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La princesse de Clèves // Madame de Lafayette – Analyse de l’œuvre

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Par   •  10 Mai 2022  •  Cours  •  1 392 Mots (6 Pages)  •  390 Vues

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La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette – Analyse de l’œuvre

Parcours : INDIVIDU, MORALE & SOCIETE

Il s’agit d’un roman moderne car il crée une rupture avec la tradition romanesque précieuse (roman fleuve aux actions multiples et invraisemblables) et il se centre sur l’analyse psychologique fine des personnages (ce qui fonde le roman par la suite).

  1. Femme de lettres : Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette (1634-1693)

Elle naît dans une famille noble de l’entourage du cardinal Richelieu. A 16 ans, elle devient demoiselle d’honneur de la reine Anne d’Autriche, mère de Louis XIV. Elle commence son éducation littéraire et est introduite dans les salons littéraires à la mode : Catherine de Rambouillet mais surtout Madeleine de Scudéry (auteure de Clélie, la Carte de Tendre) avec qui elle devient amie.

A 21 ans, elle épouse par contrat et non par amour le comte La Fayette. Continuant à fréquenter la Cour, elle se lie d’amitié avec la belle-sœur du Roi et fréquente alors le Palais Royal, de sa splendeur (fêtes fastueuses, galanterie…) à sa laideur (médisances, intrigues…), ce qui contribuera à nourrir l’atmosphère de son roman.

Femme lettrée, elle connaît des écrivains de son temps comme Corneille, Boileau, Racine, La Fontaine : le poète Jean Regnault de Segrais, qui devient son secrétaire, participe d’ailleurs à ses premiers romans (comme La Princesse de Montpensier en 1662) et qui a participé sans doute à la Princesse de Clèves. Elle a été proche également d’un théologien janséniste (le salut des hommes relève seul de Dieu, vision pessimiste d’un homme tributaire de son amour propre, d’illusions et de ses passions néfastes) et surtout du moraliste La Rochefoucauld, ce qui a influencé son style, la moralité de ses œuvres.

  1. Mouvement(s) : classique, baroque ou précieux ?

L’œuvre relève du classicisme. En effet, on retrouve la concision et la sobriété du style, la dimension moraliste du roman et la vision pessimiste des jansénistes. L’œuvre est structurée en quatre volumes mais on peut identifier cinq parties comme dans les tragédies classiques (« exposition » de la cour, de l’héroïne, rencontre entre les protagonistes, mort de la mère de l’héroïne ; deuxième temps autour des intrigues de Cour, toile de fond des sentiments de l’héroïne jusqu’au vol du portrait par le duc ; troisième temps, aveu de la princesse à son époux entendu par le duc caché entraînant des souffrances ; quatrième partie étant la plongée en enfer du prince de la jalousie à la mort et fuite au couvent de l’héroïne ; dernier « acte », le renoncement de la princesse, pourtant veuve). Le récit d’une seule intrigue qui se déroule en un an (règle des trois unités en filigrane), des efforts de vraisemblance historique (la France sous le règne d’Henri II à la Cour des Valois) et psychologique. On y retrouve également l’idéal de l’honnête homme, modèle social de mesure et de retenue pour s’intégrer (cultiver des qualités de corps comme l’élégance, la grâce, la gestuelle discrète, le ton de voix mesuré, le style vestimentaire ; des qualités de l’esprit comme l’art de la conversation brillante sans arrogance ; des qualités de l’âme éduquée dans les valeurs chrétiennes de politesse et de bienséance notamment) : il faut à la fois paraître brillamment et « être » humblement. La passion est racontée sur la retenue (figures d’atténuation comme la litote et l’euphémisme).

Toutefois, l’œuvre est marquée par la préciosité à travers certaines descriptions superlatives, un langage des sentiments parfois allusif (« inclination », termes abstraits), la conception d’un amour épuré, vertueux, respectueux des convenances et quelques invraisemblances (lettre volée, aveu au mari entendu par l’amant caché, vol du portrait, espionnage espionné…). Les quatre récits enchâssés, en plus de l’intrigue principale, comme des digressions, rappellent le courant baroque marqué par l’inconstance, les désordres du cœur et l’aspect éphémère de la vie, que l’on retrouve notamment dans les discours de la mère à sa fille. La récurrence de la surprise et du hasard chez les personnages relève de l’inconstance baroque également.

  1. Genre : mémoires, roman ou nouvelle ?

Au XVIIe siècle, le roman (dérivé de l’épopée antique, relatant les exploits chevaleresques et l’amour courtois au Moyen Âge, puis des amours invraisemblables et interminables chez les Précieux) n’est pas reconnu. En effet, il est considéré comme sous-genre car il est écrit en langue vulgaire « romane » et en prose, sans référence antique comme le théâtre et la poésie ; il multiplie les péripéties ce qui en fait une lecture frivole ; il montre des héros manquant de vertu. Madame de Lafayette, par son œuvre, rompt avec cette image négative en associant noblesse de ses héros faisant preuve de haute vertu dans un ancrage historique. C’est l’histoire littéraire qui le prouvera a posteriori.

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