Etude générale de Gargantua de Rabelais

Gargantua – Etude transversale

1. Gargantua

Portrait physique  

• Son corps 

• Géant : incarne la démesure. 
• Taille importante montrée avec description de confection des vêtements « pour sa chemise furent utilisées neuf cents aunes de toile » (chapitre 8) ; « L’ouverture de sa braguette était de la longueur d’une canne » soit environ 2 mètres.  
• Monuments humains qui lui paraissent dérisoires (lors du voyage à Paris, il se réfugie sur « les tours de l’église Notre Dame » (chapitre 17) dont il vole les cloches qui servent de clochettes pour sa jument qui est « aussi grande que six éléphants » (chapitre 16).)
• Flegmatique (= calme et rejetant beaucoup d’excréments d’après les principes de la médecine de l’époque.)  

• Son alimentation 

• Nourriture et boisson particulièrement importants : introduits dès la 1ère phrase du prologue « buveurs très illustres ».
• Dès la naissance G remarqué car solide appétit et son goût pour la boisson : « A boire ».
• Pendant 1ère éducation, G est incité à beaucoup manger et boire, corrigé par nouveau professeur.
• Démesure dans proportions : chiffres et quantités.  

• Ses activités 

• Chapitre 22 : énumère les jeux du géant.
• 2ème éducation : programme précis autour duquel s’organisent toutes ses journées : fait du sport, s’éveille à la nature en apprenant à connaitre le monde qui l’entoure, musique -> sait jouer « du luth, de l’épinette, de la harpe, de la flute allemande et à neuf trous, de la vielle et de la saqueboute » (chapitre 23). Etudie sciences comme les mathématiques, « la géométrie, l’astronomie » (chapitre 23) ainsi que la littérature.
• G actif. 

Portrait moral 

• Son intelligence

• Grandgousier remarque intelligence de son fils lors de l’invention du « torche-cul » au chapitre 13.
• Dès sa naissance, précocité rare : il parle directement « A boire » (chapitre 7) et teste tout ce qui lui tombe sous la main à l’image d’un chercheur.
• Cherche à s’instruire -> rappel à la philosophie humaniste. Le géant manifeste son savoir par la pertinence de ses analyses et par sa qualité d’expression. 

• Un personnage noble, sympathique et amusant 

• Fils de Grandgousier (roi dans la région de Chinon) et de Gargamelle (fille du roi des Parpaillons) -> homme noble et important.
• G acquiert une grande noblesse d’âme au cours du roman.

-> bon vivant, correspond à la philosophie de Rabelais, le pantagruélisme, fait d’amitié, de joie, de santé.  

• G est aussi quelqu’un d’extraverti, qui fait rire : chapitre 12, les seigneurs amis de son père désirent conduire leurs montures à l’écurie, il les conduit à sa chambre car c’est là que se trouve ses chevaux de bois, tournant ces seigneurs en ridicule.

• Un guerrier

• Aspect chevaleresque rejaillit lors de la guerre contre Pichrocole, G accourt au secours de sa patrie.
• Lors de cette guerre, G fait preuve d’un grand sens militaire, allant jusqu’à laisser à ses ennemis une échappatoire afin que ceux-ci s’enfuient « en bonne règle militaire, il ne faut jamais acculer son ennemi défaillant ; il n’y a pas de meilleure chance de salut pour des gens ébranlés et à bout de fatigue que de n’espérer aucun salut »  

Portrait symbolique 

• Par force et intelligence, G incarne idéal d’humanisme et de science voulu par Rabelais.
• Grâce à éducation d’abord calamiteuse par prof sophistes puis intellectuelle par Ponocrate + éducation physique avec Gymnaste -> Rabelais dénonce éducation médiévale et prône celle humaniste.  
• Bleu et blanc lui sont associés = couleurs des choses célestes et de la joie. 

