Les fausses confidences de Marivaux
Commentaire de texte : Les fausses confidences de Marivaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar benoit18 • 14 Avril 2022 • Commentaire de texte • 2 308 Mots (10 Pages) • 662 Vues
- En quoi le stratagème occupe-t-il une place privilégiée dans la pièce Les Fausses confidences ?
- Analyse du titre de l’œuvre :
- Titre initial au singulier, puis passe au pluriel, signalant ainsi que la parole fausse contamine l’ensemble de la pièce, et n’est pas propre à une scène centrale. C’est d’ailleurs sous ce pluriel que la pièce a connu son premier vrai succès.
- oxymore
- Définition du terme confidence : secret, vrai, communiqué en privé, sans arrière- pensée. La Confidence présuppose intimité, le respect du secret, la confiance. Au XVIIIème s., la confidence répondait aux mêmes lois que le « dépôt » qui, d’après la définition de l’Académie, était « chose sacrée à garder religieusement ». Dubois profane toute intimité en se substituant à D pour mimer sa déclaration et la mettre en scène, mobiliser au service de son maître toute sa passion d’acteur et de manipulateur :
- Disparition de l’intimité, du secret. Les personnages ne cessent de dire tout haut ce qu’ils devraient taire, ils parlent très souvent devant des tiers alors que la teneur de la conversation exigerait le respect d’une forme d’intimité, et ils trahissent la parole qu’ils ont donnée, les promesses qu’ils ont exprimées.
- Sens du GN Fausse confidence ? : une fausse confidence est-elle une confidence mensongère, qui dit le faux en le faisant passer pour le vrai ? Porte-elle donc sur le contenu du message ? Ou bien : une confidence fausse en ce qu’elle ne s’adresse pas au bon destinataire ? Qu’elle n’est pas prononcée par le bon destinateur ? Fausses confidences//confidences fausses : première expression renvoie à une confidence malvenue, déplacée, qui se trompe d’émetteur et/ou de destinataire. Seconde expression désigne une confidence qui transmet un message erroné.
On peut finalement repérer trois types de fausses confidences :
- 1/ Trahison de la parole donnée, indiscrétion. Ainsi, le sentiment de trahison ressenti par Araminte en II, 12, lorsqu’elle déclare à son valet : « Tu es bien imprudent, Dubois, bien indiscret […] Je t’avais recommandé de te taire sur le chapitre de Dorante […] et tu me l’avais promis ».
- 2/ Secret éventé. Confidence fausse sur le rapport de l’énonciation. Discours vrai qui n’a de faux que son aspect énonciatif. Faux secret dont le secret est qu’il n’y a pas de secret. La fausseté ne réside pas dans le contenu, dans l’information, mais dans la manière de le dire, dans le choix du moment et du destinataire. Cette fausse confidence est un coup de fourbe. C’est le cas de la déclaration d’amour interposée qui a lieu en I, 14. Dubois dit le vrai, mais la situation d’énonciation pose problème. Il prend le masque de l’hypocrite pour servir, indirectement, la sincérité amoureuse de Dorante.
- 3/ Discours mensonger : Remy fait croire à Marton que Dorante l’aime depuis quelque temps en I, 4. En II, 13, Araminte feint d’avouer aimer le Comte pour contraindre Dorante à lui révéler son amour.
- Analyse du titre du parcours associé « théâtre et stratagème »
- « stratagème » : def « Ruse de guerre. Il s'emploie figurément et signifie Ruse, feinte, manoeuvre, moyen artificieux dont on use dans toutes sortes d'affaires.
- « Et » : la conjonction de coordination indique qu’il y a un lien à établir entre le théâtre (genre) et le stratagème : ruse de guerre.
