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Juste la fin du monde, Lagarce

Dissertation : Juste la fin du monde, Lagarce. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Janvier 2023  •  Dissertation  •  2 384 Mots (10 Pages)  •  1 134 Vues

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        « Dire, seulement dire, raconte Louis  dans le prologue. Entre tragique, lyrique et ironique, le comédien, metteur en scène, directeur de troupe, dramaturge et éditeur, Jean Luc Lagarce écrivit Juste la fin du monde à 30 ans seulement. En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida. En 1990, grâce a une bourse, il part à Berlin durant 3 mois pour rédiger cette pièce, 5 ans avant de s’éteindre. L’auteur n’est pas sans ironie à l’égard de ses personnages comme le souligne le titre de son œuvre. Il a ajouté l’atténuation « juste » pour donner à l’expression « la fin du monde » un air apocalyptique. L’œuvre met principalement en avant les difficultés des personnages à s’exprimer et Louis ne parvient pas à parler du lourd secret qui pèse sur ses épaules. Les dialogues entre les différents protagoniste engendrent des malentendus et quiproquos qui provoquent des disputes ainsi que des conflits familiaux. En quoi la parole et l'usage que l'on fait du langage – aveux,  explications, reformulations, confrontations etc..- sont-ils un puissant ressort dramatique dans les pièces de théâtre qui ont pour thème la famille ?. Dans un premier temps nous allons analyser le fait que le langage est un puissant ressort pour exprimer la crise personnelle d’un personnage qui doit s’exprimer face à sa famille. Nous verrons ensuite que celui ci permet aussi d’exprimer la crise familial.

        Dans Juste la fin du monde, le personnage de Louis est celui qui a le plus de mal à faire usage de la parole, surtout face à sa famille. Par ailleurs, face au public, lorsqu’il est seul sur scène, il s’ouvre aux spectateurs à de nombreuses reprises. Il ouvre la scène par le prologue et la conclue par l’épilogue.  Le monologue permet alors au personnage de Louis de s’exprimer seul face au public afin de pouvoir faire ressortir ses émotions et ses sentiments enfouis en lui. Louis ne prend que peu de fois la parole lors des conflits entre les autres personnages.

 Les monologues sont donc importants chez Lagarce pour ce personnage. En effet, c’est une chose que l’on remarque lors de son premier monologue qui intervient lors de la scène 5. Les autres monologues sont à la scène 10 et à la scène 1 partie 2. Dans cette cinquième scène, on découvre différentes facettes de sa personnalité, il nous parle pour la première fois de lui ainsi que des émotions qu’il avait ressenties. La première confidence qu’il nous fait est qu’il a peur de ne plus être aimé lors de sa mort et que s’est proches ne penseront plus à lui « ma mère, mon frère là aujourd’hui et ma sœur encore , que tout le monde après s’être fait une certaine idée de moi, un jour ou l’autre ne m’aime plus, ne m’aima plus et qu’on ne m’aime plus ». Chez Matthieu Delaporte et Alexendre de la Patellière dans Le Prénom, on retrouve aussi l’importance des monologues mais ces derniers restent rares car les personnages restent toujours ensemble dans la pièce. Claude en prononce un lorsqu’il avoue la relation qu’il entretient avec Françoise, la mère d’Elizabeth et Vincent, ses deux meilleurs amis. Il se dévoile, raconte des souvenirs avec Françoise « J’étais en pleine répétition, dans la fosse d’orchestre, mes mains se sont mises à trembler. Ça à craquer, tout est remonté. J’ai compris que j’aimais une femme que je n’avais pas le droit d’aimer ».

        Deux procédés permettent les hésitions et les silences des prontagonnistes de Jean-Luc Lagarce. L’aposiopèse laisse la phrase en suspend, cela oblige alors l’interlocuteur à combler le vide de la phrase. Quant à l’épanorthose, elle permet les hésitations des personnages dû à la correction d’un propos dis par ce dernier précédement. Dans sa pièce de théâtre Juste la fin du monde, les silences et les hésitations sont multiples car les personnages ont du mal à communiquer, ils ne sont pas bercer par leur parole. En effet, ils ont peur de mal dire ou de dire des phrases de trop ce qui réduit  le personnage au silence, nottament dans le cadre du protagoniste de Louis. Après la tirade  d’Antoine dans la scène 11, on voit que dans la mise en scène de Joel Jouanneau, il y a un temps de silence où plus aucun des deux frères ne parlent entre la parole d’Antoine est la phrase de Louis qui n’a plus aucun lien avec les dire de son frère précédemment. La fin de la tirade d’Antoine est « tu peux essayer de rendre tout exceptionnel mais tout ne l’est pas » alors que la première prise de parole de Louis est « où est ce que tu vas ? ». Seul dans la mise en scène nous pouvons voir ce silence car dans la pièce nous avons l’impression que tout s’enchène.  

