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Diderot, Supplément au voyage de Bougainville

Commentaire de texte : Diderot, Supplément au voyage de Bougainville. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 397 Mots (6 Pages)  •  815 Vues

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Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1798).

INTRO

  1. LES MÉFAITS DE LA CIVILISATION

La critique passe par tout un vocabulaire de la cruauté, de la destruction et de la violence, par la dénonciation de l’immoralité et du malheur et par celle de l’injustice.

a) La cruauté, la destruction, la violence

Les trois notions sont mises en relief tout au long du texte à travers l’exploration d’un très large champ lexical qui comporte une grande majorité de verbes, mais aussi des noms et des adjectifs : « enchaîner », « égorger », assujettir », « servirez » (l. 11-12), « funeste avenir » (l. 15), « nuire » (l. 19), « allumer », « fureurs inconnues » (l. 22), « folles », « féroce » (l. 23), « se haïr », « égorgés », « teintes de votre sang » (l. 23-24), « esclavage », « esclaves » (l. 25-26), « vol » (l. 32), « t’emparer » (l. 35), « asservir » (l. 34).

L’utilisation de ces termes permet au narrateur de tracer un tableau extrêmement réaliste et critique du comportement des Européens et de l’avenir malheureux qui attend les Tahitiens. Il s’agit de la mise en accusation très catégorique d’attitudes colonisatrices.

b) L’immoralité 

Elle est exposée à travers un vocabulaire qui souligne le respect des règles courantes de la morale : « ambitieux », « vices » (l. 9 et 12), « corrompus », « vils » (l. 12).

Les allusions multiples et répétées au mépris (l. 41-42), à l’absence de retenue soulignent chez les Européens un comportement sans cesse malhonnête, contraignant et hypocrite, sans souci de tolérance ni de respect de l’être humain dans sa manière de vivre et de penser.

c) L’injustice

Le vieillard met en évidence l’intrusion des notions de possession (« je ne sais quelle distinction du tien et du mien » (l. 20-21) et la création de besoins nouveaux, artificiels (« factices », l. 50), faisant apparaître une hiérarchie jusque là inexistante.

On peut aussi observer que la dénonciation de ces méfaits (inégalité, besoins nouveaux, cruauté, absence de tolérance, mépris...) qui sont douloureux à ceux qui les subissent, sont également nocifs pour ceux qui les exercent. Associée aux « vices » et aux « extravagances », à la violence et à l’injustice, la civilisation est présentée comme une véritable calamité. Les Occidentaux sont en effet décrits par le vieillard comme des êtres « corrompus », « vils », et malheureux. Cette réaction est illustrée par un exemple historique : les réactions des hommes de Bougainville devant les vols commis par les indigènes (l. 31-32). La critique va donc au-delà des pratiques colonialistes, elle fait apparaître les comportements dits « civilisés » comme dictés par une organisation sociale inégalitaire et injuste, prônant la loi du plus fort.

  1. L’ÉLOGE DE LA VIE NATURELLE

Construite en constant contrepoint de cette critique, se révèle une véritable célébration de la vie naturelle, sans véritables contraintes sociales. Le vieillard met en relief l’innocence, l’attachement à la tolérance et à la liberté et la simplicité d’une existence sans besoins superflus.

a) L’innocence et le bonheur 

Ils sont clairement affirmés (« nous sommes innocents, nous sommes heureux », l. 18) et rattachés à la nature (« nous suivons le pur instinct de la nature », l. 19). Cette innocence repose sur l’absence de propriété (« Ici tout est à tous », l. 20) qui évite toutes les formes de rivalités et de violence. L’idée d’innocence est également exprimée à travers l’affirmation de l’honnêteté des mœurs (« nos mœurs ... sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes », l. 39-40) et à travers celle de l’ignorance, qui est en réalité une forme de sagesse.

b) La liberté et la tolérance 

L’affirmation de la liberté se fait de manière catégorique (« nous sommes libres », l. 24). Elle se révèle dans le refus et le dégoût de l’esclavage (l. 11-12, « futur esclavage », l. 25) et dans la volonté et la capacité de lutte pour cette liberté. Enfin, la certitude que le respect de la liberté pour soi est aussi respect de la liberté d’autrui conduit à l’expression de la tolérance. Toutes les questions contenues dans les lignes 34-38, le constat d’un comportement accueillant et respectueux (« nous avons respecté notre image en toi ») soulignent de manière très insistante une attitude de respect et de compréhension des autres.

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