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Le combat de la femme

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Par   •  12 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  2 764 Mots (12 Pages)  •  712 Vues

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Introduction

Les conditions de la femme, son droit à l’éducation et au travail ainsi que l’égalité des sexes dans tous les secteurs de la vie sont autant de questions pressantes et épineuses auxquelles est confrontée la société africaine contemporaine ; particulièrement en Afrique noire traditionnaliste où continue de prévaloir la patriarchie. Ainsi, il existe de nos jours une multitude d’œuvres littéraires par les femmes féministes. Cette littérature se distingue nettement de celle produite par leurs homologues de sexe opposé. Bien que les méthodes d’approche du sujet varient d’une écrivaine féministe à l’autre, on peut constater que leurs romans facilitent plus une thématique commune du monde féminin. On note cette réalité lorsqu’elle affirme que toutes les écrivaines noires africaines Restituent avec talents divers les affres du mariage, avec l’amour, la jalousie, la concurrence, l’adultère, l’abandon, la stérilité, et puis les enfants, les tensions, les ruptures. Dans le contexte du conflit tradition/modernisme, elles abordent les problèmes des croyances et pratiques traditionnelles de la condition féminine, de la famille étendue et ses craintes (82) C’est à pareille tâche, que se livre Fatou Keita dans son roman intitulé Rebelle. En fait, dans son œuvre, l’auteure nous présente une société africaine gouvernée par un système phallocentrique où l’homme est roi et la femme est considérée comme un être n’ayant pas eu « la chance de naître homme » (166). De l’excision, au viol conjugal en passant par les mariages forcés et précoces, l’auteure fait un portrait répugnant et révoltant des traditions patriarcales, portrait qui est capable de sensibiliser les consciences les plus rigides, téméraires et

  1. Combat contre l’homme ou contre un système instauré par l’homme ?

Le féminisme en Afrique a très souvent été taxé de concept occidental maladroitement importé et adapté à une culture (africaine) qui présente plusieurs signes d’incompatibilité avec la culture occidentale. Il est aussi vu comme un projet ostentatoire par les femmes, visant la « diabolisation » injuste et irraisonnée de l’homme noir et sa relégation au rang de barbare ainsi que la destruction de la famille.Ainsi, nombreux sont les observateurs/observatrices qui interprètent l’action féministe comme une tentative illusoire et dérisoire de « transformer » les femmes en hommes ; c’est-à-dire de ne pas tenir compte des inégalités biologiques/naturelles entre l’homme et la femme pour proclamer une « égalité de sexe visiblement absurde » qui ne tiendrait donc que sur des fils. Dans l’œuvre, l’auteur revient amplement sur cette lecture du féminisme en Afrique. Elle présente la tendance par les hommes (et curieusement par les femmes aussi) de considérer le féminisme comme un projet féminin ostentatoire, radical, et nocif pour l’homme africain. Le concept est ainsi vu comme importé de l’occident et catégorisé comme une cause déplacée en Afrique où prétendument des soit disant « intellectuelles » taxeraient injustement les hommes africains de sauvages, de barbares, et de non-civilisés. Keita le montre en faisant référence à des tendances antiféministes selon lesquelles, la lutte pour l’émancipation de la femme et l’égalité des sexes n’est qu’une : Récupération des conceptions occidentales visant à perpétrer l’image négative de l’homme ; de l’homme noir en particulier. « Nos homme ne sont pas des sauvages », lançaient-elles [les détractrices du féminisme]. « Nous ne sommes pas des sauvages » […] Les Africains devaient pouvoir vivre leur africanité tranquille. Les Blancs vivaient comme ils le désiraient mais là, il s’agissait de l’Afrique […] Il fallait à présent que ses habitants assument leur authenticité sans vouloir singer qui que ce soit. Quelle égalité pouvait-il y avoir entre deux êtres que la nature même avait créés différents ? Ceci montre les conceptions différentes et très souvent erronées et égoïstes que la cause féministe continue d’avoir dans le continent noir. Les adeptes du système phallocentrique s’appuient sur l’argumentaire des inégalités naturelles entre l’homme et la femme pour préconiser une domination continuelle et incontestable de l’homme. Selon eux, remettre en cause ce privilège et cette supériorité masculine – que même la nature a elle-même donne à l’homme - c’est faire acte d’inimitié irraisonnée contre la personne de l’homme (africain). Vu de cet argumentaire, l’auteure trouve le besoin de faire la nuance entre combattre l’homme et combattre un système créé par l’homme et le favorisant au détriment de la femme. Dans cette lancée, l’auteure envisage l’action féministe comme un programme devant montrer que le chauvinisme affecte indirectement l’homme dans une certaine façon. L’homme étant enchainé par les esprits d’égoïsme aurait besoin de délivrance. C’est la conception de Malimouna (personnage principale de l’œuvre) quand elle parle aux hommes et essaye de les ramener à de meilleurs sentiments, quand ces derniers s’avisent à maltraiter leurs femmes. L’auteure écrit : Mais Malimouna parvenait grâce à cette « diplomatie » qu’elle avait faite sienne, à rendre certaines situation moins tendues. Elle savait parler aux maris en question, quand bien même son seul désir était de leur jeter leur égoïsme au visage. Elle savait les flatter, leur faire entendre ce qu’ils voulaient entendre, afin d’obtenir ce qu’elle-même souhaitait obtenir : un peu de répit pour ces femmes, un peu de gentillesse […] (181) L’homme partisan de la marginalisation des femmes (l’homme patriarche ou phallocrate) est égoïste. Cet égoïsme est une maladie menant a de lourdes conséquences et une sombre prison en même temps. Le phallocrate est donc celui qui a besoin de guérison et de libération.

  1. Le Combat d’une femme rebelle ou de toutes les femmes ?

L’histoire relatée dans l’œuvre est centrée sur la vie et les actes d’une femme féministe très dynamique (nommée Malimouna) qui, dès son bas âge mène une résistance constante contre un système phallocentrique incarné principalement par l’excision. Dans sa petite enfance, elle résiste et échappe vaillamment à l’excision et utilise plus tard son statut de femme non excisée comme un de ses arguments pour sensibiliser la société contre ce fléau. Elle mène cette campagne de sensibilisation contre vents et marrées et de bout en bout jusqu’à la fin de l’histoire ; s’y mettant personnellement. Pour la circonstance, elle met sur pieds une organisation – l’Association d’Aide à la Femme en Difficulté (AAFD) – qui incarne son esprit créative et d’initiative. L’auteure souligne cet engagement personnel, remarquable et extraordinaire de Malimouna. Malimouna se lançait corps et âme dans la bataille. Elle allait à la rencontre des femmes, car l’une des grandes difficultés de leur organisation était que, quand bien même ce centre était connu à présent, les femmes, très souvent, ne prenaient pas l’initiative de s’y rendre. C’était contraire à leur éducation […] Malimouna travaillait avec acharnement, multipliait les contacts, cherchant des subventions auprès d’organisations caritatives (180-181).

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