En quoi Ce Coeur qui haïssait la guerre de Desnos est-il un poème engagé?

En quoi et comment l'auteur montre-t-il son engagement ?

« Ce cœur qui haïssait la guerre », un poème Surréaliste écrit en 1943 par Robert Desnos. Son auteur ayant adhéré au Comité de vigilance des Intellectuels antifasciste en 1936 est un Résistant de la Seconde Guerre Mondiale, où son poème engagé apparait dans le recueil L’honneur des poètes en 1945.

Nous montrerons comment l’auteur évoque son engagement par son lyrisme et par son argumentation tout au long du texte.

Tout d’abord, la présence du cœur, permet au lyrisme de prendre forme : il est métaphoriquement associé aux sentiments de l’auteur par la personnification « ce cœur qui haïssait la guerre » (v.1) à travers laquelle l’auteur exprime sa colère par l’organe. Elle est alors répétée tout au long du poème : « ce cœur » (v.2) ; « d’autres cœurs » (v.9) et « ce cœur » (v.13), ce qui accentue le sentiment de haine transmit au lecteur. Nous avons également le sentiment que « ce cœur qui haïssait » (v.1) n’appartient plus au narrateur par l’emploi du déterminant démonstratif « ce » il se détache de celui-ci et par l’emploie d’un temps du passé, l’imparfait, il accentue ce sentiment.

Ensuite, il y a une expression singulière du lyrisme, les sentiments du narrateur seul sont évoqués par le pronom personnel «je » (v.7) et le déterminant possessif « me » (v.7), par l’indication de verbes d’action tels que « il bat » (v.1) et « je l’entends » (v.7) et « il envoie » (v.3) que seul le narrateur puisse ressentir et par la contradiction et confusion du poète, au premier vers « ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat » qui dit haïr la guerre mais incite tout de mène à y participer.

Puis, il y a une expression plurielle du lyrisme : par le vers 8 « mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autre cœurs », il y a une transition entre ce que seul narrateur éprouve et le partage de ce sentiment par d’autres français. « Ils battent pour la même besogne » (v.9) sous entends que les ressentis de l’auteur sont partagés ainsi que « les millions de cervelles » (v.11) et le passage du pronom démonstratif « ce cœur » à « ces cœurs » prouve que le sentiment de haine du narrateur est exprimé aussi par les autres français.

Aussi, l’engagement de l’auteur est exprimé par son argumentation tout au long du poème : le poème est organisé par des connecteurs logiques tels que « pourtant » (v.13) « mais » (v.14) et « car » (v.16) qui apporte un aspect construit du discours cela accentue le fait que le narrateur veule persuader le lecteur. Une progression du discours permet aussi l’organisation de celui-ci : le connecteur fort « Mais non » (v.8) lie la première partie du texte (expression singulière des sentiments de l’auteur) à la deuxième (expression partagée de ces sentiments) ce qui permet une évolution du lyrisme.

De plus, le poète émet une invitation à la révolte et au combat : Il apporte un rythme et une musicalité de guerre au poème par la répétition de la syllabe « Ba » notamment au v.1, ce qui reproduit le son des battements d’un cœur en colère. L’irrégularité et l’écriture en vers libres et longs donne un aspect de désordre au texte comme la vision d’un champ de bataille. Enfin, le champ lexical du combat, « la guerre » (v.1 et 17) ; « bat » « combat » « bataille » (v.2) « émeute » et « combat » v.9, créer un effet d’omniprésence, insistance et de répétition qui incite à la révolte et attise la colère.

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