Fiche bac de Français, Racine, Phèdre, acte I, scène 3

RACINE, PHEDRE, 1677

Mon mal vient de plus loin. A peine au fils d'Egée

Sous les lois de l'hymen je m'étais engagée,

Mon repos, mon bonheur semblait s'être affermi,

Athènes me montra mon superbe ennemi.

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps et transir et brûler.

Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,

D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables.

Par des vœux assidus je crus les détourner :

Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ;

De victimes moi-même à toute heure entourée,

Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.

D'un incurable amour remèdes impuissants !

En vain sur les autels ma main brûlait l'encens :

Quand ma bouche implorait le nom de la Déesse,

J'adorais Hippolyte; et le voyant sans cesse,

Même au pied des autels que je faisais fumer,

J'offrais tout à ce Dieu que je n'osais nommer.

Je l'évitais partout. O comble de misère !

Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.

Contre moi-même enfin j'osai me révolter :

J'excitai mon courage à le persécuter.

Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre,

J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre ;

Je pressai son exil, et mes cris éternels

L'arrachèrent du sein et des bras paternels.

Je respirais, Œnone, et depuis son absence,

Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.

Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,

De son fatal hymen je cultivais les fruits.

Vaine précautions ! Cruelle destinée !

Par mon époux lui-même à Trézène amenée,

J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné :

Ma blessure trop vive a aussitôt saigné,

Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :

C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.

J'ai conçu pour mon crime une juste terreur ;

J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur.

Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire,

Et dérober au jour une flamme si noire :

Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats ;

Je t'ai tout avoué ; je ne m'en repens pas,

Pourvu que de ma mort respectant les approches,

Tu ne m'affliges plus par d'injustes reproches,

Et que tes vains secours cessent de rappeler

Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler

                                   RACINE, PHEDRE, 1677

Phèdre :

→ 1677 → Classicisme

→ 9e tragédie de Racine et sa dernière tragédie profane

Racine

(1639-1699)

Elevé par ses grands-parents → éducation janséniste → Port Royal

1er grand succès 1665 → Alexandre le Grand

Soutient du roi Louis XIV

1677         → 1ere représentation de Phèdre

→ Histographe du roi

Contexte œuvre :

→ apogée règne Roi Soleil → monarque de droits divins → P de conquête

→ Esthétique classique

→opposition Jansénisme & jésuites

→ jansénisme → Dieu accorde grâce divine qu’à quelques élus et reste humanité voué damnat°

Les caractéristiques de l’œuvre :

→ Racine s’inspire des Anciens : des pièces d’Euripide (grec) –Vème siècle et de Sénèque (romain) Ier après J-C. La tragédie est un art ancestral, joué lors des spectacles de Dionysos.

→ Racine respecte bien les règles des 3 unités mais il malmène les règles de vraisemblance et de bienséance.

→ La mise en scène du destin : Dans la tragédie d’Euripide, le poids des Dieux est tangible. Dans la tragédie de Racine, les Dieux servent surtout à apaiser une mauvaise conscience : Phèdre se sent coupable de son amour ? elle accuse Vénus d’en être responsable ! Elle oscille donc entre responsabilité et écrasement, et met en scène son destin pour échapper à sa conscience.

→ La pièce de théâtre Phèdre débute in medias res

→ 5actes et plus de 1500 alexandrins.

Personnages :

• Phèdre : fille de Minos (gardien des enfers) et Pasiphaé (fille du Soleil). Porte en elle la malédiction de Vénus (amour) qui en veut à la descendance du Soleil pour avoir mis en lumière ses amours illicites avec le Dieu Mars. Elle est mariée à Thésée mais elle aime le fils de ce dernier, Hippolyte.
• Thésée : personnage héroïque, combattant redoutable. Descend d’une grande lignée, car il est le fils d’Egée.
• Hippolyte (=conduit les chevaux) : fils de Thésée et d’une Amazone.
• Aricie : fille du Dieu Pallas, rival de Thésée au trône d’Athènes. Thésée le tuera donc ainsi que ses 50 fils. Hippolyte est amoureux d’Aricie.

Résumé œuvre :

Ph épouse Th → Ph aime en secret H → Th disparait → H aime A → Ph avoue amour a Oe → Oe la pousse a révéler ses sentiments → H déclare amour A → Ph avoue amour a H → H la repousse  → retour Th → Oe ment et dit que H aime Ph a Th→ Ph ne dément pas pcq elle a appris que H aime A → Th et H s’affrontent → H est chassé par Th → A dit vérité a Th → Th veut interroger Oe mais elle s’est suicidée → H tué → Ph avoue vérité → Ph suicide

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