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Commentaire Caligula le dénouement

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Par   •  16 Mars 2019  •  Commentaire de texte  •  3 087 Mots (13 Pages)  •  2 552 Vues

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GEVA                                                                                                                                                                    1°S2

Lisa

Questions de préparation 

Séance 5 : CAMUS, Caligula, le dénouement 

[pic 1]

Introduction :

La philosophie de l’Absurde est une conception du monde que l’on trouve chez Camus. Elle affirme que le monde n’a pas de signification et cherche à montrer l’absurdité de la condition humaine. Camus raisonne cette philosophie dans Le mythe de Sisyphe, publié en 1942, ainsi que dans la pièce Caligula, écrite en 1938. Représentée pour la première fois en 1945, Caligula met en scène un Empereur Romain du même nom, qui découvre, à l’occasion de la mort de sa sœur Drusilla, l’absurdité du monde. Puisque plus rien n’a de sens pour lui, Caligula décide de s’affranchir de toute règle. L’Absurde est donc incarné dans cet être cruel qui souffre et qui fait souffrir, cherchant désespérément un sens à sa vie. Les scènes que nous nous apprêtons à étudier constituent le dénouement de la pièce et donc le coup de théâtre final. Caligula est en présence de Caesonia et a connaissance du complot d’assassinat fait contre lui. Il y fait le bilan de sa quête de l’impossible et accepte son destin.                                                                                                                                                             En quoi le dénouement de cette pièce peut-il être assimilé à celui d’une tragédie ?                                                                                                                                     Dans un premier temps nous verrons le bilan que Caligula tire de sa quête d’impossible. En second lieu nous montrerons qu’il apparaît comme un personnage à la fois monstrueux et pathétique. Enfin nous étudierons la manière dont sa mort est mise en scène.

        Pour commencer nous allons étudier le bilan que fait Caligula de sa quête, qui est plutôt contradictoire. En effet, dans le début de la scène, Caligula montre clairement qu’il ressent toujours du dégoût, au sens propre et figuré « ils ont le même goût dans la bouche » (l16). Ici on peut remarquer que cette référence au dégoût de la condition humaine est similaire à celle mentionnée dans l’Acte I scène 11, ce qui nous montre que l’état d’âme de Caligula n’a pas évolué. Il fait également référence au sentiment de l’insignifiance de l’existence humaine dans l’hyperbole « Quand vous êtes tous là, vous me faites sentir un vide sans mesure où je ne peux regarder » (l3). A la fin de la scène, dans une longue tirade, évoque son mal être et sa confusion dans l’antithèse « Tout à l’air si compliqué. Tout est si simple pourtant. » (l11). Il affirme dans un rythme ternaire que son bonheur tient à la quête de l’impossible et à la satisfaction qu’il pourrait éprouver « Si j’avais la lune, si l’amour suffisait, tout serait changé. » (l11). Pour symboliser la nécessité de sa quête de l’impossible, Caligula emploie l’image de l’eau dans deux questions rhétoriques succinctes « Mais où étancher cette soif ? Quel cœur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d’un lac ? ». La didascalie « en pleurant » souligne le fait que la quête de Caligula soit vaine et impossible. Il prend finalement conscience de l’impossibilité de son vœu, ce qui est à l’origine de ce désarroi et cette profonde tristesse. Caligula n’est donc finalement pas parvenu à être heureux, comme nous le souligne les négations « Je n’ai pas pris la voie qu’il fallait, je n’aboutis à rien. Ma liberté n’est pas la bonne » (l16) Cependant au milieu de la scène, la quête de Caligula semble avoir été partiellement réalisée et lui avoir été bénéfique pour de divers aspects. Caligula affirme avoir rendu l’homme insensible, projet qu’il avait annoncé à Caesonia dans l’Acte I scène 11. On le voit lorsque Caesonia lui dit « nous sommes encore nombreux à t’aimer » (l19) et qu’il lui affirme « Vous êtes de moins en moins nombreux. J’ai fait ce qu’il fallait pour cela » (l20). Caligula est donc parvenu à insensibiliser le cœur de certains hommes et veut que cela lui arrive. Il va donc rejeter Caesonia en qualifiant ses sentiments à son égard de « tendresse honteuse » (l42). Remarquons par ailleurs que Caesonia a aussi perdu sa sensibilité passée à cause de Caligula « Mais le souci que j’ai de toi m’a fait maintenant une telle âme qu’il n’importe plus que tu ne m’aimes pas » (l29). Ensuite, après avoir évoqué son mal être au début de la pièce, Caligula affirme désormais paradoxalement qu’il est heureux. En effet, il assimile la douleur au bonheur dans le paradoxe « Car je suis heureux. Il y a eu un temps où je croyais avoir atteint l’extrémité de la douleur (…) Au bout de cette contrée c’est un bonheur stérile et magnifique » (l50 à l52). Il qualifie ensuite ce bonheur de « dément » (l63), puisque c’est en tuant qu’il dit être heureux. En effet Caligula se sent plus proche des morts que des vivants, c’est la raison pour laquelle il tue « Je ne suis bien que parmi mes morts » (l4). Puis il assure avoir gagné en liberté, ce qui est mis en avant par le comparatif « me voilà plus libre qu’il y a des années » (l61), la notion du bilan est ici explicitement évoquée par la comparaison entre le passé et le présent. Il a acquis cette liberté en négligeant le « souvenir » (l61) et « l’illusion » (l61) de la mort de Drusilla. S’isoler des autres hommes en exerçant un pouvoir tyrannique lui a permis d’acquérir la « divine clairvoyance du solitaire » (l69, l70). Il considère donc la solitude comme lui étant bénéfique et désire donc « la solitude éternelle » (l75). Ce bilan contradictoire est également perceptible par les didascalies changeantes. En effet lorsqu’il mentionne les bénéfices que lui ont apportés cette quête d l’impossible, « il rit d’une façon passionnée » (l61) ; tandis que quand il évoque le côté vain de cette même quête, on a un Caligula « pleurant » (l12) (l14) ou bien « criant » (l15).