- Points communs entre le théâtre et le stratagème : deux mondes d'illusion et la notion même de « jeu », ex : Dubois qui agit sans intérêt. Il y a donc quelque chose de l’ordre du jeu
- Deux divertissements
Le rusé aime se masquer, se travestir, mettre en œuvre tous les atouts de son imagination, jouer son rôle à la perfection par son langage, ses gestes, les inflexions même de sa voix. Quand sa ruse fonctionne, qu’il s’agisse de comédie ou de tragédie, c’est d’abord lui qui en tire un réel plaisir, par le pouvoir qu’il conquiert ainsi.
- Deux mensonges : le théâtre = une illusion, une fiction qui se joue devant nous, comme si elle était réelle. De ce mensonge qu’est la mise en scène du stratagème naît son contraire, la vérité : celle des cœurs, souvent masquée par l’amour-propre ou la peur d’autrui.
- Faites un résumé succinct de la pièce en vous aidant éventuellement des pages 146 à 153 de votre livre (édition Hatier)
- Qui ment dans la pièce ? donnez des exemples précis à travers toute l’œuvre.
Tout le monde ment
- Dès le début le stratagème de Dubois est mis en place, cf la scène 1 : Dorante se fait passer pour un intendant et manipule son oncle afin que celui-ci le recommande à Araminte.
- M. Rémy ment ; quand il fait croire que Dorante a des vues sur Marton. (acte I, sc 4, c’est même la première fausse confidence)
- Dubois fait croire à Araminte que Dorante est fou, autre fausse confidence. I, sc14.
- Araminte qui fait croire que finalement elle veut se marier avec le comte.
- Le comte qui fait croire qu’Araminte est contrainte de se marier pour des raisons financières.
- Présentez Dubois : identité, rôle, motivations, relations avec Araminte et avec Dorante
Les Fausses Confidences est une pièce qui repose sur les épaules d’un valet et témoigne d’une hiérarchie entre domestiques. Arlequin a un rôle mineur, et c’est le valet Dubois, aux motivations troubles, qui tire les ficelles de l’intrigue.
- Un personnage intelligent et rusé : Dubois. Il s'oppose en tous points à Arlequin et rappelle les personnages de serviteurs rusés que l'on trouve dans les comédies de Plaute. Car, à la différence d'Arlequin dont la balourdise ralentit l'action de la pièce, Dubois, lui, fait progresser l'intrigue. Véritable metteur en scène.
- Un manipulateur : c'est lui qui dirige le cours comme il le décrète dès le début de la pièce, en jurant à Dorante qu'il épousera Araminte : « vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là » (I, 2). Là où Arlequin fait rire, Dubois aurait tendance à troubler : sa détermination, son habileté à feindre et à manipuler, si elles prêtent à sourire, ne font pas moins de lui un personnage inquiétant.
- Maître, chef de guerre Le valet affranchi
Dubois, Valet de son état, il s'impose comme le personnage maître de cette pièce, dépassant de loin sa condition et surpassant, bien que le servant, son propre maître, Dorante.
- Dorante et Dubois : qui est le maître ? L'écart entre eux tend à se réduire puisque Dorante, personnage de plus haute condition, se fait engager au service d'Araminte, ce qui le place (bien qu'en tant qu'intendant il conserve un statut plus élevé que Dubois) au rang des serviteurs. La situation semble parfois bel et bien inversée entre Dubois et Dorante, Dubois n'hésitant pas à donner des ordres directs à son maître comme dans la scène 17 de l'acte II où il multiplie les recours aux formes impératives et oppose de sèches fins de non-recevoir à ses demandes.
- Pour quelles raisons Dubois recourt-il à des stratagèmes ?
- Volonté de marier Dorante à Araminte : son objectif.
Pour atteindre ce but, le « stratagème » va s’imposer comme un instrument privilégié, tout particulièrement, en raison de son origine militaire, pour résoudre les conflits, mais aussi parce qu’il permet de démythifier tous les abus de pouvoir.
Qu’en retire-t-il comme avantage ? on ne sait pas. Jubilation à diriger ? à dominer par son intelligence ?
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