Analyse poème "La Vie Antérieure"

Lecture Analytique 15 : « La Vie antérieure » Baudelaire

Introduction :

Baudelaire, poète du XIXème siècle publie les Fleurs du Mal en 1857. La pensée Baudelairienne est marquée par les topoï du voyage et de l’exotisme. Le poème « la vie antérieure » est un sonnet écrit en alexandrins à rimes embrassées. Dans ce poème, le poète apporte une expérience onirique vécue sur une île exotique où règnent intensité lumineuse et plaisirs des sens. Cependant le texte se clôt sur une évocation pessimiste et angoissante.

Problématique : En quoi l’expérience synesthésique permet d’échapper au spleen ?

Nous verrons tout d’abord que le poète met en scène un ailleurs édénique avant de constater que ce monde n’est en réalité qu’éphémère

I – Un Ailleurs édénique

1. L’immensité

Le 1er quatrain annonce d’emblée l’immensité :

• Pluriels : « vastes portiques » ; « grattes » ; « soleils » = espace vaste
• Accumulation : « vagues ; splendeurs ; esclaves »
• Rythmes binaires : « solennelle et mystique » ; « droit et majestueux »

1. La splendeur

• Adjectifs mélioratifs « riche ; puissants ; majestueux » connotent le luxe
• Lexique lié à l’architecture antique « portiques ; piliers »
• Diversité du lieu : composition ascendante qui fait passer des profondeurs de la terre aux sphères célestes avec « grottes ; vagues ; cieux »

1. L’exotisme

• Le poète plonge le lecteur dans un monde exotique, champ lexical de l’île « soleils ; vagues ; palmes »
• « esclaves nus » = topos de l’exotisme
• Allitération en L « palme ; soleils ; milles ; houles ; ect » dans l’ensemble du poème
• Elle accentue l’idée de douceur et de sérénité dans le paysage exotique -> sensation de bien-être pour le lecteur

II – Mais un Ailleurs éphémère

1. Une expérience onirique

• Ce monde idéal exagère les impressions et sensations avec l’hyperbole « milles feux »
• Ce paysage édénique abrite tous les possibles comme nous l’indique l’oxymore « soleils marins » + antithèse grottes / portiques qui renvoie à 2 paysages différents
• Présence d’une synesthésie : sensation visuelle « couleurs » + auditive « musiques » + olfactives avec « odeurs »

1. La vie ultérieure

• La vie antérieure s’oppose à la vie ultérieure, celle vécue par le poète au moment de l’écriture. Vie antérieure est un souvenir pour Baudelaire au moment de l’écriture -> utilisation de temps passés « j’ai vécu ; me faisait »
• Cet aspect éphémère peut faire référence au mythe de la caverne que Platon théorise : les Hommes n’ont d’accès qu’à une représentation du monde qu’ils croient être la vraie
• Champ lexical péjoratif fait entrer le spleen dans le poème « secret ; douloureux ; languir »

1. L’irruption du spleen

• Le poète reste seul malgré ce monde idéal
• Groupe participe passé passif « esclaves nus imprégnés d’odeurs » considère les esclaves comme des flacons de parfum qui laissent le poète seul
• La mort semble être la seule alternative au réel, champ lexical de l’au-delà « cieux ; azur ; tout-puissants » et le poème se clôt sur l’idée du spleen : « languir »

Conclusion :

La Vie Antérieure met en scène un ailleurs édénique à la fois perdu dans l’immensité, empli de splendeurs naturelles et luxueuses et marqué par l’exotisme.

Toutefois, Ailleurs éphémère qui annonce une vie ultérieure que le poète associe au spleen. Par l’entremise de la synesthésie, les sensations et les impressions se trouvent démultipliées. Baudelaire ne saurait faire durer ce voyage car il demeure seul, ultime trace de cette tentative d’évasion vouée à l’échec. En peinture, Paul Gauguin exploitera lui aussi les topoï du voyage et de l’exotisme comme alternative au réel « L’or de leur corps »

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