Gestation pour autruie
Cours : Gestation pour autruie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar telnetlolou • 20 Novembre 2015 • Cours • 10 293 Mots (42 Pages) • 1 130 Vues
Le sport dans la littérature
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La naissance de la littérature sportive en tant que genre littéraire se situe dans les années 1920. Elle a longtemps été considérée comme une « basse littérature » pour son mélange de l’esprit et du corps dans le sens où l’éducation physique et intellectuelle sont mises sur le même plan. Le sport dans l’écriture peut être vu comme une métaphore de la vie et de la nature humaine. Il est aussi un effort individuel, un accomplissement de soi, aussi bien que la critique d’une société en situant le sportif dans le monde qui l’entoure. Le sport peut ainsi servir de morale dans la littérature.
Les années 1920 sont aussi appelées les années folles. La pratique du sport était à son comble pendant l’époque de l’après-guerre notamment avec les premières courses automobiles, les matchs de boxe à la Halle Carpentier et les Mousquetaires du tennis. Cette décennie a donné lieu à une succession de titres signés Jean Giraudoux, Paul Vialar, Henry de Montherlant, Jean Cocteau. Les écrivains se sont emparés du sport pour véhiculer des valeurs de partage et de fraternité. Ils s'y adonnaient sans complexes et rejoignaient le slogan de Coubertin : "L'essentiel c'est de participer."
S'ensuivit un long purgatoire en raison de la traditionnelle séparation entre l'esprit et le corps, propre à la France. Le sport était jugé futile. On rejeta Albert Camus qui avait pratiqué le football et parlait de sa passion dans son dernier livre, Le Premier Homme, 1994. Par ailleurs Jean-Paul Sartre, disait-on, regardait les matchs en cachette car cela ne devait pas se savoir et parce que ce n'était pas de bon ton. Les écrivains ne s'aventuraient pas dans ce genre, hormis quelques exceptions comme Roger Vailland, Yves Gibeau, auteur du roman La Ligne droite en 1956, ou Louis Nucera. Le fait qu'ils s'intéressaient au sport les dévaluait. Et ils étaient, de ce fait, considérés comme des écrivains de seconde zone. La renaissance du genre littéraire s’est opérée il y a vingt ans. Le sport est devenu un sujet comme un autre. C’est plus un champ clos préservé des pollutions extérieures, mais un lieu où existe la prévarication, la corruption, le dopage, la triche, où s'exerce le commerce. Cet environnement le fait ressembler au monde réel. A ce titre, le sport s'est mis à présenter un intérêt métaphorique pour les écrivains.
Notre étude est basée sur un travail analytique de trois œuvres d’auteurs qui se sont inspirés de leur sport. Notre choix s’est porté sur trois auteurs de nationalités différentes ainsi que sur trois sports différents afin d’étudier la dimension universelle de leur pratique sportive dans la littérature.
Jack London est né en Janvier 1876 à San Francisco. Il est reconnu comme une figure majeure dans la littérature américaine. Durant ses années de production littéraire, il fut l'auteur le plus populaire et le mieux payé d'Amérique. Son nom était célèbre dans le monde entier, et aucun autre écrivain n'a jamais suscité autant d'articles de presse. [pic 1]
C'est en 1901 que l'écrivain assura pour la première fois un reportage de boxe. Le 16 novembre, J. Jeffries défendit son titre de champion poids lourds contre Ruhlin. De même, le 10 septembre 1905 lors du match Britt-Nelson, pour le compte du San Francisco Examiner. Mais son travail de journaliste sportif ne devait réellement commencer que fin 1906 au West Oakland Athletic Club, la même où il avait assisté à ses tous premiers combats.
Notre première œuvre qui témoigne des aléas de la boxe est Sur le Ring de Jack London. Rédigées de 1905 à 1913 ce livre comporte deux nouvelles. La première nouvelle s’intitule « L’Enjeu ». Grâce à l’argent de la boxe, Joe Fleming parvient à faire vivre sa mère veuve et ses soeurs et à payer les traites de la maison qu’il lui a achetée. Joe est l’athlète par excellence et n’a aucun vice. Un jour, il rencontre Geneviève qui travaille dans une confiserie chez les Silverstein et c’est le coup de foudre. Joe est talentueux mais son ultime combat face à son adversaire John Ponta aura une tournure tragique. A travers la logique implacable du jeu, London illustre à la fois l’essence de la boxe et la cruauté d’une vie régie selon les règles d’un jeu absurde. La seconde nouvelle s’intitule « La Brute ». Pat Glendon Jr est le fils d’un ancien boxeur qui s’est retiré à la montagne. Loin de la ville, Pat grandit en se mesurant aux ours et aux éléments. Son père le prépare à devenir boxeur et lorsqu’il sent qu’il est allé au bout de son éducation, il écrit à Sam Stubener, un entraineur, pour lui confier Pat. A contre coeur, Pat quitte la montagne pour la ville où il s’entraine en vue d’affronter des boxeurs de son niveau. Mais aucun de ses opposants n’est à la hauteur et il remporte tous ses combats par K-O. La dernière parole que lui avait dite son père avant de partir était : « Quoi qu'il arrive, fais gaffe aux femmes (...) la femme c’est la mort et l’enfer, souviens toi de ça. Mais si tu trouves la femme, la vraie, alors garde-la (...) » . Un jour il rencontre cette femme, Maud Sangster, journaliste de la haute société, et, après avoir fait un coup d’éclat qui retentira dans tout le milieu de la boxe, il décide de quitter ce milieu corrompu. Jack London a personnellement pratiqué la boxe et c’est ce qui donne à ces deux nouvelles son réalisme.[pic 2]
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