Le rôle du binoclard dans Balzac et la petite tailleuse chinoise

Marie Sarah et Lila[pic 1]

Quel est le rôle du Binoclard dans l’œuvre intégrale ?

                  Selon le proverbe « l'habit ne fait pas le moine », quelqu'un portant des lunettes n'est pas obligatoirement un intellectuel, contrairement à ce que pensait Mao. Dai Sijie, l'écrivain cinéaste franco-chinois, auteur du roman « Balzac et La Petite Tailleuse Chinoise », a choisi le Binoclard comme « gardien » des livres et du savoir, sûrement en référence à ces lunettes qui lui donnent un air d'intellectuel. Quel rôle joue le Binoclard dans l’œuvre intégrale ? Nous verrons en quoi le Binoclard est un personnage singulier puis comment il détient le pouvoir des livres sur le village.

                  Le Binoclard est un patronyme paradoxal. Le nom « binoclard », de la langue courante, se compose du préfixe « binocle » qui signifie dans un langage relâché « les lunettes » puis d’un suffixe péjoratif « -ard ». Il souffre d’une grave myopie qui le laisse presque aveugle sans ses lunettes. Le fait qu’il porte des lunettes peut être attribué à l’intention de l'écrivain de le présenter comme un“ intellectuel ” et comme un jeune privilégié de la grande ville. « L’absence de lunettes faisait saillir ses prunelles, qui me faisaient penser à celles d’un chien pékinois, troubles et hébétées. Il avait l’air égaré, éprouvé, avant même de charger sa hotte de riz sur son dos. »  (p 68). Son nom n'est pas le reflet de la réalité car malgré la possession de sa valise contenant des livres interdits, il ne les lit pas, ce qui peut porter à confusion.

                  Le Binoclard a un caractère colérique et peureux. Adolescent de dix-huit ans, ami de Luo et Ma. Son père est écrivain et sa mère poétesse. Sa famille est aisée. Pendant sa rééducation, son travail est de s'occuper des buffles de la montagne. « Le Binoclard » est un jeune cultivé, qui est considéré comme intellectuel éduqué. Il est constamment en proie à la peur et est colérique.

La réalité est que le Binoclard est terrifié d'être découvert avec la valise de livres interdits en sa possession, parce que son ambition la plus forte est de retourner à la ville le plus tôt possible. “Il avait peur qu’ils ne le prissent pour un fainéant. Il avait toujours peur d’eux, car c’était eux qui décideraient un jour s’il était bien “rééduqué”, eux qui, théoriquement, avaient le pouvoir de déterminer son avenir.” (p. 67).

Le Binoclard est faible de caractère, sa principale motivation étant de retourner chez lui, pour retrouver la protection de sa mère.

                    La mère de Binoclard lui a trouvé un travail de rédacteur en chef dans une revue en échange de chants. Tout comme Luo et Ma, le Binoclard est en rééducation car ses parents sont des écrivains opposants au régime. Il est féru de lecture et de littérature occidentale. Le Binoclard vit dans le village voisin, et rencontre parfois les deux amis. Un jour, par hasard, ceux-ci découvrent une valise lui appartenant qui contient des romans français de Balzac, lesquels font partie des livres interdits par le régime de Mao. Les deux jeunes gens vont dévorer cette unique source de culture qui s’offre à eux, et en faire profiter la Petite Tailleuse.  La mère du Binoclard est une poétesse en disgrâce, très belle, riche, elle s’adonne au tricot tout en composant des poèmes dans sa tête. Très maternelle et organisatrice accomplie, elle réussit tout de même à décrocher à son fils, à distance, une mission pour une revue, consistant à recueillir des chants montagnards. Ce nouveau travail va permettre au Binoclard d’échapper à sa rééducation. Une fois les chants récupérés par Luo et le narrateur, l'organisation d'une grande fête au village a eu lieu pour fêter le départ de leur ami.

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