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Explication de texte baudelaire

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Par   •  20 Mai 2020  •  Commentaire de texte  •  2 265 Mots (10 Pages)  •  740 Vues

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Baudelaire : « Une charogne »

Explication linéaire.

Ce poème est composé de 12 quatrains. L’alternance du mètre des vers :  un alexandrin, un octosyllabe, offre une structure croisée, manifestant une forme de tension, tension baudelairienne entre la vie et la mort, la laideur et la beauté, l’idéal et le spleen (?).

Cette tension est accentuée par la disposition des rimes : croisées, à quoi s’ajoute l’alternance classique des rimes masculines et féminines.

On notera que l’ensemble constitue néanmoins un ensemble harmonieux puisque cette structure se répète tout au long du texte.

Le titre « Une charogne » est choquant en soi, c’est une provocation pour le lecteur des poètes romantiques. L’objet correspond à l’expression du mal, de l’horrible dans le recueil : l’évocation de la mort et de la décomposition du corps dans ce qu’elle a de plus cru sublimée par la poésie, le verbe.

Le terme de « charogne » signifie : chair en état de décomposition avancée ou individu odieux de par son comportement ou sa déchéance physique.

Strophes 1 et 2 :

Vers 1 : Le poème débute par un impératif : « rappelez-vous » qui convoque  un souvenir commun au poète et à la femme aimée désignée par le terme romantique « mon âme », terme mis en valeur à la fin du vers par sa position isolée entre deux virgules. Il s’agit d’un souvenir visuel : « vîmes » et le vers laisse en suspens le mystère de cette vision, le terme d’ « objet » étant vague. Toutefois, dans un registre galant, « objet » désigne la femme aimée (« Doux objet de mes voeux »)

Vers 2 : il pose le cadre temporel : la saison, l’ «été » est propice à la rêverie, rêverie suggérée par l’adjectif « doux » précédé de l’intensif « si ». Au matin naissent les promesses du jour, l’atmosphère est idéale.

Les /:/ à la fin du vers introduisent la réponse quant au sens réel du mot « objet ».

Vers 3 : Le cadre du souvenir est suggéré par l’expression « au détour d’un sentier », cadre bucolique et le mot « détour » crée l’effet de surprise ressenti par les promeneurs tout comme par les lecteurs. L’absence de ponctuation ou de mot de liaison  renforce la soudaineté de la vision, vision répugnante, en contraste totale avec l’atmosphère dépeinte : « une charogne infâme ». Le déterminant indéfini renforce l’effet de hasard.

Vers 4 : la métaphore du « lit » annonce la comparaison qui sera développée dans la strophe suivante entre cette « charogne » et le corps vivant d’une « femme lubrique ». La rime « cailloux » et « doux » reflète le double aspect du poème. Baudelaire associe dans ces deux strophes  deux thèmes littéraires, l’amour et la mort : éros et thanatos.

Les deux premières strophes sont liées syntaxiquement par une seule et même phrase qui les englobe.

Vers 5, 6, 7, 8 : Vision crue, presque comique : « Les jambes en l’air ». L’apposition au vers 6  associe l’image de la femme se livrant à une débauche malsaine et la « charogne ». L’adjectif « Brûlante » peut se référer à la femme de par sa connotation érotique, mais « suant les poisons » se réfère directement à la « charogne ». Le participe « suant » conserve sa valeur verbale et donne l’impression au lecteur d’un suintement continu et répugnant.

Le vers 7 débute par un imparfait à valeur descriptive « Ouvrait ». Le complément circonstanciel de manière comporte deux adjectifs qui renvoient à des attitudes humaines : comportement « nonchalant », c’est-à-dire sensuel, indolent et cynique qui traduit la corruption morale.

La rime « cynique » et « lubrique » relève de la même association : ces deux termes  évoquent la concupiscence et la dégradation morale.

L’expression « suant les poisons »  au vers 6, accentue le caractère malsain de la vision. Le participe « suant » conserve sa valeur verbale et donne l’impression d’un suintement continu et répugnant.

Le vers 8 qui s’achève sur le terme « d’exhalaisons » souligne que les promeneurs sont assaillis par des relents répugnants, répugnants comme ce « ventre » offert au regard de tout un chacun.

La situation d’énonciation dans les deux premières strophes du poème est la suivante : le poète évoque un moment qu’il a partagé avec la femme aimée. La circonstance est très simple : une promenade très agréable car le cadre à peine suggéré paraît bucolique, nous sommes à la campagne, la saison est favorable, au matin subsiste encore la douceur de l’air, et soudain, ce pur moment de plaisir est interrompu par la vision répugnante  d’une « charogne », irruption brutale de la décomposition cadavérique. Dès ces deux premières strophes, Baudelaire prépare la chute du poème, établit d’abord l’analogie entre la femme de mauvaise vie et ce cadavre de bête, pour ensuite rappeler à la femme aimée que la mort détruit la beauté.

Strophe 3 :

Le vers 9 rappelle les circonstances, le vers pourrait être prosaïque sans l’hyperbole du verbe « rayonnait » et le terme de « pourriture » qui en tant que complément crée une forme d’antithèse, associant la lumière vivante et la décomposition de la chair en putréfaction.

Le vers 10 paraît un trait d’humour (?): la suggestion de la comparaison relevant de la « fantaisie » du poète (?)

Les vers 11 et 12 animent l’espace du cadre.

L’allégorisation de la « Nature » par le biais de la majuscule, qualifiée ici de « grande » souligne la permanence de ce mouvement de balancier entre la vie et la mort. La nature, source de vie, recueille les morts. Ainsi, le « soleil » de par son action, contribue au mouvement général. Rappel religieux aussi : lors du mercredi des cendres, premier jour de carême des chrétiens, l’apposition des cendres sur le front des croyants est là pour rappeler que « né poussière, tu redeviendras poussière ». Ainsi, tout ce que nous construisons, nos richesses, nos rêves et nos corps sont marqués par l’éphémère.

Les termes à la rime évoquent discrètement cette idée : Nature/pourriture et joint/point (forme négative).

Strophe 4 :

Comme le soleil dans la strophe précédente, le « Ciel », est personnifié étant sujet du verbe « regardait ». ce sont aussi le poète et sa maîtresse qui regardent. Le soleil et le ciel sont associés par la conjonction de coordination « Et » par laquelle débute le vers 13.

Le deuxième hémistiche « la carcasse superbe » constitue un oxymore associant les deux thèmes privilégiés du poète, à savoir l’association de la laideur et de la beauté.

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