Une charogne de Baudelaire

Une charogne, Charles Baudelaire 1857

Intro :

Charles Baudelaire est un poète français du XIXe siècle, il publie son premier recueil intitulé « Les Fleurs du Mal » en 1857. C’est un recueil poétique divisé en 6 sections, le poème « Une charogne » fait partie de la première section « Spleen et Idéal » il se trouve entre « Le serpent qui danse » et « De profundis clamavi ». Une charogne est un poème qui se compose de 12 quatrains aux rimes croisées, d’entrée de jeu nous pouvons constater un titre qui interpelle « une charogne » : En effet il renvoie à un thème apoétique. Ce poème décrit une promenade interrompue par une vision d’horreur : l’apparition d’un cadavre en décomposition.

Lecture du poème

Nous allons nous demander comment Baudelaire parvient à transformer l’informe en objet transfiguré . Nous dégageons 3 mouvements dans ce poème, le 1er est une rencontre surprenante, le 2ème une résurrection artistique et le 3ème une prophétie cruelle.

1er mouvement : Une rencontre surprenante (v1 à 12).

     Baudelaire démarre son poème par une rencontre surprenante. La première question qui se pose à la lecture de ce poème c’est celle de l’énonciation : A qui Baudelaire s’adresse t-il dans le vers 1 quand il dit « Rappelez-vous » ? Le seul indice pour le moment est à la fin du vers 1 « mon âme » donc 2 possibilités : soit Baudelaire s’adresse à son âme soit il s’adresse à l’être aimé et il l’entraîne dans une sorte de promenade poétique. Bon voyons la suite.

Par la suite Baudelaire installe un cadre spacio temporel avec au vers 2 le groupe nominal « beau matin d’été » qui ramène à la douceur, un cadre propice pour une balade amoureuse + « ce, si » allitération en [s] intensifie cette notion de douceur.

V3 : rupture du cadre propice, on a un contraste avec la douceur de ce matin d’été si doux évoqué juste avant

V4 : contraste renforcé par « lit semé de cailloux », cailloux qui s’oppose à la douceur on peut les imaginer pointus.

La description de cette charogne commence donc par cette rupture.

V6 : Baudelaire compare la charogne à « une femme lubrique » qui rappelle la sexualité très importante chez Baudelaire.

Baudelaire fait appelle à notre vue et notre odorat par exemple avec les « poisons » : on peut imaginer une sorte de substance toxique qui nous atteindrait mais aussi des « exhalaisons »

Ce qu’on peut voir aussi c’est que le regard de Baudelaire sur cette charogne n’est pas neutre, il ne la représente pas comme un simple objet inanimé, il utilise le verbe ouvrir à l’imparfait « ouvrait » comme si ce cadavre faisait exprès d’être choquant. Et cette idée que la charogne est censée être une chose morte mais qui a pourtant un aspect un peu vivant chez Baudelaire va se poursuivre dans la suite.

V9 : nous avons une antithèse entre l’idée de lumière « soleil » et la mort donc l’obscurité avec « pourriture »

V10 : la charogne est comparée à de la nourriture cuite à point par le soleil.

Pour conclure ces trois premières strophes nous ramènent aux images d’une balade amoureuse surprenante avec la rencontre d’un cadavre en décomposition.

2ème mouvement : une résurrection artistique (v13 à 36).

     V13 : « une carcasse superbe » oxymore choquante, il y a une transformation a connotation positive du corps

V14 : comparaison choquante pour parler d’une chose morte. Rappel des fleurs du mal, l’idée d’extraire la beauté du mal du cadavre pourissant, la fleur se relève.

Les vers 15 et 16 vont nous faire revenir à la réalité concrète de la charogne avec sa puanteur

V16 : il y a un rappel de l’énonciation avec « vous » donc Baudelaire parle à un être aimé qui a fait cette promenade avec lui a priori car si c’était à son âme ça n’aurait pas de sens qu’elle s’évanouisse.

Strophe 5 :

V17 : Dans ce cadavre nous constatons qu’il y a de la vie avec « mouches », « larves », « vivant » donc des êtres vivants qui viennent sur ce cadavre pour se nourrir, pondre, bref…

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