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Commentaire littéraire composé, théâtre de l'absurde

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Par   •  26 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 544 Mots (11 Pages)  •  4 334 Vues

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Commentaire littéraire composé

Bernard-Marie Koltès se démarque totalement du théâtre de l’absurde, qui connait pourtant un fabuleux essor après la seconde guerre mondiale. Koltès préfère un théâtre où une histoire est racontée, où les personnages ont une identité, une famille, des relations sociales, par conséquent il s’appuie sur des dramaturges au style assez traditionnel comme Marivaux ou encore Shakespeare, dont il traduira Le Conte d’hiver. Il crée le motif du « deal », qu’il ancrera dans sa pièce : Dans la solitude des champs de coton. Koltès aime également tester les limites du théâtre tout en parlant de faits historiques, comme dans Combat de nègre et de chiens, où il expérimente les possibilités et les limites de la scénographie à travers les didascalies, tout en relatant la vie dans les colonies d’Afrique noire.

Dans la scène XII de Combat de nègre et de chiens, Cal sort des égouts un fusil à la main et rencontre Horn, celui-ci lui reproche son hygiène et son odeur. Cal qui cherchait le corps de l’ouvrier qu’il a tué se justifie quant à l’échec de sa quête et est prêt à en découdre avec Alboury. Horn essaie alors de le calmer et de l’amadouer en lui promettant d’intervenir auprès d’Alboury. Cal se lance alors dans une tirade, afin de susciter la compassion de Horn par l’aveu de son crime. Il s’agira ici de voir, quelles sont les caractéristiques de la tirade dite des « crachats » et ce que nous révèles cette dernière sur Cal et ses relations avec son patron.

Nous nous attacherons à montrer que Cal s’oppose à Horn, qu’il conteste son autorité. Puis, nous verrons comment la tirade de Cal démontre son instabilité mentale et enfin, nous montrerons que cette tirade est un simulacre d’argumentation, qu’elle a l’apparence d’un discours argumentatif.

        

Dans un premier temps, la tirade des « crachats » nous fait des révélations sur Cal, parce que ce dernier conteste l’autorité de Horn et s’oppose à son patron.

En effet, Cal conteste l’autorité de Horn parce qu’il l’agresse. Dès les premières lignes de la tirade, il l’insulte en lui disant : « Mais toi tu es un con, un foutu con » (l. 1), il répète : « con » (l.14) et « Foutu con » (l.21). Il utilise des termes généraux par la suite : pour invectiver son supérieur : « les foutus cons ne servent à rien » (l.10). Cal agresse Horn en le contredisant, il affirme être « un salaud » (l.8), car il dit : « Bien sûr que si, que j’en suis un. » (l.2) il répond à son parton en disant également : « D’ailleurs je veux, j’ai décidé d’en être un » (l.3). Il continue son agression envers Horn en employant un air cynique : « et alors heureusement que je suis un salaud, moi » (l.8) pour discréditer Horn. Cal fait preuve de véhémence lorsqu’il répète agressivement les mêmes mots par exemple : « hein » (l.5 ; 6 ; 7) ou encore « tu parlais » (l.19). Il adresse même un très violent « Ta gueule » (l. 58) à son patron.

De plus, il y a une réelle opposition frontale entre les deux protagonistes. Cal ne pense qu’à tuer, il dit : « Moi, je flingue » (l.10 ; 14), alors que Horn pense plus à « parler » (l.48) et c’est bien le reproche que lui fait Cal. D’après l’ingénieur, il en faut pour « l’action » (l. 10 ; 48), donc il faut tuer tous les noirs qui lui crachent dessus. En revanche, Horn préfère avoir une discussion avec les Africains, mais Cal n’étant pas d’accord avec ces manières, il les reproche à son supérieur : « toi, tu parles, tu parles, tu ne sais que parler » (l. 5). Cal continue ses reproches envers les noirs et Horn, mais il utilise cette fois la forme indirecte en disant : « Cela moi je ne les laisserais pas faire, moi ; je suis pour l’action » (l. 49). L’ingénieur se permet même de faire allusion à l’émasculation de Horn, car il dit : « moi, je suis un homme » (l. 49). Il annonce aussi son action prochaine en dévoilant, quand il prévoit de passer à l’acte, il prévient : « quand tu en auras fini, Horn… » (l. 50). Cal conteste encore l’autorité de son supérieur, parce que lorsque Horn lui donne « un ordre » (l. 60) de revenir, il ne l’exécute pas.

Enfin, Cal accuse Horn de ne pas avoir d’autorité et d’être de surcroit un mauvais patron. A travers le personnage de Cal, l’auteur affirme que les « petits moyens secrets » (l. 6) de Horn « ne marcheront pas » (l. 7), il ajoute également : « c’est bien grâce à moi qu’ils ne te crachent pas dessus » (l. 13) en parlant de Horn et des « boubous » (l. 35), il discrédite la manière de faire de Horn : « pas à cause de ce que tu parles, tu parles » (l. 13). Cal tente de montrer une fois de plus la faiblesse des « petits moyens secrets » (l. 6) de Horn, en lui demandant : « Qu’est-ce que tu faisais, alors, toi, si je n’avais rien fait ? » (l. 19) il répond par la suite à cette question rhétorique par une autre question : « tu parlais, toi, tu parlais, avec son crachat en plein milieu de la gueule ?» (l. 20)   Cal reproche par la suite, à son supérieur de fermer les yeux sur les agissements des noirs : « Tu fais comme si tu ne le voyais pas » (l. 23).

L’auteur a démontré à travers cette tirade que Cal conteste l’autorité de Horn par différents subterfuges comme l’agressivité ou les accusations et qu’il s’oppose à lui, notamment frontalement en montrant l’inefficacité de ses méthodes de paroles. Il est désormais temps de voir la démonstration de l’instabilité mentale de Cal dans cette tirade.

        Dans un second temps, la tirade nous révèle des traits de caractère de Cal, car elle tente de montrer son instabilité mentale.

En effet, l’auteur nous présente Cal comme étant fragile mentalement, parce qu’il est complètement fou. C’est à la ligne 10, lorsque Cal dit : « Moi, je flingue un boubou s’il me crache dessus » que l’on peut constater l’ampleur de sa folie et de son excès. Il continue ses exagérations de violence avec ces débuts de phrases : « Moi, je flingue s’il crache » (l. 14) et « Cela moi, je ne laisserai pas faire » (l. 47).  Koltès montre à la ligne 9 que Cal est un personnage présentant des troubles mentaux, car ce dernier se traite de « salaud » et trouve cela normal et même louable. L’auteur ne s’arrête pas là pour dénoncer le déséquilibre mental de son personnage, il lui fait faire un raisonnement totalement cacochyme autour de la composition d’un « crachat » (l. 31), comme en témoigne ces phrases : « Or de quoi est composé un crachat » (l. 31), « De liquide » (l. 31) et « Mais de quoi d’autre encore ?» (l. 33).

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