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Diderot Regrets, Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune

Commentaire de texte : Diderot Regrets, Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  1 629 Mots (7 Pages)  •  2 828 Vues

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Commentaire BAC sur DIDEROT,

Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune (1768) PAGE21

Extrait plaidoyer pour l’art (33 lignes) (de « Ô mon ami, le beau Vernet … » à « ... ne m’a rien coûté. »)

Entraînez-vous à la lecture à haute voix de cet extrait.

Le XVIIIe siècle, ou siècle des Lumières de la raison, est celui de L’Encyclopédie dont la rédaction est supervisée par d’Alembert et Diderot. Diderot est philosophe, encyclopédiste mais aussi romancier, dramaturge, essayiste, critique d’art, traducteur … Il se démarque en proposant à son lecteur de raisonner de façon autonome au lieu de lui imposer des systèmes de réflexion fermés et rigides. Son essai Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune (écrit en 68) remarqué dès sa publication en 1769 est un des rares écrits personnels du philosophe, qui rédige une satire du luxe à partir d’un cadeau de la riche madame Geoffrin (tenant salon littéraire) : des meubles neufs et une nouvelle robe de chambre écarlate. Dans notre extrait, composé des 2 derniers paragraphes de ce court essai, Diderot, après avoir vigoureusement dénoncé les effets funestes du luxe, propose au lecteur son plaidoyer en faveur des œuvres d’art.

[LECTURE, à annoncer]

Nous nous demanderons dans quelle mesure ce plaidoyer pour l’art montre l’homme qu’est Diderot se définissant par rapport aux objets qu’il possède.

Nous répondrons à cette problématique en 2 axes. Dans le premier, nous verrons comment Diderot donne à l’objet d’art un statut particulier dans l’ensemble des biens matériels. Dans le second axe nous verrons en quoi cet essai se présente comme un plaidoyer.

Dans un premier temps, donc, voyons comment l’auteur place l’œuvre d’art dans une catégorie d’objets vraiment à part.

Tout d’abord, le philosophe dans le reste de l’essai a développé l’idée que le bien d'un être ne saurait être que ce qui lui appartient en propre. Or la seule chose que l'homme possède véritablement en propre, ce sont les biens de l'âme, tout le reste (=le bien matériel, les objets) dépendant de la fortune. C’est cette fortune, visible à travers tout un luxe inutile d’objets, que condamne Diderot. Lorsqu’il mentionne fièrement, grâce à l’apostrophe au destinataire de la ligne 1, qu’il possède un tableau de maître, le lecteur peut prendre cet enthousiasme comme un paradoxe. L’exaltation pour l’objet qu’est le tableau est soulignée par une longue série d’exclamations lisibles dans la ponctuation des lignes 1, 5, 8 et 9 comme dans la construction des propositions exclamatives commençant par « comme », en anaphore 13 fois de la ligne 7 à la ligne 21. Pourquoi une telle admiration, un tel enthousiasme pour un objet sans utilité, un objet luxueux. Pourquoi le Vernet n’est-il pas, comme les autres objets luxueux, un objet condamnable ?

Parce que, c’est notre 2nd point, l’œuvre d’art a des qualités particulières. En effet, elle est plus admirable qu’un discours philosophique pour ceux qui viennent visiter Diderot. Tout d’abord, l’œuvre offre une scène – « la fin d’une tempête sans catastrophe fâcheuse », indique la ligne 2 – au réalisme admirable, comme le prouvent les termes répétés de « vrai[es] » (l.8 et 19) et « vérité » (l.22). Ce réalisme est donné par le talent de l’artiste, son « esprit », mentionné dans une exclamative ligne 5. Le talent de Vernet est souligné plusieurs fois dans ce paragraphe par des figures de répétition ; son œuvre est réalisée avec « légèreté, facilité et vigueur » (l.8 et 9) (énumération), avec « force » (l.20) (synonyme de « vigueur »). Ensuite, l’œuvre est admirable et non condamnable parce qu’elle est belle : Diderot développe largement le champ lexical de la beauté à travers les termes de « beau » (l.1), ou au pluriel ligne 16, « bel » (l.12), ou au féminin pluriel ligne 28, et « harmonieux » (ligne 13). Ce dernier adjectif correspondant d’ailleurs à la définition du beau donnée page 15.  

Enfin, si l’œuvre d’art tient une place si particulière parmi les objets non utilitaires, c’est parce que son créateur, l’artiste, et ici précisément le talentueux Vernet, est l’égal de Dieu. L’objet d’art est divin car l’artiste a, comme Dieu, le pouvoir de créer un monde. Dieu crée la vie, Vernet également, comme l’indique une accumulation d’adjectifs mélioratifs ligne 19. Les figures du tableau sont « vraies, agissantes, naturelles » mais surtout « vivantes », qualité mise en relief par le choix de sa place à la fin de l’énumération. La création d’un Dieu ne peut être condamnée par l’homme ; le philosophe peut alors sans se contredire se glorifier de son Vernet et reconnaître un pouvoir positif admirable à son tableau.

Dans un second temps, voyons en quoi cet essai se présente comme un plaidoyer pour l’art.

Tout d’abord, partons de la définition du plaidoyer comme un discours de défense d’une idée, d’une cause. Le genre de l’essai choisi par l’auteur lui permet par conséquent d’argumenter directement tout en s’engageant de façon très prononcée en faveur de l’œuvre d’art. En effet, l’énonciateur est réel, c’est Diderot lui-même qui s’affiche dès le titre de l’ouvrage avec l’utilisation de la première personne du singulier du possessif « ma », ou dès la première ligne avec le possessif « mon » et le pronom personnel « je ». Diderot affirme la présentation d’un point de vue subjectif, il s’engage totalement dans son plaidoyer, il ne dissimule ni ses idées ni son émotion : comme nous l’avons vu, il clame dans ces paragraphes pleins d’exclamatives son admiration inconditionnelle pour le tableau de son ami Vernet. Diderot sert également d’exemple vivant à son lecteur, plus particulièrement avec la 1ère personne des lignes 31 à 33, ce qui est une façon de le mettre en confiance, ce qui est un moyen de le persuader plus efficacement du bien fondé de son opinion, atteignant ainsi l’objectif d’un plaidoyer.

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