Expliquer rend-t-il toujours les choses plus claires ?

Expliquer rend-t-il toujours les choses plus claires ?

Depuis la naissance de la civilisation humaine, l’homme n’a jamais cessé de chercher et donner des explications sur le monde physique et métaphysique. Des mythes les plus primitifs aux théories des sciences les plus avancées, toute activité humaine se conclut par un seul mot : expliquer. Mais la question se pose inévitablement tout au long de ces efforts inlassables : expliquer, dont la définition est de rendre claire et de faire comprendre, nous éclaire-t-il toujours ?

En premier lieu, nous essayerons d’encadrer l’objet de l’explication, avant de discuter des raisons qui poussent à l’action d’expliquer. A partir de ces deux points, nous espérons pouvoir trouver une réponse pour la question : Expliquer rend-t-il  toujours les choses plus claires ?

Ce qui l’homme cherche à expliquer n’échappent pas à deux dimensions : dimension objective et subjective.

Pour la dimension objective, c’est exactement l’objet d’études qui est visé, toute activité d’explication se déroule pour l’illustrer. Il peut s’agir non seulement des phénomènes naturels, des lois de la nature, mais aussi de ceux qui concerne la société humaine, tel que son fonctionnement. Néanmoins, chaque phase de l’évolution humaine a connu ses propres limites, de ce fait, toute explication donnée par l’homme est forcément marquée par l’insuffisance, et cette insuffisance réduit la clarté que nous espérons. Aristote était reconnu, non seulement par sa contribution à la philosophie, mais aussi par la productivité de ses explications sur les lois de la nature telle que la physique. Mais beaucoup d’explications qu’il avait faites ont été prouvées incorrectes, et renversées par d’autres qui, quant à leur tour, allaient aussi être remplacées ultérieurement. Les explications que l’homme essaie de donner ne rendent pas forcément l’objet dont il s’agit plus clairs, puisque elles sont très souvent fausses, mais nous pouvons toute de même dire que, ces explications donnent de nouvelles dimensions pour voir le monde, comme une lumière qui nous éclaire dans la totale obscurité, bien que cette lumière ne se trouve pas toujours sur le bon chemin, et risque de nous mener vers le contresens de la bonne direction.  

La dimension subjective implique plus l’intention. Pourquoi on a besoin d’expliquer ?  Expliquer n’est pas la fin en soi, c’est un outil, le moyen de communiquer notre intention, c’est de justifier et de convaincre. Ceci étant dit, il n’est pas difficile de tirer la conclusion : ce que l’explication est capable de rendre clair, c’est ce que nous souhaitons faire savoir aux autres, jamais la chose elle-même, surtout quand l’éclairage de cette chose nuit à nos intérêts. Dans l’histoire de l’homme, les drames se jouent quand les explications autres que celles des autorités se sont rendues publiques. Au VIe siècle av. J.-C, Hippasos fut exclu de l’école de Pythagore et condamné à mort à cause de sa découverte de l'existence de grandeurs incommensurables, car cette découverte avait mis en lumière l’insuffisance des explications données par son maître Pythagore ; au XVIe siècle, Giordano Bruno, comme beaucoup d’autres « hérétiques », fut brûlé vif par l’Église, pour avoir défendu l’héliocentrisme; au XVIIIe, quand Jean-Jacques Rousseau avait  donné ses propres explications sur le pouvoir politique, il a été jeté en prison et a connu la constante persécution. Une liste de tels exemples ne finit jamais. Les explications officielles ne font que consolider les pouvoirs des autorités sur place, elles ne cherchent jamais la vérité et empêchent de toute force celles qui puissent nous guider vers la vérité. Les explications, trop souvent, ne rendent pas les choses claires, elles y font même obstacle.

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