Baudelaire "Soleil"

Lecture analytique de « Soleil », Tableaux parisiens, Baudelaire

Comment l’évocation du soleil et des paysages urbains rend-elle compte de l’activité poétique et de son rôle ?

I-        Le cadre décrit par le poète : le paysage ambivalent du faubourg

A-        Un paysage urbain sombre et délabré

-        Peu lumineux : « vieux faubourg », « masures » à la rime + rejet de « persiennes » qui « pendent » au v.1-2 : évoque état de délabrement où tout semble tomber en ruine.

-        Au délabrement urbain correspond la décrépitude morale par la rime « masures/ secrètes luxures » : Ce faubourg « abrite de secrètes masures » : met en exergue débauche et vices de la société

-        Présence de « porteurs de béquille et d’« hôpitaux » évoque un monde malade.

-        L’aspect miséreux est renforcé par l’utilisation de l’adjectif « vile » qui caractérise les « choses » de la ville et insiste sur le caractère corrompu de la société

-        contraste avec la deuxième partie du poème où Baudelaire reprend les topoi de la pastorale : les roses poussent dans les champs, les ruches sont pleines de miel. Faubourg = lieu à la frontière entre la ville moderne et le cadre plus rural de la banlieu immédiate de Paris (aujourd'hui disparu) : les effets du soleil sont les mêmes sur la ville et sur les champs : les vers poussent entre les pavés dans la première strophe et parmi les blés dans la deuxième.

B-        Le soleil lumineux

-        Soleil = personnage à part entière : il le personnifie en lui donnant des caractéristiques humaines : « quand le soleil cruel frappa à traits redoublés » (v.3) : allitération en [r] rend la lecture difficile : lutte avec le lecteur.

-        Périphrase méliorative « père nourricier » qui « éveille », « fait évaporer les soucis », « rajeunit », « rend gais » : verbes d’actions pour montrer actions positives du soleil.

-        Métaphore du « roi » : soleil = être tout puissant capable de « commander aux moissons de croître et de mûrir » et d’ennobli[r] le sort des choses les plus viles »

-        Le soleil s’introduit « sans bruit et valets// dans tous les hôpitaux et dans tous les palais » : discrétion et humilité caractérisent le soleil autant que la soif de toute puissance : éloge du soleil.

II-        Le sens donné à l’écriture poétique

A-        L'apparition/ l'évocation du poète

- Le poète devient sujet du poème en s’exprimant à la première personne.

- vers 6, champ lexical de la poésie : « rime », « mots », « vers » : v.6 à 8 évoquent les difficultés de l‘artiste : « hasard », « trébuchant », « heurtant », « parfois » : portrait d'un poète marginal, décalé, ironique, maladroit : La création poétique peut être liée à l’aléatoire : « hasards de la rime » (v6), « heurtant parfois des vers » (v8). Le poète tel un promeneur avide de marche connait son point d’arrivée mais ne sait pas ce que le chemin lui réserve durant sa promenade. Le poète se présente comme un marcheur : si la poésie paraît accidentelle (« trébuchant », « heurtant parfois »), le poète provoque ces incidents en allant se promener dans le « faubourg »

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