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Gustave Flaubert, Madame Bovary, I, IX, 1857

Commentaire de texte : Gustave Flaubert, Madame Bovary, I, IX, 1857. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  1 895 Mots (8 Pages)  •  4 203 Vues

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Texte analytique (1)

Gustave Flaubert, Madame Bovary, I, IX, 1857 

Elle aurait voulu que ce nom de Bovary, qui était le sien, fût illustre, le voir étalé chez les libraires, répété dans les journaux, connu par toute la France. Mais Charles n'avait point d'ambition ! Un médecin d'Yvetot, avec qui dernièrement il s'était trouvé en consultation, l'avait humilié quelque peu, au lit même du malade, devant les parents assemblés. Quand Charles lui raconta le soir cette anecdote, Emma s'emporta bien haut contre le confrère. Charles en fut attendri. Il la baisa au front avec une larme. Mais elle était exaspérée de honte ; elle avait envie de le battre, elle alla dans le corridor ouvrir la fenêtre et huma l'air frais pour se calmer. « Quel pauvre homme ! quel pauvre homme ! » disait-elle tout bas en se mordant les lèvres. Elle se sentait d'ailleurs plus irritée de lui. Il prenait avec l'âge des allures épaisses ; il coupait au dessert le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, après manger, la langue sur les dents ; il faisait, en avalant la soupe, un gloussement à chaque gorgée ; et, comme il commençait à engraisser, ses yeux, déjà petits, semblaient remonter vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes. Emma, quelquefois, lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, rajustait sa cravate, ou jetait à l'écart les gants déteints qu'il se disposait à passer ; et ce n'était pas, comme il le croyait, pour lui, mais pour elle-même, par expansion d'égoïsme, agacement nerveux. Quelquefois aussi, elle lui parlait des choses qu'elle avait lues, comme d'un passage de roman, d'une pièce nouvelle, ou de l'anecdote du grand monde que l'on racontait dans le feuilleton ; car, enfin, Charles était quelqu'un, une oreille toujours ouverte, une approbation toujours prête. Elle faisait bien des confidences à sa levrette ! Elle en eût fait aux bûches de la cheminée et au balancier de la pendule. Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon. Elle ne savait pas quel serait ce hasard, le vent qui le pousserait jusqu'à elle, vers quel rivage il la mènerait, s'il était chaloupe ou vaisseau à trois ponts, chargé d'angoisses ou plein de félicités jusqu'aux sabords. Mais chaque matin, à son réveil, elle l'espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, se levant en sursaut, s'étonnait qu'il ne vînt pas, puis au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait être au lendemain.[pic 1]

Intro : Cet extrait est tiré de Madame Bovary, paru en 1857. Cette œuvre a été écrite par Gustave Flaubert, était son premier grand roman et a été reconnue par ses pairs pour sa force littéraire. C’est un roman réaliste dont son mouvement littéraire a apparu en France au milieu du XIXème siècle qui a pour but de dépeindre la réalité telle quelle est. Gustave Flaubert est classé comme romancier réaliste, mais il ne se revendique d’aucune école. Il a été connu par son travail de documentation, sa recherche de la vérité et ses règles de l’excès. Flaubert s’appuie sur la réalité dont ses personnages ne sont pas idéals et en ajoutant des souffrances affectives. Son souci d’une observation précise des hommes et de la réalité sociale associe à sa volonté de parvenir à un art objectif ouvre une nouvelle voie littéraire. Il s’attache surtout au style « bien écrire le médiocre ». Ce roman éponyme retrace l’échec d’une vie après le mariage d’Emma Bovary qui le plongera, très vite, dans « les délices de l’adultère ». Elle était fille d’un cultivateur normand et la femme d’un médecin. Dans l’extrait étudié, Emma s’éveille à la dure réalité et se retrouve contentée a toutes ses désillusions, notamment son mari, Charles Bovary. Aux antipodes de l’homme rêvé, le narrateur nous dépeint un portrait minutieux de Charles à travers les yeux d’Emma. Ce livre a connu un important succès grâce à sa recherche stylistique comme Un cœur simple qui raconte la vie misérable d’une domestique, Félicité au grand cœur … PROBLEMATIQUE…  Pour répondre à cette question, on évoquera, en premier lieu, le portrait de Charles qui introduit, par la suite, celui d’Emma. Enfin, nous présenterons la souffrance d’Emma.

I/Charles

  1. Apparence physique + Mauvaises habitudes

Physiquement : Absence de beauté ; il n’est pas attrayant/séduisant, il est loin de l’idéal romanesque d’Emma qui est jeune et mince.

  • « Ses yeux déjà petits », 
  • « Il prenait avec l’âge »     absence de jeunesse, [pic 2]
  • « Des allures épaisses »       adj. péjoratif + pluriel : hyperbole[pic 3]
  •  « Bouffissures de ses pommettes ». Il est comparé à un animal qui « engraisse » ou à un volatile qui « glousse ».
  •  « Lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, lui rajustait sa cravate, ou jetait les gants déteints »     L’énumération souligne l’absence d’élégance. Il néglige son apparence physique et Emma devient croire la mère de Charles et pas sa femme.[pic 4]

Habitudes qui dégoûtent : « coupait au dessert le bouchon des bouteilles vides », « la langue sur les dents et avalant sa soupe »      Il ne respecte pas les règles de politesse et se conduit comme un paysan.[pic 5]

  1. Médecin médiocre + Inintéressant

Absence d’ambition : « Mais Charles n’avait point d’ambition »

  • Humilié par son confrère devant le malade et ses parents. Il n’avait pas d’avis, donc pas intéressant : « une oreille toujours ouverte », il ne s’imposait jamais.
  • Champ lexical de l’infériorité : « humilié », « honte » et « pauvre homme »      Emma ressent l’inferiorite professionnel de son mari. Ce champ lexical s’appuie sur la honte et la repartition de l’expression « Quel pauvre homme ! »      La pitié[pic 6][pic 7]
  1. Manque de virilité + Naïveté

C’est un homme émotif mais pour Emma, c’était un manque de virilité : « attendri » et « Baisa au front avec une larme ».  

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