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Lecture analytique, le mariage de Figaro, Beaumarchais

Fiche : Lecture analytique, le mariage de Figaro, Beaumarchais. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Janvier 2018  •  Fiche  •  2 294 Mots (10 Pages)  •  1 910 Vues

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Problématique : Comment cette scène met-elle en valeur les pouvoirs du valet sur son maître ?

Introduction :

Le début de l’acte III du Mariage de Figaro, pièce de Beaumarchais, présente le Comte troublé et embarrassé par les scènes précédentes de la fin de l’acte II, et notamment les scènes 10 à 21 où il croit surprendre son épouse avec un homme. La scène 4 de l’acte III est très courte. Le Comte, se croyant seul, s’interroge sur les évènements précédents : « Le fil m’échappe » (l. 25). Il ignore si Figaro sait qu’il courtise Suzanne. Figaro, qui apprête à entrer en scène, surprend ses derniers mots et feint de ne rien savoir. Nous étudierons les dernières phrases de ce monologue de la scène 4 et la première partie de la scène 5, rendue célèbre grâce à la tirade de Figaro, qui joue sur le juron anglais God-Dam. Cette scène fait peut avancer l’intrigue mais propose une confrontation divertissante entre maître et valet. Nous nous demanderons comment cette scène met en valeur les pouvoirs du valet sur le maître. Nous verrons dans un premier temps comment, par une habile mise en scène, Beaumarchais met en valeur l’inversion des pouvoirs, et des savoirs. Puis nous analyserons dans un second temps comment le bel esprit du siècle change de camp, passant du maître au valet.

I. Une inversion des pouvoirs et des savoirs : la puissance du langage.

1) L’art de l’aparté.

La fin de la scène 4 et le début de la scène 5 de l’acte III sont construits sur un procédé théâtral très souvent utilisé dans la comédie et que Beaumarchais manie avec talent : l’aparté. Il a l’avantage de créer une certaine complicité avec les spectateurs et d’accentuer le comique de la scène. Au début de des deux scènes, le Comte, se croyant seul, soliloque. Nous apprenons qu’il projette de chercher à savoir si Figaro est au courant de son amour pour Suzanne. Or, nous savons que Figaro est au courant depuis la première scène de la pièce. En constatant l’ignorance du Comte, le spectateur ne peut que s’amuser et se préparer à assister à une scène des plus divertissantes. Nous sommes au troisième acte, et le Comte n’en est pas à sa première erreur ; devant tant de prétention mêlée à de la malhonnêteté, le spectateur se range nécessairement du côté du valet et non du maître. Rappelons que Figaro a rendu de nombreux services au Comte dans le passé. Le comique, ici à la fin de la scène 4 est redoublé : le premier comique, de caractère, vient du fait que le Comte prépare un stratagème qu’il croit habile : il utilise en effet des compléments de manière qui soulignent sa prétention : « adroitement » (l.37), « démêler d’une manière détournée » (l. 39). Il s’accroche à son projet : « il faut » (l. 36), « tâcher » (l. 37). Le deuxième comique est un comique de situation : Figaro l’entend soliloquer sans qu’il s’en aperçoive, comme l’indique la didascalie l. 37 : « Figaro paraît dans le fond, il s’arrête. ». Il entre en scène en même temps qu’il s’introduit dans un discours qui ne lui est pas destiné. Or, ces paroles concernent directement Suzanne et donc lui-même et son mariage : « et tâcher, dans la conversation que je vais avoir avec lui, de démêler d’une manière détournée s’il est instruit ou non de mon amour pour Suzanne. » (l. 37 à 40). C’est par ses paroles en aparté que la scène débute, introduisant ainsi à la fois la scène et sa rivalité avec le Comte. « Nous y voilà » dit-il (l.41). L’emploi du pronom personnel « nous » montre qu’il ne va pas s’amuser seul. Il se délecte à l’idée d’un affrontement que le Comte ne recherche pas, puisqu’il veut ruser sournoisement. La scène 5 débute de la même manière que la précédente s’achève. Chaque personnage parle en aparté. Nous assistons donc à une suite de répliques en aparté, très rapide. Les répliques, toutes de même longueur, créent un effet très réussi, puisque deux personnages soliloquent l’un près de l’autre sans qu’il y ait un dialogue. Figaro commente les propos du Comte, créant une sorte d’écho et le spectateur, complice du jeu, constate la supériorité du valet sur le maître, guette chacun des propos et en savoure le contenu. À partir de la réplique : « ma femme s’il vous plaît » (l. 52), le dialogue s’engage et le Comte interroge son valet sur différents points et en oublie son fameux projet. Le dialogue commence aussi rapidement que l’échange de répliques en aparté, si bien qu’on ne voit pas de différence ; le rythme reste vif. Figaro, à la fois insolent et lucide, se montre alors très habile à trouver à chaque fois une réponse à une question imprévue.

2) Insolence et lucidité de Figaro.

Comme nous l’avons déjà évoqué, le dialogue commence à la ligne 52, lorsque le Comte entend la phrase que Figaro dit en aparté : « Ah ! Ma femme s’il vous plaît. ». Nous assistons quasiment à un dialogue de sourds, les deux protagonistes cherchant à se duper l’un l’autre. Le valet, ici, en sait plus que le maître et cette supériorité lui donne une grande assurance verbale face à un Comte qui bredouille ou se contente de phrases très courtes ou hachées : « Ce n’est pas ce que je voulais dire ; laissons cela. J’avais… oui, j’avais quelque envie de t’emmener à Londres courrier de dépêches… mais, toutes réflexions faites. » (l. 82 à 85). Même s’il fait des reproches à son valet, ce dernier trouve toujours la réplique adéquate, comme la célèbre boutade : « C’est qu’ils n’ont point de valets pour les y aider. » (l. 64). Sans être révolutionnaire, cette remarque est très insolente. D’ailleurs, le Comte, incapable de la relever, préfère changer de sujet.

En utilisant le présent, il redonne vie à la scène qu’il décrit de son propre point de vue, tout en reprenant les paroles du Comte. Les nombreuses occurrences du « vous » sont presque des mises en accusation. Depuis le début du dialogue, Figaro fait preuve d’une capacité de répartie étonnante qui déstabilise son maître. Il ne se laisse jamais dérouter et fait preuve d’inventivité. Ainsi, à la ligne 58, il justifie son retard par un mensonge, d’autant plus habile qu’il se réfère à une situation passée où il avait déjà trompé le Comte : « Je m’étais sali sur ces couches en tombant ; je me changeais. ».

Le Comte ne parvient qu’une seule fois à reprendre son serviteur en essayant de faire preuve d’autorité et de suprématie intellectuelle, ce qui ne réussit pas à impressionner

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