Signification du nom Gargantua 

• Nom est, comme celui de ses parents, en lien avec sa gloutonnerie puisque son père s’est écrié à sa naissance « Que grand tu as ! » (chapitre 7) ce qui signifie « Quel grand gosier tu as ! ».  
• Etymologiquement, Gargantua viendrait du terme languedocien gargant qui signifie « gosier ».
• Consonnes gutturales -> référence à son gosier et d’assonances et d’allitérations « g », « a », qui montrent sa grandeur. Ressemblance entre les mots grandeur et gargantua. 

2. Picrochole

Un personnage fictif

• Présenté comme obtus, stupide, sans discernement. Il est le 3ème du nom, roi du pays de Lerné et seigneur des fouaciers qui déclenchent la guerre. Son fils sera, après la défaite, élevé par le précepteur de Gargantua, Ponocrates.
• Son nom vient du grec et signifie « qui a une bile amère » = de mauvaise humeur ou colérique, soit le contraire de « flegmatique » comme G. C’est qqn d’aigre, brisant une paix régnant depuis des décennies sans réfléchir.
• Adjectif « picrocholin » = guerre absurde et à raisons futiles.

Un roi se présentant comme un antihéros (contraire aux idées humanistes)

• Décrit comme influençable et influencé.
• On juge un chef par actions de ses subordonnés, qui commettent ici les pires exactions : « pillant et détruisant tout sur leur passage » (chapitre 26)
• En comparaison avec Grandgousier  (modèle humaniste de sagesse) Alcofribas fait ressortir caractère infantile et inconscient. Grandgousier : « colère tyrannique » (chapitre 29)
• Si Grandgousier désire la paix, Picrochole obnubilé par la guerre et se voit déjà conquérir l’Europe voire le monde tout entier, quand ses conseillers lui en parlent, allant jusqu’à penser soumettre le Pape par son fer, sacrilège à ne pas prendre à la légère + s’imagine distribuant terres conquises, vendant peau de l’ours avant de l’avoir tué, montrant son ignorance -> folie (chapitre 33)
• Chapitre 43 : ne cède pas à la flatterie de ses gens qui disent son armée toute puissante.
• Picrochole ne prend pas en compte les plaintes de son armée et prend des décisions controversiales, telles que l’exécution de Toucqdillon, un de ses conseillers qui s’est montré franc, qu’il ne fait en plus même pas enterrer (chapitre 47). Explique l’adjectif « tyrannique » -> illustre avertissement du choeur à Oedipe dans Oedipe-Roi de Sophocle « la démesure enfante le tyran ».
• Chapitre 49 : orgueil : tue son cheval coupable d’avoir chuté -> démesure en toute chose.
• Sa dernière apparition (chapitre 49), souligne son trait le + négatif pour Rabelais : ignorance -> vieille femme lui annonce que son royaume lui serait rendu lors de la venue des coquecigrues, oiseaux imaginaires. Gargantua ne l’aurait pas prise au sérieux, mais Picrochole attendra toujours cette venue, sans changer son attitude (reste coléreux et aigre). Son comportement lui aura donné une vie misérable à Lyon au lieu d’un empire => superstitieux.

Un intérêt pour Rabelais

• Rabelais voulait flatter François Ier : Grandgousier représente roi par sagesse et connaissances, Picrochole = Charles Quint (orgueil, avide de plus de terres, emporté par frénésie de la guerre).
• Sûrement inspiré du seigneur de Lerné, Mr. Gaucher de Sainte-Marthe avec lequel le père de Rabelais fut en conflit.

3. Frère Jean des Entommeurs

• Son nom signifie couper en morceaux -> montre sa capacité à couper les morceaux de viande pour manger (dimension comique : gloutonnerie du perso), mais aussi ses ennemis

-> lui aussi peut être inquiétant.

• Apparaît au chapitre 27 : vient en aide à Grandgousier lors de la guerre contre Picrochole.
• Moine franciscain courageux et hardi. Sans attendre de miracle, engage le combat et encourage les combattants -> grâce à lui Picrochole est vaincu et abbaye de Seuilly sauvée.

-> met en avant bravoure et hardiesse en défendant une cause collective.

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