Electre des bas-fonds (2019) de Simon Abkarian

Commentaire littéraire

Electre des bas-fonds (2019) de Simon Abkarian

Les drames familiaux sont un type de récit qui chamboule nos esprits depuis la nuit des temps. C’est par exemple le cas d’Electre des bas-fonds   de Simon Abkarian, cette vision contemporaine de la légende antique d’Electre. Dans l’extrait que nous allons étudier Oreste fais face à sa mère Clytemnestre, après qu’elle ait tué son mari et père d’Oreste, Agamemnon. Clytemnestre l’a tué quand il a tué sa fille, Iphigénie, pour pouvoir faire la guerre de Troie. Nous pourrons voir en quoi ce passage met-il en lumière la divergence d’opinion des deux personnages ? Nous verrons dans un premier temps le point de vue de Clytemnestre et pourquoi les liens du sang sont plus importants que le reste, puis dans un second temps nous analyserons Oreste et pourquoi les intérêts de toutes une population sont plus importants que les liens du sang.

I-Des intérêts familiaux privilégiés

1. Une mère détruite par la mort d’un être chère, essaye de révéler à son fils le vrai visage de son père.

         En premier lieu, Clytemnestre cherche à faire visualiser quel genre de monstre était son père en utilisant le champ lexical du meurtre tout au long du texte : “tué”, “la mort”, “immolant”, “massacrer”, “ égorgea”.  De plus elle utilise des images choquantes pour le déshumaniser, et rassurer d’une certaine manière comme quand elle dit : “ En immolant sa propre fille, il voulait ébranler les Troyens, jusqu’à les massacrer sans fin”, il a préféré son royaume et ses ambitions personnelles que sa propre fille. Cette fille que Clytemnestre refuse d’associer à son père, elle n’utilise jamais le pronom “nous” mais toujours le pronom “ma” car il n’est pas légitime d’être associer à l’enfant qu’il a tué, “ Son ambition dans la gorge de ma fille ?”, “... qu’il sacre le printemps de mon enfant en lui ouvrant la gorge ?” et “Mon ambition était de voir grandir ma fille”. L’usage de questions rhétoriques de la part de Clytemnestre à l’égard de son fils Oreste : “ Et ce père que tu voudrais venger, le connais-tu ?”, car elle sait qu’il ne le connait pas vraiment et qu’il le voit comme un héros de guerre, de plus l’usage du pronom démonstratif “ce” crée de la distance avec Agamemnon. Clytemnestre qui est détruite par la mort de sa fille, essaye donc bien de mon montrer à son fils qui était son père par l’usage d’images choquantes et du champ lexical de la mort.

B -Iphigénie, enfant bordé d’amour par sa mère.

        La mort d’Iphigénie a tellement bouleversé sa mère qu’elle a décidé de tuer son bourreau qui n’est autre que son propre père, Clytemnestre parle de sa fille comme un être extraordinaire qui ne méritait pas sa destinée. Le registre pathétique employé par la mère pendant le texte nous indique son importance : “ Iphigénie était ma fille, le soleil de mes yeux.”, elle l’a comparé à un soleil, le verbe “était” à l’imparfait de l’indicatif donne un effet d’intemporalité à Iphigénie. Elle utilise une métaphore en comparant Aphrodite, la déesse de l’amour a sa fille : “Ce que ton père a tué c’est Aphrodite dans le corps d’une enfant”. D’autre part son lien maternel plus important que tout le reste : “...quand il l’égorgea, c’est l’espoir d’un monde meilleur qu’il détruisit.” ainsi selon elle le monde est destiné à être mauvais. Enfin, Iphigénie est décrite comme un être fragile dans le but d’encore plus diaboliser Agamemnon à son fils ; “Celui qui tue une fillette est un fléau pour la race humaine tout entière.”, l’usage du mot “fillette” la rend donc fragile. Clytemnestre nous décrit donc une fille qui avait tout pour plaire et vivre mais dont la vie a été arrêté par son père. Clytemnestre justifie encore plus son acte par le fait que sa fille ne l’a pas mérité mais Oreste ne voit pas cette situation de cet œil, ce dernier accorde plus d'importance à l’intérêt du royaume qu’à la vie de sa sœur.

...