La pièce de Lagarce Juste La fin du monde est-elle juste une tragédie ?
Dissertation : La pièce de Lagarce Juste La fin du monde est-elle juste une tragédie ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Math2B • 4 Décembre 2022 • Dissertation • 793 Mots (4 Pages) • 505 Vues
Sujet : La pièce de Lagarce Juste La fin du monde est-elle juste une tragédie ?
Vous discuterez ce point de vue en vous appuyant sur votre lecture de l’œuvre.
Reformulation : la pièce de Lagarce relève-t-elle uniquement de la forme théâtrale de la tragédie ? Renouvelle -t-elle ou modernise-t-elle cette forme théâtrale ? Relève-t-elle uniquement de la tonalité tragique.
I) Certes, la pièce de Lagarce Juste la fin du monde présentent les caractéristiques d’une tragédie :
1) Une forme classique qui relève de la tragédie antique et classique :
Prologue/ Intermède/ Epilogue
2) Respect des règles classiques:
Respect de la règle de vraisemblance : référence à des mythes bibliques :
Ancien Testament : le mythe de Caïn et Abel et Nouveau Testament : Evangile selon Saint Luc : le mythe du fils prodigue
Respect de la règle des trois unités : unité de lieu :la maison de la Mère et de Suzanne ; unité de temps : une journée ; unité d’action : le retour du fils prodigue
3) La mise en scène d’un conflit : l’agon antique
Conflit de famille/ Conflit des frères ennemis Antoine et Louis
4) Des personnages qui s’inscrivent dans une lignée (illustre) :
La descendance des Louis « les rois de France » dira Antoine: le père, le fils ainé et le petit-fils ainé : la descendance mâle et comme le père est mort c’est la mère qui semble tenir le pouvoir comme une Régente et les fils se battent pour accéder à la première place familiale.
5) La mort omniprésente :
Prologue : Louis est le messager qui vient annoncer sa mort prochaine.
Monologue sur la mort ( Scène 10 de la première partie) de Louis qui révèle tous les sentiments qui hantent un mourant : le déni, la peur, l’envie de juger les autres, la haine, l’acceptation, le pardon…
L’épilogue : Le regret post-mortem de ne pas avoir poussé un cri libérateur, être enfin soi-même, crier sa peur, sa souffrance, sa haine, sa révolte au monde entier.
II) Mais la pièce de Lagarce renouvelle le genre de la tragédie et prend même une certaine distance par rapport à elle :
1) Une forme originale et moderne dans un moule classique :
Entrelacement de scènes dramatiquement traditionnelles et non traditionnelles/ Collage cubiste de tableaux sans rapport les uns avec les autres/ Une intrigue qui se délite puisque Louis se complait dans son silence et n’explique pas les raisons de son retour ;
2) Un thème moderne qui relève du mouvement de l’absurde : l’impossibilité à communiquer :
Ce thème cher aux dramaturges de l’Absurde, Ionesco, Beckett se traduit par une crise du langage que Lagarce met en scène dans un style bien à lui : scènes lyriques, recours à des figures de style récurrentes : épanorthose, aposiopèse, polyptote…
3) Le recours à l’humour et à l’ironie :
Lagarce met à distance grâce à l’ironie la tonalité tragique, une façon de dédramatiser son sujet : la mort de Louis n’arrêtera pas le monde de tourner : ironie du titre, l’aveu de Louis n’a pas besoin d’être dit : « A quoi bon ? » faire souffrir inutilement ceux que l’on aime et déteste à la fois, la famille ! p 109 : « vers la fin de la journée, sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur -c’est juste une idée mais elle n’est pas jouable- sans avoir jamais osé faire tout ce mal, je repris la route… »
...