Dissertation Les écrivains ont-ils pour mission essentielle de célébrer ce qui fait la grandeur de l'Homme ?
Dissertation : Dissertation Les écrivains ont-ils pour mission essentielle de célébrer ce qui fait la grandeur de l'Homme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mathpral77 • 26 Janvier 2019 • Dissertation • 1 896 Mots (8 Pages) • 1 603 Vues
Les écrivains ont-ils pour mission essentielle de célébrer ce qui fait la grandeur de l’Homme ?
« Nombreuses sont les merveilles du monde, mais la plus grande des merveilles reste l’homme ». Par cette phrase, Sophocle traduit la source d’inspiration qu’est, pour les écrivains de toutes les époques, l’Homme, et l’éloge qu’en font ces mêmes écrivains. Leur mission principale semble alors être de louer les vertus de l’humanité. Nous nous interrogerons alors sur le rôle des écrivains, en nous demandant s’ils se doivent de célébrer la grandeur de leurs pairs, comme suggéré par cette citation, ou non. Si louer cette grandeur peut en effet être au cœur de leur projet littéraire pour diverses raisons, et s’apparenter de la sorte à leur mission essentielle, cela ne représente qu’une partie de leur mission, qui doit être définie plus largement.
En premier lieu, les écrivains vont en effet chercher à célébrer les qualités de cette humanité à laquelle ils appartiennent, pour notamment trouver, ou retrouver, la foi en celle-ci. Elle possède de nombreux travers qui les amènent à douter, voire à se révolter contre celle-ci ; lorsque ses défauts prennent à ce point le pas sur ses vertus, les écrivains vont alors louer ces dernières pour se débarrasser de la conception pessimiste de l’Homme qu’ils s’étaient forgée. C’est le cas de Robert Antelme qui, après avoir vu et vécu, plus que les travers humains, la véritable folie de la déportation, paroxysme de l’horreur dont l’Homme est capable, avec les tortures des SS, l’industrie concentrationnaire de Buchenwald, est, à juste titre, horrifié par ses pairs. Il écrit alors en 1947 L’Espèce humaine, livre dans lequel il relate de rares scènes de solidarité entre Allemands et déportés. Dans un extrait, il réalise ainsi l’éloge de la grandeur humaine d’un SS qui, malgré les directives nazies, manifeste de la compassion à son égard et les aide à mieux supporter la vie au camp, et celle des victimes qui, malgré les exactions et les humiliations subies, parviennent à conserver leur humanité. Il montre en cela que, malgré l’énorme et impardonnable faute qu’est celle de la déportation, l’humanité ne peut s’éteindre et existera toujours dans certains individus ; son expérience et le témoignage de cette expérience le persuadent alors de garder foi en cette humanité imparfaite : célébrer la grandeur de l’Homme permet donc de se raccrocher à ce qui fait son unicité et sa beauté, quand on serait tenté de porter sur lui une vision pessimiste en raison de certains de ses actes.
Cette célébration peut également servir l’écrivain à se découvrir : en effet, en particulier dans les genres autobiographiques, ledit écrivain fait l’éloge d’une personne pour en fait montrer comment celle-ci, si vertueuse, a influencé l’individu qu’il est devenu, et analyse alors les mécanismes et les facteurs induisant sa construction. Dans son autobiographie Lambeaux, Charles Juliet reflète parfaitement cela, en célébrant ses deux mères, « l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée ». L’auteur réussit à se définir, à se raconter, grâce à ses deux figures maternelles qui ont joué un rôle très important dans sa construction par la présence ou l’absence dont chacune a fait preuve. On assiste alors à la naissance d’un homme épris de littérature, mais sombrant dans une profonde dépression du fait du déchirement créé par l’absence et la méconnaissance de sa mère biologique, absence à laquelle sa mère adoptive a tenté avec succès de pallier en lui donnant tout son amour. La célébration d’autrui peut donc s’avérer primordiale pour l’écrivain car elle lui permet de se connaître à travers le portrait de figures notables.
Enfin, et c’est peut-être la raison la plus importante pour laquelle il s’agit de leur mission essentielle, célébrer la grandeur de l’Homme permet aux écrivains de louer ce qui leur apparaît comme qualités indispensables à tout être et donc, étant donné leur pouvoir d’influence, d’inciter le lecteur à tendre vers ces qualités ainsi dépeintes. On en veut pour exemple le poème « Après la bataille » paru dans La Légende des siècles en 1883, où Victor Hugo, en faisant l’éloge du pacifisme, de la générosité et de la clémence de son père, adresse en vérité au lecteur un message subliminal dans lequel il l’appelle à intégrer les qualités de son père, qu’il considère comme remarquables. En effet, tout dans ce texte invite à préférer le vertueux père au vil Espagnol : le lecteur ne veut de la sorte pas lui ressembler et va donc chercher à s’apparenter au père de l’auteur. Ainsi, la célébration de la grandeur de l’Homme donne aux écrivains un moyen d’exposer leur opinion sur ce que devrait être l’Homme, qui leur permet donc de signifier aux lecteurs ce vers quoi ils ont à aspirer : il s’agit, en somme, d’un moyen de persuasion utile à leur engagement.
En conclusion, louer les qualités propres à l’humanité semble être la mission principale des écrivains, en raison de tous les apports que cela amène : en effet, grâce à cela, les écrivains retrouvent foi en une humanité parfois déficiente, se construisent eux-mêmes par l’influence de figures porteuses de ces qualités et peuvent aiguiller le comportement de leur public. Cependant, les auteurs possèdent d’autres rôles qui ne sauraient être masqués par celui de célébration de la grandeur humaine. Ainsi, nous verrons en quoi leur fonction est plus large que cela, et peut différer de celle précédemment décrite.
Premièrement, l’auteur peut placer l’Homme au centre de son propos mais sans en faire éloge, voire en le dénigrer ou en dénonçant ses comportements. En effet, la célébration de celui-ci n’est pas universelle et a lieu
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