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Lecture analytique La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette

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Par   •  16 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  2 322 Mots (10 Pages)  •  20 562 Vues

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Lecture analytique La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette

«Le monologue intérieur »

p 138, 139 Bibliolycée «Après qu’on eut… La fausse lettre du vidame. »

La princesse de Clèves de Madame de Lafayette s’ouvre sur un tableau de la cour de France «dans les dernières années du règne de Henri second ». Quand on lit ce roman pour la première fois, on est frappé par le contraste entre la magnificence de l’univers décrit et la solitude absolue des individus mis en scène. La première partie du roman retrace le mariage de Mademoiselle de Chartres avec Monsieur de Clèves ainsi que le coup de foudre pour Monsieur de Nemours. Alors que la jeune femme lutte contre sa passion, secouée par une violente jalousie à la fin de la deuxième partie, elle trouve enfin un moment de répit quand M. de Nemours lui explique que la lettre appartenait au Vidame de Chartes. Réuni à cette occasion, le couple partage un exceptionnel moment de joyeuse complicité. Demeurée seule à l’issue de cet épisode, la princesse se remémore ses sentiments passés, elle se sent « vaincue et surmontée par une inclinaison qui (l’) emporte malgré elle ».

Comment Madame de Lafayette exploite-t-elle les codes du monologue intérieur pour nous présenter une vision de l’amour conforme à l’idéal classique ?

L’examen de conscience de la princesse est à la fois rétrospectif et introspectif. Si la jeune femme, à la manière d’une héroïne tragique, expose le débat qui l’habite, entre passion sincère et interdiction d’aimer, elle se fait surtout le porte parole d’une conception pessimiste du monde dans lequel il faut fuir les dangers de la passion pour conserver la pureté de l’amour.

I. Un examen de conscience.

1. Une introspection lucide.

- Pause dans le récit : Le retour sur soi n’est possible d’abord que dans la solitude « Madame de Clèves demeura seule », «Elle demeura dans cette résolution et passa tout le soir chez elle ».

- La princesse doit quitter l’état d’émotion « sitôt qu’elle ne fut plus soutenue par cette joie », pour revenir à l’état de raison « elle revint comme d’un songe » qui seul permet le recul et le retour lucide sur le passé.

-Le vocabulaire de l’introspection (étymologie: introspicere : regarder dans, à l’intérieur) champ lexical de la vision: « regarda », « se remit devant les yeux », « lui ouvrir les yeux » qui témoigne d’une volonté de lucidité, d’un regard porté sur soi.

- Nous trouvons à 6 reprises le verbe penser, ainsi que « se reconnaissait », « trouvait », «fut étonnée » qui expliquent la démarche intellectuelle : de la prise de conscience à l’interprétation.

- Ces lignes sont marquées par une anaphore de « quand elle pensait », puis de la conjonction que « quand elle pensait que [...], et que [...] » ; « elle ne se reconnaissait plus [...], elle trouvait que [...] et que [...] ». Cette construction suit le mouvement de la pensée de Mme de Clèves : retour raisonné sur sa conduite passée et découverte successive à la fois d’elle-même et des conséquences morales de ses actes. On voit bien que le souci de Mme de Lafayette est de montrer ici la lucidité et la rigueur morale de la jeune femme, et le fonctionnement parfait de sa raison analytique (qui ne pourra malheureusement rien contre la force de sa passion).

2. Une analyse progressive.

- Le passage est extrêmement bien construit pour rendre compte de la rigueur de la réflexion de l’héroïne :

– d’abord le retour sur ses attitudes passées (le jour même et « le jour précédent »), introduit par « elle se remit devant les yeux », avec l’emploi dominant du plus-que-parfait (« avait fait paraître », « avait cru », « avait succédé », « s’était reproché », « avait fait paraître » )qui marque l’antériorité des actions ;

– puis l’analyse de la situation présente, c’est-à-dire les conséquences de sa conduite, introduite par « quand elle pensait encore » et dominée cette fois par l’imparfait (« voyait », « connaissait », « traitait », « trompait ») : elle réfléchit sur les relations qu’elle entretient avec le duc et son mari ;


– le début du 2e paragraphe est centré sur la jalousie, qui lui ouvre de nouvelles perspectives sur l’avenir de sa passion : « craindre que », « le hasard d’être trompée » ;

- enfin, le passage au discours direct montre ses interrogations pour la suite, les résolutions qu’elle veut prendre : anaphore de « veux-je », « il faut ».
Cette progression montre bien la logique de l’analyse de la princesse, passant de la réflexion sur le passé et ses conséquences présentes à une interrogation finale sur la conduite à tenir et son enjeu moral.

3. Un monologue délibératif.

- Le narrateur, conformément à la doctrine romanesque classique, semble s’effacer derrière son personnage et ses propres analyses. Mais on se rend compte qu’il oriente discrètement notre perception :


– en créant une hiérarchie dans les sentiments de Mme de Clèves (« ce qu’elle pouvait moins supporter que tout le reste ») qui attire notre attention sur le fait que sa jalousie domine toute la belle construction raisonnée de l’héroïne ;

– de même, au début du 2e paragraphe, en soulignant à maintes reprises l’ignorance de la princesse en matière de jalousie « Elle avait ignoré jusqu’alors » ; « elle n’avait point encore commencé à craindre » ; « qu’elle n’avait jamais eues », le narrateur suggère que ce sentiment va peut-être, à l’insu de l’héroïne, la mener davantage que les purs scrupules moraux.

– Le 2e paragraphe comprend un passage important au discours direct : ce procédé permet au lecteur de se sentir plus proche du personnage, d’avoir l’impression de pénétrer directement dans sa conscience, de donner une dimension plus pathétique et tragique à cette introspection. L’expressivité de la ponctuation et l’utilisation du discours direct laissent entendre que le narrateur laisse la parole à son personnage dans le deuxième paragraphe : « veux-je la souffrir ? veux-je y répondre. »

– La répétition

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