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Extraire la beauté du Mal

Dissertation : Extraire la beauté du Mal. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Novembre 2022  •  Dissertation  •  1 591 Mots (7 Pages)  •  932 Vues

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Dissertation

En 1857, paraît une première édition des Fleurs du Mal, elle est composée de cent poèmes. Après la censure de six de ces poèmes le 20 août 1857, Baudelaire publie une deuxième édition avec 35 poèmes supplémentaires en 1861. Comme l'annonce le titre, avec cet oxymore entre les « Fleurs » (qui symbolisent la beauté, la pureté) et le « Mal » (qui symbolise tout ce qui est mauvais et contraire à un principe moral comme par exemple la Mort, la sexualité de la femme ou des endroits sales et obscurs), nous pouvons imaginer que le recueil est un bouquet, où chaque poème est une fleur qui pousse dans le « Mal ». Baudelaire l'écrit dans un projet de préface où il explique « vouloir extraire la beauté du Mal ». Mais cette préface n'est qu'un projet, si Baudelaire ne la retient pas, c'est peut-être que cette formule ne correspond pas à l'ensemble du recueil : La poésie des Fleurs du Mal extrait-elle « la beauté » du « Mal » dans l'ensemble de ses poèmes ? Nous répondrons à cette question en analysant la poésie des Fleurs du Mal qui extrait la « beauté » du « Mal » et nous verrons ensuite que la formule n'est pas pertinente pour tout le recueil.

Les Fleurs du Mal extrait bien la « beauté » du « Mal ». Nous verrons tout d'abord des poèmes où le « Mal » paraît présent partout mais où le poète arrive à en tirer du « bien ». Ensuite, nous verrons plus précisément des poèmes où le « Mal » est exclusivement illustré par la ville de Paris.

Les exemples ne manquent pas dans les Fleurs du Mal pour parler des poèmes qui extraient la « beauté » du « Mal ». On peut prendre l'exemple d’ « une charogne », où le poème extrait la beauté d'un cadavre en décomposition : il s'agit d'une « pourriture » qui est « infâme » « d'où [sortent] de noirs bataillons/ De larves », qui sentent mauvais au point de s'évanouir (« La puanteur était si forte, que sur l'herbe / Vous crûtes vous évanouir »). Pourtant, la « carcasse » est « superbe », elle est comparée à une femme (« comme une femme »), ses pattes sont personnifiées en « jambes », elle devient noble avec l'utilisation des alexandrins et la régularité des vers. Dans « la Mort des pauvres », le poète met en avant le fait qu'un jour ou l'autre la mort sonnera à notre porte (tradition du mémento Mori) et qu'il faut donc profiter de la vie (tradition du carpe diem) . Avec le mélange de ces traditions la « Mort » donne l'envie de vivre (« c'est la Mort qui console et la Mort qui fait vivre »). Le « Mal » est donc caractérisé par la « Mort », mais grâce à cette « Mort » on peut profiter de la beauté de la vie : la « Mort » « nous donne le cœur de marcher jusqu'au soir ». Enfin, dans « la Mort des Artistes », à travers « la Mort », la « beauté » est extraite du « Mal ». Pour les artistes qui ont échoué la « Mort » devient source d'espoir, elle plane « comme un Soleil nouveau » qui « fera s'épanouir les fleurs de leur cerveau ! ». Comme dans le titre du recueil les « Fleurs » (c'est-à-dire les œuvres des artistes) vont pousser dans le « Mal » (c'est-à-dire avec la « Mort »).

Ensuite, on peut parler du travail que fait le poète autour de Paris : ville obscure où se cache de l'or. Dans un projet d'épilogue, le poète s'adresse à la ville de Paris et énumère ce qu'il trouve de beau dans une ville où le « Mal » est partout. Entre les « bombes », « les hôtels garnis », « les égouts pleins de sang », « les bouffons neufs aux vieilles défroques », se trouvent des « jardins », des « faubourgs mélancoliques », « Des Anges revêtus d'or, de pourpre et d’hyacinthe ». Dans la réédition de 1861, Baudelaire créé une partie s'intitulant « Tableaux parisiens » et nous allons prendre l'exemple de deux, des dix poèmes qui la composent. Le premier s'intitule « le Cygne ». Dans une ville poussiéreuse, où les « chapiteaux [sont] ébauchés », où les « ménageries » sont abandonnées, « où sous les cieux » il fait « froid », le poète voit « un cygne qui s'était évadé de sa cage » trainant « son blanc plumage ». Ce cygne c'est la « beauté » qui est extraite du « Mal » : il est blanc, symbole de la pureté, de la lumière et du divin et pourtant il se trouvait dans cette ville sombre. Le second poème s'intitule « à une passante ». Dans une « rue assourdissante » la beauté de la femme apparaît aux yeux du poète. Elle est belle à tel point que son « regard » où « germe » « la douceur qui fascine » fait soudainement « renaître le poète ».

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