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Juste la fin du monde de Lagarce

Commentaire de texte : Juste la fin du monde de Lagarce. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 538 Mots (7 Pages)  •  666 Vues

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Dans le roman juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce né en 1957 et mort en 1995, le personnage principal, Louis, prononce dans l’épilogue « ce que je pense […] C’est ce que je devrais pousser un grand et beau cri ». Ainsi, l’écrivain mets la parole au centre de la réflexion qui prend alors la forme d’un cri. Le sens premier du cri est son aspect dissonant et inarticulé mais il est ici présenté comme un grand et beau moyen d’exprimer sa pensée. Mais alors, en quoi cette œuvre publiée en 1990 dénonce-t-elle le cri inarticulé de la vie ordinaire tout en montrant par différents procédés artistique la beauté de ces cris ?

Nous verrons tout d'abord comment la vacuité de la parole entraîne le cri puis nous verrons ensuite les bienfaits de ces cris libèrent.

Dans un premier temps c’est le langue inopérant qui provoque le cri. Le cri s’exprime dans le cadre familial et a travers la souffrance personnelle des personnages.

Premièrement, Louis qui est l’aîné de la famille souffre intimement de la certitude de sa «  mort prochaine et irrémédiable » vers 7 du prologue, il lutte contre des forces qui le dépassent car on comprend qu’il est atteint d’une grave maladie. cette mort qui l’attend est torturante puisqu’il en est il est conscient et sa conscience va au-delà des frontières de la mort, on le voit avec la prosopopée « à cet âge que je mourrai », vers 2 du prologue. Une impression de vertige nous déstabilise puisque l’on pourrait croire que c’est un mort qui parle. Louis se retrouve seul puisqu’il est « l’unique messager », l’auteur le laisse seul sur scène dès le prologue. Cette impression de solitude infinie est renforcée par le mot « seul », vers 14 du prologue, qui est isolé par des alinéas. De plus, seules des didascalies internes sont présentes, l’écrivain ne souhaite pas commenter ce qu’il se passe. Suzanne aussi souffre d’un enfermement dans son individualité, son statut d’éternelle mineure, elle souhaite décider d’elle-même mais le peut pas, on le voit scène 9 avec « Suzanne, ils font comme ils veulent » d’Antoine, frère de Louis et Suzanne. Antoine rajoutera « elle veut avoir l’air ». Elle est infantilisée et est sacrifiée a la mère en tant que vestale. Rappelons que c’est la plus jeune de la fratrie.

Ensuite, ces souffrances personnelles donnent lieu à des cris poussés au sein de la famille. La locution « ta gueule » qu’adresse en toi et à Suzanne l’humilie puisque cette exclamation fait avorter la tentative de Suzanne de donner son avis : « tu », « ils vont se vouvoyer toute la vie ». Cette rupture syntaxique appelée anacoluthe montre le mépris engendré par la colère avec l’utilisation de la troisième personne . La mère, qui fait preuve de nostalgie, les souvenirs sont à peine vécu qu’ils sont déjà empilés : « les dimanches » « l’après-midi, toujours été ainsi », agace et elle le sait. Le fait qu’elle ne soit pas nommée donne au personnage une dimension universelle et familière. Elle est cheffe d’orchestre des scènes de conflits qui font hurler. Ce personnage dérange aussi puisqu’elle enfermé par ses paroles « ». Louis est un personnage qui sait rester calme bien que son mal-être semble transpirer, semble être palpable inconsciemment par les autres membres de la famille : Antoine s’exclame «  c’est parce que Louis est la » ( la présence de Louis aussi perturbe et déclenche le conflit). Mais c’est aussi son calme exemplaires qui énerve par exemple, scène 9 lorsqu’il demande calmement un peu de café après la dispute. La violence au sein de la famille monte crescendo avec les nombreux points d’exclamation et la locution «  tu me touches, je te tue » d’Antoine adressé à Louis.

Enfin, ces scènes de discorde se traduisent par un échec du langage ordinaire. «  qu’es que j’ai dit » de Suzanne raisonne dans la pièce, les personnages crient et parlent beaucoup mais ne disent que très peu. C’est confirmé par Antoine lorsqu’il affirme « je ‘e t’ai jamais entendue ». Suzanne est incapable de se faire entendre, «  compris », « entendu », « saisi » : cette épanorthose version criée en est témoin. Ce crescendo sonore s’achève par la menace physique des mots qui ne se disent pas « bras d’honneur », qui est d’ailleurs une didascalie interne. La parole de Suzanne échoue, « rien ici ne se dit facilement », alors elle crie puis en viens aux gestes. Cependant le supposé, bon orateur qu’es Louis échoue aussi aussi puisque l’enjeu de la pièce est de « dire, seulement sire » la mort qui l’attend. Or il n’y parviendra pas  et le regrettera puisqu’il partira « sans avoir rien dit de ce qui lui tenait vraiment a cœur ». C’est l’échec le plus flagrant de cette parole inopérante. La parole est muselée Antoine dit «  je me taisais pour donner l’exemple ». De plus, il est important de remarquer que les verbes de parole sont présents plus de 200 fois dans l’œuvre mais surtout qu’ils sont accompagnés de négation partielle ou totale, par exemple lorsque Suzanne s’exclame « ne pas […] dire » sur les trois vers consécutifs 8, 9 et 10 de la scène 9.

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