Explication : extrait de l’œuvre intégrale « Alcools » d'Apollinaire
Commentaire de texte : Explication : extrait de l’œuvre intégrale « Alcools » d'Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lulu459556 • 20 Mars 2021 • Commentaire de texte • 1 400 Mots (6 Pages) • 1 339 Vues
Explication : extrait de l’œuvre intégrale « Alcools » d'Apollinaire
Texte 1 : « Zone » v.1 à 24
Zone est le poème d'ouverture du recueil Alcools écrit en 1913 par Guillaume Apollinaire. Ce poème au cycle de Marie fait référence à Marie Laurencin, peintre, rencontrée par l'auteur en 1907. C'est en changeant le titre du recueil Eau de vie en Alcools et en décidant de supprimer toute ponctuation que l'auteur rajoute en tête de l'ouvrage le poème Zone, dernier écrit de l'ensemble : il donne ainsi à son recueil une orientation philosophique.
On est frappé par l'apparence du poème : certains vers sont détachés, d'autres regroupés en strophes ; il n'y a pas réellement de régularité. Ce sont des vers libres, il n'y a pas de mètres réguliers, les lois de la versification ne sont pas respectées. Ces vers riment à peine : ils sont assonancés et il n'y a pas de ponctuation.
Nous allons étudier les 24 premiers vers du poème. Dans un premier temps, nous nous demanderons en quoi se poème célèbre la modernité. Pour cela, nous nous appuierons sur 2 principaux mouvements : le 1er mouvement du vers 1 au vers 10 porte sur la confrontation du passé et du présent et le 2ème mouvement du vers 11 au vers 24 porte sur l'évocation d'un monde moderne.
Passons à l'étude détaillé du texte.
Dans le 1er mouvement Apollinaire confronte donc le passé et le présent, dans un premier temps, entre les vers 1 et 3, il exprime la lassitude vis à vis du passé. Nous pouvons constater que les 3 premières strophes sont des monostiches, c'est à dire des strophes d'un vers et que ces strophes rendent palpables la lassitude d'Apollinaire quand au passé. Le 1er vers en effet, est assez déroutant : « A la fin tu es las de ce monde ancien », dans la mesure où il s'agit d'un vers classique, d'un alexandrins plus précisément répondant donc à une certaine tradition poétique. Cependant, il s'agit déjà pour le poète d'annoncer un renouveau poétique, il est intéressant de noter que la diérèse sur le mot « ancien » donne l'impression que l'adjectif se brise et donc que le passé s'efface. La présence de l'attribut du sujet « las » met en évidence également le désir de rupture d'Apollinaire. Le poète nous surprends en utilisant le pronom personnel « tu » pour se désigner. Le lyrisme qui est normalement l'évocation des sentiments personnels est de la sorte mis à distance, pourtant se choix permet aux lecteurs de devenir au même titre qu'Apollinaire, le destinateur du poème. Le vers insiste plus encore sur cette envie de modernité. Une formule assez familière « tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine » exprime la lassitude à l'égard de l'Antiquité, considéré comme une inspiration et un modèle absolue au cours des siècles précédant c'est à dire du 16è au 18è siècles. Enfin le vers 2 est également à observer, Apollinaire y abandonne l'alexandrin au profit d'un vers libre de 16 syllabes et inscrit de la sorte la modernité poétique. Néanmoins, comme au vers 1, nous sommes sensible à la présence discrète de la poésie traditionnelle. En effet, l'utilisation du « ô » lyrique témoigne d'un héritage romantique. Pourtant, il est placé devant un symbole fort de modernité, la tour Eiffel dont la construction avait fait scandale, suscitant des actions parfois très hostiles, et à l'inverse des réactions aussi très enthousiaste notamment chez le peintre Delaunay, un proche d'Apollinaire. Cette référence précipite le poème dans l'espace urbain comme la métaphore du vers 2 « le troupeau des ponts bêle ce matin » qui métamorphose les arches du pont de la Seine en dos de mouton. A partir du vers 5 jusqu'au vers 10, Apollinaire se réfère à la religion. Le parallélisme de construction des vers 5 et 6 « la religion seule est restée toute neuve la religion, est restée simple» confère une modernité évidente. L'enjambement d'ailleurs permet la mise en évidence du substantif religion qui se trouve au début et à la fin du vers 5. De plus nous pouvons relever une comparaison surprenante puisque la religion est assimilé aux hangars de Port-aviation, au vers 6. Alors que le « ô » lyrique précédait un symbole de modernité au vers 2, il accompagne au vers 7 le christianisme créant une forme de correspondance entre les deux termes. Apollinaire semble inscrire de la sorte la religion dans l'ère moderne, se qui va perdurer dans le vers suivant via la référence au pape : « l'européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X ». Néanmoins le poète demeure à l'écart de cette modernité éternelle puisqu'il fuit les bancs de l'église en témoigne le rythme binaire des vers 9 et 10 « la honte te retiens d'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin », ainsi l'attitude d' Apollinaire face à la religion est ambiguë, hésitante, et correspond sans doute à l'état d'esprit d'une société qui s'éloigne avec peine, culturellement, philosophiquement et affectivement, d'une religion qui avait été pendant des siècles son point d'appui.
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