        Un personnage se décide à parler, c’est difficile car ses paroles sont précédées du silence, de non-dits  et de tabous sûrement (maladie, crime, inceste…). Les sentiments du personnage sont donc la honte, la peur de casser la relation et de déplaire aux autres. Le mot « aveu » implique une écoute qui n’existe pas forcément. Le personnage libère alors sa parole et ne souhaite pas être interrompu ou au contraire stichomythies, car il n’arrive pas à avouer et le(s) autre(s) personnages doivent l’interroger de façon plus insistante. Les aveux peuvent être soit possible ou soit impossible. Dans les pièces de théâtre de Jean-Luc Lagarce, le thème principal est un aveux dont le personnage principale nous fait par dans ses monologues. Dans Justes la fin du monde, le personnage principale, Louis retourne dans sa famille pour leur faire un aveu qui lui est impossible, annoncer sa mort prochaine. Dans le prologue lors de sa première prise de parole, Louis nous avoue qu’il est atteint du sida « dire et seulement dire ma mort prochaine et irrémédiable, l’annoncer moi-même, en être l’unique messager » Chez Matthieu Delaporte et Alexendre de la Patellière, on retrouve aussi de nombreux aveux faits par les personnage dans ses comédies. En effet, dans la comédie Le Prénom les personnages se révèlent des choses entre eux. Vincent, après avoir fait croire qu’il allait prénommer son enfant Adolphe comme le héro du roman de Benjamin Constant trouvé sur la bibliothèque d’Elizabeth, avoue à son entourage qu’il a mentit « STOP ! C’ÉTAIT UNE BLAGUE ! UNE BLAGUE ! » cria  Vincent pour leur faire comprendre qu’il avait mentit.

        Le cercle intime où les personnages des pièces de théâtre entretiennent des relations quelque peu étroites avec les membres de sa famille que ce soit avec le père ou avec la mère ainsi que les frères et sœurs entraînent des quiproquos et/ou malentendus avec le reste des personnages. Suite aux dialogues et aux échanges  des personnages, cela implique des émotions, des gestes au-delà des mots qui peuvent conduire à des quiproquos faits par les personnages. Les écrivains utilisaient ces procédés afin de provoquer l’hilarité du public qui réalisait que les personnages ne parlaient pas de la même chose pourtant sûr de se comprendre. On peut voir le premier quiproquo dans la scène 2 où Catherine parle de ses enfants et du choix du prénom pour son fils à Louis qu’elle vient juste de rencontrer. Louis croit alors au début que cela vient de son prénom seulement à lui et la remercie mais elle rajoute que cela provient de leur origine. 3 hommes  de trois générations successives portent le prénom Louis. Le père de Louis, Louis et le dernier qui est le fils d’Antoine. Dans sa famille il y avait le même genre de tradition et Antoine y tenait. De plus, un malentendu a lieu lorsque Louis veut rentrer chez lui et Suzanne et Antoine se proposent de le raccompagner dans la scène 2. Le quiproquos est sur le mot brutal prononcés par Catherine, femme d’Antoine suite au propos de Suzanne qui indiquait qu’Antoine était désagréable. Catherine se positionne en tant que médiatrice mais sa paroles créée presque un effet comique car il y a un décalage entre l’intention de paix qu’essaye d’installer Catherine entre la fratrie et la colère que son discours provoque chez Antoine qui ne comprend pas le sens de sa phrase « elle ne te dit rien de mal, tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire, tu ne te rends pas compte, parfois tu es un peu brutal, elle voulait juste te faire remarquer » Molière, en tant qu’écrivain, lui aussi utilisait les quiproquos et malentendus dans ces pièce de théâtre. Nous retrouvons notamment ce thème tout au long de son livre « L’école des femmes ». Certains personnages ont du mal à se comprendre plus précisément Arnophle et Horace, celui qui est le plus présent dans toute l’histoire. En effet, toute l’intrigue tourne autour de ce malentendu. Ce quiproquo commence lorsque Horace fait de Arnophle son confident à propos de son histoire amoureuse ne sachant pas vraiment à qui il parle « Il m’est venu conter cette affaire à moi-même ! Bien que mon autre nom le tienne dans l’erreur. » Cela montre en effet que Horace ne sait pas à qui il parle et qui il est réellement. Arnophle ayant changé son nom mène Horace dans la confusion par rapport à sa véritable identité.

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