Maintenant que nous avons étudier les différentes conclusions que tirent Caligula de sa quête de l’impossible, nous allons voir qu’il apparaît comme un personnage digne de la catharsis, puisqu’il apparaît à la fois comme monstrueux et pathétique.

Tout d’abord, le caractère monstrueux de Caligula est perceptible dans les paroles qu’emploient Caesonia pour le décrire. En effet elle le déshumanise en l’assimilant à un être terrifiant « te recevoir cruel et déchiré, de sentir ton odeur de meurtre ». Elle insiste aussi sur la transformation de Caligula en créature inhumaine, comme nous le souligne la métaphore « Tous les jours, je vois mourir un peu plus en toi ce qui a figure d’homme » (l27). Elle personnifie ensuite le bonheur « Le bonheur est généreux. Il ne vit pas de destructions » (l49), ce qui renforce le caractère destructeur et donc monstrueux de Caligula. Caligula affirme que c’est d’être un meurtrier qui le rend heureux, ce qui est souligné par le présent gnomique « il est deux sortes de bonheurs et j’ai choisi celui des meurtriers » (l50). Caesonia tente de lui faire prendre conscience que le monstre qu’il est devenu ne peut être heureux, ce qui est mis en valeur par la question « Est-ce donc du bonheur, cette liberté épouvantable ? » (l67). Ensuite on perçoit l’aspect monstrueux de Caligula dans ses réflexions. Tuer ses semblables lui est bénéfique, ce qui est montré par le rythme binaire « Quand je ne tue pas, je me sens seul. » (l3). Il a conscience que cela est paradoxal, puisque cela est précédé de « C’est drôle. » (l3). Caligula fait des références aux actions terrifiantes qu’il a effectué, que ce soit de la torture : «tel ou tel qui cria vers moi pour être gracié et à qui je fis couper la langue » (l7), ou bien des meurtres : « ceux dont j’ai tué les fils ou le père » (l16). Il tente de décrédibiliser la création pour prôner la destruction, ce qui est mis en avant par le parallélisme de construction « j’exerce le pouvoir délirant du destructeur, auprès de quoi celui du créateur paraît une singerie » (l72). Il énumère les aspects de ce bonheur destructeur « cet universel mépris, le sang, la haine autour de moi, cet isolement non pareil de l’homme (…) cette logique implacable qui broie des vies humaines » (l73, l74) . Ici, le verbe broyer accentue la terreur que fait régner Caligula, en tuant en masse.   Par ailleurs, le côté monstrueux de Caligula ressort dans le fait qu’il soit la cause du malheur des hommes « je n’ai pas seulement la bêtise contre moi, j’ai aussi la loyauté et le courage de ceux qui veulent être heureux » (l11). On assiste dans ces scènes au meurtre de Caesonia par Caligula, détaillé par les didascalies, ce qui le rend davantage monstrueux puisque le spectateur le voit en action. Il commence par lui « renverse[r] un peu la tête » (l37), puis après quelques échanges, « Caesonia se retire de ses bras » (l44). Ensuite Caligula met en scène la mort imminente de Caesonia en employant la métaphore de la fin d’une scène au théâtre « Caesonia, tu as suivi jusqu’au bout une bien curieuse tragédie. Il est temps pour toi que le rideau se baisse » (l63, l64). Il semble vouloir l’étrangler, comme nous l’expose la didascalie « Il passe à nouveau derrière elle et passe son avant-bras autour du cou de Caesonia » (l65). La scène de strangulation est progressive, comme nous le percevons par les didascalies « Caligula, écrasant peu à peu de son bras la gorge de Caesonia » (l68) « étranglant peu à peu Caesonia ». Caligula parvient finalement à faire mourir Caesonia, puisqu’il « la traîne sur le lit où il la laisse tomber » (l80). Cette scène de meurtre qui s’inscrit dans le temps terrifie le spectateur, ce qui est accentué par la souffrance de Caesonia, soulignée par les didascalies « avec effroi » (l66) « se débattant faiblement » (l76) « Caesonia râle » (l80). Même si le spectateur perçoit Caligula comme un monstre terrifiant, il lui arrive par ailleurs d’éprouver de la pitié pour ce même personnage. C’est donc un personnage digne de la catharsis, puisqu’il purge ses passions. Dans le début de la scène, l’aspect pathétique de Caligula apparaît dans l’expression de son mal être, qu’il n’est pas parvenu à changer. Il exprime ses sentiments en utilisant le verbe sentir « je me sens seul » (l3) « vous me faites sentir un vide » (l4) et évoque « l’ennui » (l3). Ensuite, cette « maladie de l’âme » qui fait éprouver de la pitié aux spectateurs est reprise par Caesionia « Je voudrais seulement te voir guérir » (l30), elle donne l’image d’un Caligula innocent à cause de son jeune âge « toi qui es encore un enfant » (l30). Dans ce début de scène, Caligula semble malheureux et se plaint à plusieurs reprises, tel que le souligne l’hyperbole « ma vie m’apparaît si longue, si chargée de dépouilles, si accomplie enfin » (l38, l39). En ce qui concerne la fin de la scène, c’est dans sa tirade que Caligula apparaît comme pathétique. En effet, il se rend compte que sa quête de l’impossible est vaine et ne lui a rien apporté, d’où son extrême tristesse, montrée par l’anaphore de la didascalie « pleurant » (l12, l14) ainsi que sa colère, illustrée par la didascalie « criant » (l15).

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