La pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la Fin du Monde est-elle un échec ?
Fiche : La pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la Fin du Monde est-elle un échec ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar larouse701 • 28 Avril 2023 • Fiche • 1 114 Mots (5 Pages) • 337 Vues
La pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la Fin du Monde est-elle un échec ?
Qu’appelle-t-on « échec » ? Le résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise.
Peut-on dire de manière descriptive, résumée ou elliptique, que Juste la Fin du Monde est « un échec » au sens où la pièce met en scène l’échec sous de nombreuses formes ? Dans ce sens-là, sans aucun doute.
La pièce est-elle en revanche un échec pour son auteur, c’est-à-dire de sa part une tentative ratée ou avortée, ou une entreprise qui fait finalement faillite ? Le seul critère acceptable dans ce cas, puisque la pièce a effectivement été jouée et mise en scène, et vue par des spectateurs, donc qu’elle existe véritablement en tant qu’œuvre artistique, c’est l’(les) intention(s) de l’auteur : de ce point de vue, la question est de savoir si Juste la Fin du Monde parvient à accomplir, dans ce qu’elle transmet, donne à voir aux spectateurs, la mission que lui assigne son auteur. Si c’est le cas, ou pourra parler de « succès », dans l’hypothèse contraire, on parlera alors d’ « échec ».
La question de la qualité est hors-sujet ou secondaire, compte-tenu de la manière dont le sujet est ici formulé. Non pas que la question de « bonne » ou « mauvaise » qualité soit insoluble pour une œuvre artistique, mais il ne s’agit pas ici de décider si Juste la Fin du Monde est une « bonne » ou une « mauvaise » œuvre théâtrale en elle-même, mais si Lagarce est parvenu à lui « faire dire » ce qu’il souhaitait.
On objectera peut-être qu’on ne peut toujours connaître les intentions d’un auteur. Cette objection ne tient pas ici dans la mesure où non seulement l’œuvre de Lagarce en tant qu’auteur dramatique, le courant auquel il se rattache et que l’on peut désigner au choix de théâtre contemporain, ou de théâtre d’avant-garde, de théâtre de l’intime et de l’inexprimé, et surtout la pièce elle-même, offrent suffisamment d’éléments convergents pour évaluer sans risque d’erreur les intentions de Lagarce dans Juste la Fin du Monde.
La réponse au sujet posé revient donc à esssayer de démontrer une affirmation et à tenter de répondre à une interrogation :
- Juste la Fin du Monde est le spectacle de l’échec.
- Qu’est-ce que Lagarce « veut dire » ou « montrer » ou « transmetre » à travers la pièce et celle-ci y parvient-elle avec succès, ou au contraire échoue-t-elle à accomplir son objet ?
Juste la Fin du Monde est une mise en scène de l’échec.
Pas n’importe quel échec, pas un échec secondaire, mais un échec quant à une quête primordiale de la part des personnages de la pièce, et par extension, des individus : parvenir à dire, à exprimer, à communiquer des choses importantes, des choses qui ont un sens, et les dire non seulement aux personnes qui vous sont proches ou même qui sont les plus proches de vous (mère, frère), mais également à vous-même. Ce qui revient pour un individu à employer le moyen le plus évident qu’il ait à sa disposition (mais pas forcément le seul), c’est-à-dire la parole, pour se faire connaître / reconnaitre des / par les autres et à / par soi-même.
Or Louis, personnage central de la pièce (en apparence au moins), échoue totalement dans ces entreprises.
La pièce repose sur la recherche d’un dialogue, d’une tentative de nouer un échange avec l’autre, tentative dont les spectateurs assistent aux échecs répétés du lever au baisser de rideau. Ainsi, dès les premières répliques, les personnages présents sur scène s’adressent systématiquement à chacun des autres présents. La parole circule donc, elle est amplement partagée. Mais elle ne fonctionne pas. Ainsi, dans la toute première scène, Suzanne présente Catherine à Louis et inversement. Il s’agir d’un rituel social qui permet également au spectateur d’identifier les personnages, et que Lagarce a déjà utilisé dans Dernier remords avant l’oubli. Or, cela ne fonctionne pas. Cet effort de mise en lien des personnages est immédiatement parasité par les commentaires des autres personnages.
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