 
Présentation de l'œuvre, du texte, de la problématique, plan :
 Recueil de fables constitué de plusieurs livres (6 au total), le tout dans un but éducatif et divertissant. Elles mettent souvent en scène des animaux anthropomorphes (aux caractéristiques comportementales ou physiques humaines). Ici un cas de fable sans animaux.

 Le but est de tirer une leçon de vie de chaque fable.

 « Les Deux Amis » est la onzième fable du livre VIII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

Récit de l’amitié entre deux habitants du Monomotapa. Un soir, un des deux se réveille d'un mauvais rêve et accourt chez son ami, pour s'assurer qu'il ne lui soit en réalité rien arrivé.

 Pb: Comment l'auteur, par cette fable, nous soumet-il une de ses conceptions du bonheur ?

Autre pb possible : Comment l’auteur fait-il l’éloge de l’amitié ?

La situation initiale

Vers 1 : situation initiale courte : "Au Monomotapa"  cadre spatio-temporel + caractérisation des personnages par un schéma ordinaire: adj. "vrais" et nom "amis" au v.1. Personnages schématisés, simplifiés, réduits à peu de caractéristiques car symboliques. Souci d’efficacité.

- Lieu de la scène "au Monomotapa" v.1  lieu exotique d'Afrique, en dehors d'Europe donc presque légendaire à l'époque : ce royaume d’Afrique australe, relève, pour l’auteur, de la recherche d’un exotisme certain, situant la scène en dehors de l’Europe. L’usage de l’imparfait montre que c’est une époque révolue. - Ce sentiment tel que le voit l'auteur est si rare qu'il le met en scène dans un pays qui se prête à l'imagination, comme s'il ne pouvait exister que dans une région rêvée, utopique.

- Les personnages n'ont pas de noms, pas d'identité spécifique, ils sont toujours caractérisés, définis par leur qualité d'ami  peu réaliste dans une société où le nom et l'origine sociale font toute l'identité de quelqu'un.

L’adjectif « vrais » traduit toute la sincérité de l’amitié comme si cette dernière était rare.

Vers 2 : renforcement de l’idée de la simplicité et de l’honnêteté avec le pronom indéfini « rien » et la négation. Idée que l’amitié est contraire à la possession et à l’appartenance « possédait » « appartînt ».

Vers 3 : « ce pays-là » : rareté et éloignement avec le déterminant démonstratif « ce » + adv « là » + octosyllabes

Vers 4-5 : verbe au temps du passé (imparfait)  ouverture du récit lente et calme pour caractériser la situation, le calme de la scène, la nuit où tout le monde dort : monde paisible.

L’élément perturbateur :

Vers 6-7 : présents de narration « sort », « court » « éveille »  le récit devient très vivant. L'ami a fait un cauchemar et se rend chez son ami.

« son intime » vers 7 : champ lexical de l’affection, de la proximité et de la sincérité renforcé par le déterminant possessif « son ».

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