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Le Malade Imaginaire, acte III, scène 3, Molière

Fiche de lecture : Le Malade Imaginaire, acte III, scène 3, Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Décembre 2020  •  Fiche de lecture  •  1 525 Mots (7 Pages)  •  9 144 Vues

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Lecture linéaire

Le Malade Imaginaire, acte III scène 3

Introduction :

Cette scène est dans le dernier acte de la pièce : le moment où Béralde veut évoquer avec son frère Argan le mariage forcé de sa fille Angélique avec Thomas Diafoirus, médecin.

Dans cette comédie, c’est une scène sérieuse et d’argumentation sur la médecine à partir de la volonté d’Argan de choisir un gendre médecin.

Se confrontent deux visions de la médecine, très opposées et excessives l’une et l’autre :

  • une foi, une croyance et une sacralisation par Argan,
  • une défiance et une satire par Béralde

Deux points de vue très éloignés et irréconciliables.

Dans la 1ère partie du dialogue, Béralde va opposer devant son frère Argan les dangers de la médecine et des médecins au laisser faire de la nature, la capacité du corps humain à se rétablir des désordres. (de « que faire donc » à « comédies de Molière »).

Dans une 2ème partie, Argan va critiquer les moqueries de la médecine dans les comédies de Molière, que défend Béralde et dénoncer son manque de discernement (de « c’est un bon impertinent » à « porter son mal »).

  1. Besoin de médecine ou capacité du corps à se rétablir naturellement ?

Argan pose le débat par une question pratique : « que faire quand on est malade ? ». Il attend une explication de son frère, sans doute aussi étoffée que celles qui précèdent, or la réponse tombe : brève, brutale, sans justifications : « Rien, mon frère ».

La surprise d’Argan s’exprime par la répétition de « rien » sous forme interrogative.

L’effet est voulu par Béralde, qui le répète encore sans doute pour pousser la curiosité et l’attention d’Argan. L’ajout de mon frère à ce rien laconique est là pour marquer tout de même les relations fraternelles entre les deux hommes. Argan fait pareil, repenant «  mon frère », il est lui-aussi dans le même registre.

Béralde va ensuite développer son argumentation car son but est de soigner son frère, non par la médecine mais par des mots et il l’espère aussi par un argumentaire construit.

En 3 phrases, au présent, il commence par une sorte d’aphorisme, un résumé de sa pensée qui se suffit à lui-même et que l’on peut résumer ainsi :

« la nature se tire doucement du désordre où elle est tombée, presque tous les hommes meurent non de leurs maladies mais de leurs remèdes ».

Le cadre est posé.

Il faut ensuite à Béralde être convaincant et donc frapper l’esprit de son frère. Il le fait de trois manières :

  • En choisissant des mots qui relèvent du champ lexical de l’illusion : « pures idées », « belles imaginations », « souhaiter », « fussent véritables », « roman de la médecine », « beaux songes ».
  • En choisissant l’anaphore, par la répétition de « vous parle de » pour mieux marquer ses arguments. Evoquer la parole plutôt que les actes est aussi une manière de démystifier l’action des médecins. L’enchainement des verbes à l’infinitif renforce par leur accumulation l’effet de l’anaphore et ressemble à un flot de verbes d’action qui vient submerger le patient pour mieux l’engloutir, le noyer dans ses illusions, l’endormir. Nous pouvons souligner le décalage entre ces verbes d’action et l’inertie des médecins vue par Béralde. On note également une gradation dans les verbes.
  • En choisissant enfin de rompre cette sorte d’endormissement et de réveiller Argan. A l’anaphore succède la préposition « Mais », brève comme « rien » qui sonne comme le « réveil » pour l’endormi avec une conclusion. D’un côté les « idées », de l’autre « la vérité » et « l’expérience ». Béralde met bien en comparaison par ce mais la médecine et la nature, les illusions et l’expérience.

Argan le voit alors comme un présomptueux, qui met en avant sa science. Il le lui dit « toute la science du monde est renfermée dans votre tête » et ne se prive pas d’être ironique « vous voulez en savoir plus que tous les grands médecins ».

Rien qui ne désarme Béralde dans son argumentation qu’il poursuit en formalisant par « entendez-les- voyez-les », « les plus- les plus » le parallèle entre :

  • Entendre et voir,
  • Parler et faire,
  • Habileté et ignorance,
  • Gens du monde et hommes.

Ce parallélisme illustre l’opposition entre les « discours » et les « choses= actes », entre la parole et l’action, entre la vue et l’ouïe.

Il espère faire comprendre à son frère qu’il est sourd, aveugle, ignorant des agissements des médecins.

Y arrive-t-il ? Le « Hoy » d’Argan marque l’agacement, le manque d’arguments pour répondre. Il recourt une nouvelle fois à l’ironie avec « vous êtes un grand docteur » et se défend de son aveuglement par « à ce que je vois ».

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