Flaubert, Madame Bovary (1857), 2ème partie, Chap. IX
Commentaire de texte : Flaubert, Madame Bovary (1857), 2ème partie, Chap. IX. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jeannine2006 • 19 Mars 2023 • Commentaire de texte • 1 525 Mots (7 Pages) • 306 Vues
Madame Bovary, est sans doute le roman le plus célèbre de Gustave Flaubert. Le roman paraît en 1857,
après un travail acharné de presque cinq ans et des milliers de pages de brouillon. Flaubert est traduit en justice
pour « outrage à la morale publique, aux bonnes mœurs et à la religion ». Il est finalement acquitté et le procès
assure le succès de son roman qui est aujourd’hui considéré comme une des œuvres littéraires les plus
importantes du XIXème siècle.
Flaubert y raconte l’histoire d’Emma, jeune femme pleine d’imagination, déçue par son mariage avec
Charles Bovary. Elle rêvait d’une vie aventureuse, semblable à celle des héroïnes des romans sentimentaux
qu’elle a dévorés dans sa jeunesse, il ne lui offre que la vie ennuyeuse d’épouse de médecin dans une petite ville
normande. C’est d’ailleurs de son nome de famille qu’est né le nom « bovarysme », qui désigne une tendance à
Après avoir été amoureuse du timide Léon, le jeune clerc de notaire, Emma est tombée sous le charme de
Rodolphe, un aristocrate séducteur et sans scrupule. Dans les lignes qui précèdent cet extrait, Emma vient de
céder à ses avances lors d’une promenade dans les bois. C’est un moment important du roman car après s’être
abandonnée défaillante et presque inconsciente dans les bras de Rodolphe, elle choisit de savourer le plaisir de
l’adultère. Ce passage fut cité par le procureur impérial lors du procès intenté à Flaubert pour offense à la
morale publique.
Problématique : Comment une scène d’introspection permet-elle à Flaubert de faire la satire du
romantisme ?
1
er mouvement : Emma seule face à elle-même
Et, dès qu’elle fut débarrassée
de Charles, elle monta s’enfermer
dans sa chambre.
D’abord, ce fut comme un
étourdissement ;
elle voyait les arbres, les
chemins, les fossés, Rodolphe, et elle
sentait encore l’étreinte de ses bras,
tandis que le feuillage frémissait et
que les joncs sifflaient.
Besoin de s’isoler. Le verbe débarrasser montre la mésentente du
couple ou, du moins, le fait qu’Emma ne supporte pas son époux.
Connecteur temporel, verbe au passé simple (action de 1er plan
dans le passé) : entrée soudaine dans la conscience du
personnage
Comparaison : Emma se trouve dans un état de confusion, de
perte de contrôle, à la fois physique et mental (un étourdissement est
un trouble caractérisé par une sensation de tournoiement et une perte
momentanée de conscience)
Retour en arrière (analepse) avec l’utilisation de l’imparfait.
Lexique de la sensation vue, toucher, ouïe), verbes de perception
permettant d’évoquer l’acte sexuel de façon subtile et pudique,
mais assez explicite. (NB : le nom « étreinte » qui désigne l’action de serrer
dans ses bras ou d’exercer une pression est parfois utilisé pour parle de l’acte
sexuel – verbe « étreindre »)
Enumération d’éléments du paysage : l’amant se confond avec
celui-ci. C’est un thème courant dans le romantisme, mais on
peut percevoir l’ironie de Flaubert : Rodolphe est associé aux
« fossés », connotés négativement.
On peut aussi observer que l’ordre de l’énumération suit un
mouvement de haut en bas (des arbres aux fossés) Chute
d’Emma ? Rodolphe encore plus bas que les fossés ?
Contraste discret entre l’émerveillement d’Emma et
l’ironie de Flaubert.
2
ème mouvement (§ 2, 3) La transfiguration d’Emma
Mais, en s’apercevant dans la
glace, elle s’étonna de son visage.
Jamais elle n’avait eu les yeux si
grands, si noirs, ni d’une telle
profondeur.
Quelque chose de subtil épandu
sur sa personne la transfigurait.
Elle se répétait : « J’ai un
amant ! un amant ! »
se délectant à cette idée comme à
celle d’une autre puberté qui lui serait
survenue.
Elle allait donc posséder enfin ces
joies de l’amour, cette fièvre du
bonheur dont elle avait désespéré.
Elle entrait dans quelque chose de
merveilleux où tout serait passion,
extase, délire ; une immensité
bleuâtre l’entourait, les sommets du
sentiment étincelaient sous sa
pensée, et l’existence
...