Lecture linéaire 4 : Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1796)
Commentaire de texte : Lecture linéaire 4 : Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1796). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar harcamone • 23 Avril 2020 • Commentaire de texte • 1 541 Mots (7 Pages) • 16 528 Vues
Lecture linéaire 4 : Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1796)
Diderot, philosophe des Lumières du XVIIIe siècle, est principalement connu pour son édification de l’Encyclopédie. Digne de l’esprit de son siècle, l’écrivain conteste et critique la société de son temps dans ses livres. Ainsi, dans le supplément au voyage de Bougainville, Diderot oppose les valeurs européennes et celles qui règnent à Tahiti, nature aimable dont les Européens ont détruit l’équilibre dans le but de mieux critiquer notre société. Cette essai valorise en effet l’idée d’égalité entre les hommes, voire d’une certaine supériorité des cultures primitives qualifiées de « barbares » par les européens.
Présentation du texte : Dans cet extrait, situé au début de la deuxième partie intitulée « Les adieux du vieillard », la parole est donnée à un sage vieillard tahitien qui, alors que les habitants de l’île pleurent le départ des Européens, exprime sa satisfaction de les voir quitter le pays. Après s’être adressé aux Tahitiens, il se tourne vers Bougainville et lui démontre, en prenant exemple sur son propre mode de vie, combien les valeurs de l’Occident lui semblent méprisables (cet épisode est bien entendu une invention de Diderot dont on ne trouve aucune trace chez Bougainville).
Problématique : En quoi ce texte est-il un réquisitoire contre les maux de la civilisation et un éloge du retour au naturel ?
Mouvements du texte :
- Lignes 1 à 9 « esclavage » : le blâme des européens qui nuisent au bonheur et créent la discorde.
- Lignes 9 à 20 « qu’il n’ait pas sur toi » : la dénonciation du vol de la contrée et la volonté d’esclavage.
- Lignes 20 à la fin : à l’opposé, la différence de traitement des européens par les Tahitiens.
- Lignes 1 à 9 : Les maux apportés par les européens à Tahiti.
Le vieillard tahitien s’adresse à Bougainville sur le départ et lui reproche ce que lui et ses hommes ont fait. Son discours est celui d’un chef :
- Apostrophe péjorative « chef des brigands qui t’obéissent » = insulte / à Bougainville qui est plus malhonnête que les brigands.
- Tutoiement qui met les 2 hommes sur un pied d’égalité.
- Impératif « écarte promptement » = ton catégorique.
- Allitérations en (t) et (r) : « et toi chef des brigands qui t’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive ».
- Pronom personnel « nous » = Vieillard tahitien = porte-parole du peuple.
Le discours du vieillard exprime sa révolte par une série de parallélismes qui opposent les qualités des tahitiens aux vices des européens :
- Oppositions « nous » / « tu » - « ton vaisseau / notre rive ».
- Conjonction de coordination « et » à valeur d’opposition.
Blâme des européens = source des maux des tahitiens | Eloge des tahitiens donc des sauvages |
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- Lignes 9 à 20 : Une attaque virulente contre l’esclavage
Ces lignes présentent une argumentation cohérente :
- Thèse : tu n’as aucun droit de nous rendre esclaves.
- Arguments : tu n’es ni dieu ni démon donc tu ne peux pas décider / tu penses que dire « c’est à moi » suffit pour être le maître d’une terre mais c’est faux / ce n’est pas parce que tu es le plus fort que tu dois prendre la terre et la liberté / tu sais ce qu’est être esclave et pourtant tu veux nous asservir donc seule volonté matérielle.
DONC 2 principaux reproches faits aux européens : prendre le pays et détruire la liberté.
Critique de la propriété : les européens refusent le « tout est à tous » = antithèse « misérables bagatelles » / « toute une contrée » + argument d’autorité « Orou » donc vengeance des européens mûrement réfléchie.
DONC Diderot s’accorde avec Rousseau pour affirmer que la propriété est à l’origine des maux de la civilisation. Elle a corrompu les hommes et a développé les inégalités.
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