Gargantua de Rabelais

III. Imagination rend accessibles des idées abstraites

Le mot de racine latine, imagination, qualifie la faculté de produire et de simuler des objets et des idées nouvelles dans l’esprit sans l’apport immédiat des sens. Elle désigne également la capacité de trouver des solutions originales a des problèmes. La société médiévale a un fondement problématique du moins du point de vue rabelaisien et humaniste et selon Rabelais la seule manière pour cette société de s’en défaire de ses problèmes serait qu’elle adopte les idéaux humanistes.

Ainsi c’est le recours à l’imagination qui rend ses idées abstraites et nouvelles accessibles.

L’humaniste doit faire appel a son esprit critique sans céder à ses pulsions, cela peut le mener à une réflexion sur le sens du devoir par exemple. Dans Gargantua cette réflexion se traduit par l’envisagement de la possibilité d’une guerre juste. On voit se questionnement de manière claire avec la lettre de Grandgousier envers Gargantua. En effet cette lettre est un modèle de justification pour la guerre utile et nécessaire car elle a pour but la restauration de la paix. Effectivement Grandgousier veut préserver la paix à tout prix. Son investissement est avant tout d’ordre intellectuel il veut « comprendre », « apaiser » et « modérer » mais face à la méchanceté et l’injustice, la guerre deviens inévitable. Les géants incarnent donc la mesure et l’esprit pacifique qui voit la guerre comme un dernier recours, contrairement à Picrochole qui incarne l’homme politique agresseur qui a une ambition de conquête démesuré.

Malgré cela, lors de la victoire Gargantua et son père sont capables de clémence, de pardon et de générosité.

L’approche de Grandgousier puis de Gargantua de sujets tel que l’éducation, la guerre ou encore la religion reflètent la dimension utopique de l’humanisme. Le fonctionnement de l’abbaye de Thélème en est l’exemple ainsi Alcofribas Nasier souligne : « Toute leur vie était employée non selon des lois, statuts ou règles, mais selon leur volonté et leur libre arbitre ». Un monde ainsi, dans lequel les étudiants apprendraient simplement car ils en ont l’envie et car le savoir serait un plaisir intellectuel, est un désir « trop beau pour être vrai » aussi bien qu’une aspiration que, seul « les plus grands » pourront atteindre.

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