BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, "Une charogne" (L.A.)
Commentaire de texte : BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, "Une charogne" (L.A.). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar shubac • 1 Décembre 2015 • Commentaire de texte • 1 197 Mots (5 Pages) • 3 697 Vues
BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, « Une charogne »
- La description esthétisée d’un élément ignoble
I.1. La putréfaction : description écœurante.
Champ lexical de la décomposition («charogne infâme, suant les poisons, ventre plein d’exhalaisons, pourriture, rendre au centuple, carcasse, puanteur, mouches, noirs bataillons, larves, épais liquide, vivants haillons, squelette, ordure, horrible infection, moisir parmi les ossements, vermine).
- Ce champ lexical est concentré sur la première moitié du poème ; après, il disparaît pour réapparaître à la fin, lors de l’évocation de la femme aimée. Il contient en lui l’évocation d’insectes liés dans l’imaginaire collectif à la saleté, au pourrissement (larves, mouches, vermine). Les mots employés renvoient à un sujet que l’on ne s’attend pas à trouver dans un poème, or, ce champ lexical est énorme : ce thème de la putréfaction domine tout le texte (surtout la première moitié).
Thème dominant dès le v.3 → 38.
La « chienne », au vers 33, achève la description écœurante en mettant dans l’imaginaire du lecteur un combat entre un charognard et sa proie inerte et infecte.
I.2. Présence des arts et des techniques
v.25 : « musique », v.27 : « vanneur/van », v.30 : « ébauche », v.31 : « toile/artiste »
Baudelaire évoque la musique, la peinture, et le savoir-faire du paysan qui trie le grain qu’il a ramassé. Cela donne non seulement à la nature un rôle artistique, comme si elle créait de la beauté (à partir de cette charogne en putréfaction) à la manière des artistes qui créent de la beauté à partir de leurs matériels, mais aussi cela donne au poète un rôle similaire à celui de la nature : créer du beau, en ne retenant que le beau dans toute scène de la vie, y compris les plus ignobles.
I.3.La nature : description paradoxale, entre beauté romantique et réalisme cru.
v.2 : décor romantique pour une promenade entre deux amoureux. Adjectifs mélioratifs (« beau », « doux »), évocation de la saison la plus claire, qui met en valeur la nature dans tout son foisonnement : « le soleil rayonnait » + « été ».
Dès le vers 3, la « charogne infâme » vient trancher dans ce décor idyllique. Et les deux idées (beauté romantique et réalisme cru) ne vont plus cesser de s’entremêler dans le texte, éveillant une ambiguïté à déterminer.
Personnification du ciel au vers 13 : romantisme, mais tout de suite, un oxymore : « carcasse superbe », deux antithèses (« fleur/puanteur » et « s’épanouir/s’évanouir »), qui viennent souiller la pureté romantique du contexte.
Rimes : « charogne infâme »/ « mon âme » = objet de l’amour du poète ! Retrouvé là : « cette horrible infection/ma passion ».
« doux/cailloux » : contradiction
« pourriture/nature » : contradiction, qu’on retrouve plus tard : « nature/ordure »
« s’épanouir/s’évanouir » : contradiction (vie/mort)
« sacrements/ossements » : rapproche le spirituel (religieux) du corporel.
« vermine/divine » : être vivant le plus misérable/Dieu !
« baisers/décomposés » (le baiser réunit dans un acte d’amour → contradiction avec l’idée de décomposition.
L’évocation du combat de la chienne, charognard, avec la « carcasse », rend la charogne attirante, grâce à un vocabulaire culinaire : « cuire à point », déjà, vers 10, puis « épiant […] le morceau », comme on convoite un morceau de viande, alors qu’il ne s’agit plus que d’un « squelette » (vers 35-36).
- Le thème de la femme : vers une déclaration d’amour
II.1. Double comparaison charogne-femme.
rime « mon âme »/ « charogne infâme »
« lit », v.4 = lieu d’amour ?
Comparaison de la charogne avec une femme → personnification, qui évoque la sensualité, et même la luxure. (v.5 à 8) (voc. de l’humain). La charogne ressemble à un être immoral. Baudelaire, en faisant ressortir de la beauté d’une scène ignoble, non seulement dépasse la dichotomie beau/laid, mais aussi s’élève au-delà du bien et du mal.
La femme aimée, à son tour, est comparée à la charogne. V.37 à 48.
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