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Oral : Flaubert / Madame Bovary

Dissertation : Oral : Flaubert / Madame Bovary. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Janvier 2022  •  Dissertation  •  2 570 Mots (11 Pages)  •  483 Vues

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Flaubert –Madame Bovary : Première partie, chapitre 8 –commentaire de texteEmma Bovary qui a rêvé toute sa vie d’aventure et de grands sentiments et qui se morfond avec son mari, Charles Bovary, «aussi plat qu’un trottoir», est enfin invitée à un bal, par le marquis d’Andervilliers, au château de Vaubeyssard...Quelques hommes (une quinzaine) de vingt-cinq à quarante ans, disséminés parmi les danseurs ou causant à l’entrée des portes, se distinguaient de la foule par un air de famille, quelles que fussent leurs différences d’âge, de toilette ou de figure.Leurs habits, mieux faits, semblaient d’un drap plus souple, et leurs cheveux, ramenés en boucles vers les tempes, lustrés par des pommades plus fines. Ils avaient le teint de la richesse, ce teint blanc que rehaussent la pâleur des porcelaines, les moires1du satin, le vernis des beaux meubles, et qu’entretient dans sa santé un régime discret de nourritures exquises. Leur cou tournait à l’aise sur des cravates basses ; leurs favoris2longs tombaient sur des cols rabattus ; ils s’essuyaient les lèvres à des mouchoirs brodés d’un large chiffre3, d’où sortait une odeur suave. Ceux qui commençaient à vieillir avaient l’air jeune, tandis que quelque chose de mûr s’étendait sur le visage des jeunes. Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement4assouvies ; et, à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination de choses à demi faciles, dans lesquelles la force s’exerce et où la vanité s’amuse, le maniement des chevaux de race et la société des femmes perdues.À trois pas d’Emma, un cavalier en habit bleu causait Italie avec une jeune femme pâle, portant une parure de perles. Ils vantaient la grosseur des piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de Gênes, le Colisée au clair de lune. Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu’elle ne comprenait pas. On entourait un tout jeune homme qui avait battu, la semaine d’avant, Miss-Arabelleet Romulus, et gagné deux mille louis à sauter un fossé, en Angleterre. L’un se plaignait de ses coureurs qui engraissaient ; un autre, des fautes d’impression qui avaient dénaturé le nom de son cheval.L’air du bal était lourd ; les lampes pâlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ; au bruit des éclats de verre, madame Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l’heure présente, sa vie passée, si nette jusqu’alors, s’évanouissait tout entière, et elle doutait presque de l’avoir vécue. Elle était là ; puis autour du bal, il n’y avait plus que de l’ombre, étalée sur tout le reste. Elle mangeait alors une glace au marasquin5, qu’elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil, et fermait à demi les yeux, la cuiller entre les dents.1Les moires (du satin): étoffe aux reflets changeants.

2Favoris: ligne de barbe qu’on laisse pousser à partir des tempes de chaque coté du visage.3Un chiffre: des initiales.4Journellement: tous les jours.5Marasquin: liqueur à la cerise.Commentaire Partie 1 chapitre VIII deMadame BovaryIntroductionL’histoire tragique d’Emma Bovary, née Rouault, inspirée à Flaubert par un fait réel, est une histoire universelle, celle du rêve de jeunesse qui se brise sur l’ennui de l’âge adulte. Passionnée par la lecture des romans, passionnée par nature, Emma épouse, afin de quitter son milieu paysan, un jeune médecin dont la carrière semble prometteuse, mais qui s’avérera d’une médiocrité désespérante. Ainsi, pour tromper son ennui, elle trompera son mari, puis ne voyant plus aucune possibilité de s’échapper, il finira par fuir définitivement, en ingurgitant de l’arsenic.Le bal décrit dans cette scène avait été longtemps rêvé et désiré par Emma. Le marquis d’Andervilliers l’avait invitée, elle et son mari, au château de la Vaubeyssard, pour remercier Charles de ses services. Attendue depuis toujours,il se révèle cependant décevant et joue un rôle déterminant dans le processus de désillusion qui mène Emma au suicide.En quoi cette scène de bal est-elle une désillusion aux conséquences tragiques?Pour le comprendre, nous étudierons dans une première partie la description du bal, ce qui nous permettra dans une seconde partie de nous intéresser à la critique flaubertienne.DéveloppementI.Un bal fastueuxA.Le luxe et le rêveNous entrons dans un monde merveilleux de luxe qui correspond a prioriaux attentes d’Emma Bovary, qui répond à ses rêves romanesques. C’est sur le luxe que se concentre la description: le luxe et la richesse des objets et des personnes.

Ainsi, les «quelques hommes» qui «se distinguaient de la foule» présentent toutes les marques habituelles de la richesse: des habits «mieux faits», «plus souples», des cheveux «lustrés par des pommades plus fines». L’usage répété de l’adverbe «plus»esquisse un univers hyperboliqueoù tout est exagéré. Les matières évoquées sont précieuses(«porcelaine», «satin», «mouchoirs brodés»), ainsi que la nourriture: «Elle mangeait alors une glace au marasquin, qu’elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil». La glace, évidemment, à cette époque, est un produit de luxe, et la «coquille de vermeil» un objet rare (la nourriture tient une place importante dans ce texte: le narrateur précise même que les hommes riches du début du texte ont «un régime discret de nourritures exquises»).Enfin, comme il fait trop chaud, et que «l’air du bal [est] lourd» (à cause des fumées certainement), «un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres»: summum d’une richesse qui est aussi un gaspillage.Cette richesse s’oppose à la pauvreté de l’enfance d’Emma: les «nourritures exquises» et la «glace au marasquin» contrastent avec «les terrines de lait» qui reviennent alors à la mémoire de la jeune femme.Enfin, les sujets des conversations tournent autour de voyages lointains («Italie», «Saint-Pierre», c’est-à-dire Rome, «Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines», «Gênes») et d’activités réservées à l’élite: l’équitation.Voyages, richesse, luxe, Emma se confronte à la réalité de son rêve...B.Un monde de sensationsDans cet univers magique, nous voyons donc que la primauté est donnée aux sensations, contre

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