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Les deux coqs lecture linéaire

Fiche de lecture : Les deux coqs lecture linéaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mai 2021  •  Fiche de lecture  •  2 004 Mots (9 Pages)  •  557 Vues

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Introduction 

La fable « Les deux coqs » est la treizième du Livre VII du second recueil de l’œuvre Fables, publié pour la première fois en 1678, du fabuliste classique du XVIIème La Fontaine (né en 1621 et mort en 1695). La Fontaine reprend la fable de l’auteur grec antique Esope « Les deux coqs et l’aigle », tout en élargissant la réflexion. (à la vanité humaine et aux revers de fortune.) Avec un style héroï-comique, il raconte la rivalité amoureuse de deux coqs pour une poule en personnifiant les volailles auxquelles il donne l’apparence des héros homériques Grec, Ménélas et Troyen, Pâris qui s’affrontèrent pour la reine Hélène durant la guerre de Troie ainsi parodiée. L’extrait étudié débute au v10 au moment où l’un des deux coqs remporte la victoire à l’issue d’un long combat.

LECTURE DU TEXTE

On peut se demander comment L.F dispense ses morales à travers ce récit de querelle de basse-cour.

Cette fable, bref récit fictif allégorique illustrant une moralité est hétérométrique écrite en alexandrins et en octosyllabes.

  • V10 à 19 Le désespoir et le désir de revanche du vaincu
  • V 19 à 28 L’intervention du vautour et le renversement de situation
  • V29 à 32 La moralité

L’extrait débute au moment où le premier coq vient de remporter le combat. La Fontaine personnifie ses personnages dès le début de la fable en  attribuant une majuscule aux noms communs les désignant : Coq, Poule puis Vautour et leur donne des caractéristiques et des sentiments humains.  Le choix des animaux est symbolique: le coq représente la fierté et le séducteur viril combattif, quant à la poule, elle représente une femme superficielle.

La fable respecte le schéma narratif, et l’affrontement des deux coqs personnifiés ainsi que la préparation de la revanche du vaincu correspondent aux péripéties. Un coq triomphe pendant que l’autre, honteux, se cache. Le fabuliste, insiste sur l’attitude peu héroïque du vaincu. Le second hémistiche du v 10 introduit sa description,

L.F met en relief le verbe « disparaître » au passé simple par sa position en fin de vers afin de souligner la soudaineté de l’action. Les deux points annoncent une précision, une explication, donnée par le verbe suivant : « alla se cacher » qui vient habilement souligner la raison peu héroïque de sa disparition.

Puis, dans les vers qui suivent et jusqu’à l’arrivée du vautour, le fabuliste montre le désespoir du vaincu et son désir de revanche. L’attitude de ce coq n’a rien d’héroïque, il est tourné en dérision par les verbes : « alla se cacher », « pleura ». Le registre est faussement élégiaque. (« faussement » car il s’agit d’une parodie).

D’autre part, alors que l’enjeu du long combat opposant les volailles est une poule L.F insiste sur la légèreté du vaincu  avec  le pluriel « ses amours ». Il s’agit d’une anadiplose  car l’expression est située en fin de vers et reprise en tête de vers suivant, afin d’insister sur le fait  qu’il a plusieurs conquêtes. Ceci parodie la guerre de Troie car l’enjeu est de reprendre la belle et irremplaçable Hélène, reine de Sparte et femme de Ménélas. Le registre est héroï-comique car il s’agit d’une simple querelle de poulailler racontée avec un style élevé. L’animal choisi par L.F, le coq symbolise traditionnellement à la fois le séducteur et la fierté masculine. Ce coq est ici un séducteur qui a perdu son honneur. Le vainqueur au contraire est orgueilleux et se montre. L’opposition est mise en évidence par l’antithèse « fier »/ « défaite ».

Le passage qui suit montre le désir de vengeance du vaincu qui se prépare au combat sans avoir l’étoffe d’un héros homérique:

Il voyait tous les jours
Cet objet rallumer sa haine et son courage ;
Il aiguisait son bec, battait l’air et ses flancs,
Et, s’exerçant contre les vents,
S’armait d’une jalouse rage.

La métaphore  « rallumer sa haine et son courage » montre une rancœur à vif qui est quotidiennement « ts les jours »  renouvelée à la vue de son rival. Le préfixe itératif « r » du verbe « rallumait » le souligne. Le courage, vertu habituellement héroïque n’est ici motivé que par intermittence et uniquement par la vue de son rival, ce qui est comique et montre au contraire sa lâcheté et le ridicule du combat. L. F insiste sur ce point en utilisant le champ lexical de la vue : « yeux »/ « voyait ».

L’héroïsme du coq est donc mis à mal, d’autant que ses actions sont inutiles : celui-ci se contente d’ « aiguiser son bec » et de  « batt[re] l’air de ses flancs », de « s’exercer contre les vents ». L.F décrit la préparation au combat en parodiant l’épopée, et donc le registre épique, car ses actions sont stériles alors qu’il semble héroïque : « s’exerçant contre les vents ». De plus, au XVIIème « battre des flancs » signifiait « être essoufflé ». A cela s’ajoute la double référence à l’élément air : « air », « vents » (au pluriel). Il a beau « s’arm[er] d’une jalouse rage » il ne semble pas très vaillant. L’énumération vv 16-18 + l’imparfait montrent la préparation progressive à la vengeance : gradation amenée par les verbes d’action : aiguisait/battait/ s’exerçant/s’armait. Accumulation. Registre épique.

V 20 Le commentaire satirique du fabuliste : « Il n’en eut pas besoin. » dans le vers « Il n’en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits »  réduit à néant toutes les actions du coq. C’est comique. Il est sauvé par le hasard, par le sort. La courte phrase de commentaire occupe le premier hémistiche (les six premières syllabes de l’alexandrin) et s’arrête à la césure (coupe forte au milieu d’un alexandrin : 6/6) ce qui le met en relief.

2ème Mouvement : L’intervention du vautour et le renversement de situation (v21 à 28)

Il n’en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits
S’alla percher, et chanter sa victoire.
Un Vautour entendit sa voix :
Adieu les amours et la gloire ;
Tout cet orgueil périt sous l’ongle du Vautour.

L. F revient ensuite au second coq, le vainqueur, perdu par sa vanité. Elle est montrée en deux vers à l’aide d’un enjambement (la phrase débutée en début ou milieu de vers se poursuit sur une partie ou l’ensemble du vers suivant) qui donne de l’ampleur à l’action : il atteint le point le plus haut « sur les toits/ S’alla percher  et chanter sa victoire». « Victoire » rime avec « gloire », alors que « retraite » rimait avec « défaite » pour le coq vaincu. Il s’agit de l’élément de résolution raconté au passé simple pour montrer l’importance de l’action.

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