Baudelaire, " Une charogne ", Les Fleurs du Mal, XXIX
Cours : Baudelaire, " Une charogne ", Les Fleurs du Mal, XXIX. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hugo Vieira • 6 Octobre 2021 • Cours • 400 Mots (2 Pages) • 454 Vues
Séance n°8 : Lecture Analytique
Baudelaire, " Une charogne ", Les Fleurs du Mal, XXIX
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme1,
Ce beau matin d'été si doux ;
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique2,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique3
Son ventre plein d'exhalaisons4.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple5 à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride6,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons7.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur8 d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir. (...)
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors,
...