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Des cannibales, Montaigne

Commentaire de texte : Des cannibales, Montaigne. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Juillet 2018  •  Commentaire de texte  •  1 252 Mots (6 Pages)  •  1 044 Vues

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Introduction

Michel de Montaigne est un philosophe et écrivain humaniste né en 1533. Parlementaire, Maire de Bordeaux, il n’ignore pas les événements majeurs qui  remettent en question la place de l'homme depuis la fin du XV° siècle : la théorie de l’héliocentrisme[1] de Copernic, les découvertes du Nouveau Monde (à partir de 1492) qui  contraignent  l'homme blanc à se questionner sur ce qu’est l'humanité…Et  les guerres de religion qui déchirent la France à partir de 1562 (1562-1598). 

A partir de 1572, Montaigne   rédige ses Essais (1580), sa principale œuvre. Sous un angle philosophique mais aussi politique et social, il y aborde toute une variété de sujets et livre ses réflexions sur sa propre vie et sur la condition de l’homme. 

L’extrait que nous avons à expliquer  se situe au chapitre XXXI du livre I (1580), intitulé « Des Cannibales » . L’auteur nous informe des mœurs cannibales et compare nos pratiques avec celles de ces « sauvages et nous conduit vers une réflexion sur notre propre barbarie.  

Nous tenterons   de montrer comment se manifeste ici l'humanisme de Montaigne  en   montrant en quoi la structure de l'argumentation permet  de dépasser les préjugés (I), de montrer un intérêt pour l’humanité(II) et  de dénoncer la barbarie des Européens (III)

I. Une argumentation qui permet de dépasser les préjugés

1. Un constat quant aux pratiques des cannibales

Montaigne commence par donner des informations, dire ce qu’il sait (pour l’avoir lu)  sur les mœurs des Indiens du Brésil (cannibales). L. 1 à 12

Il utilise pour cela le présent.

Montaigne donne aussi une description assez précise de la façon dont ces cannibales traitent leurs prisonniers  et ne cache rien des coutumes barbares des Indiens :

- la tête des vaincus : relever le vocabulaire précis qui rend sensible cette cruauté

- le prisonnier attaché et mangé : absence apparente de sentiments des cannibales qui gardent des « morceaux » de chair pour ceux qui ne sont pas là (l. 11 – 12)

- les cannibales ne cachent pas au prisonnier qu'il va être dévoré : ils essaient de lui faire dire des paroles "molles". Vaincre un ennemi, c'est lui faire avouer son infériorité en essayant de l'effrayer : "arracher de leur bouche une parole molle ou rabaissée". Il y a là de la cruauté.

Il: « Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers » … « il attache une corde à l'un des bras du prisonnier »… « Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun »

Il   pousse ainsi le lecteur à porter deux jugements :

  • Sur l’exécution des prisonniers = barbare mais moins que ce que nous sommes capables de faire. D’ailleurs , les « sauvages » finissent par imiter les Portugais qu’ils considèrent comme des maitres en matière de barbarie. » les enterrer jusqu'à la ceinture…   tirer … les pendre », « la connaissance de beaucoup de vices » « beaucoup plus grand maître qu’eux en toute sorte de méchanceté »
  • Sur le cannibalisme = acte banal, anodin (même s’il est insolite) que les européens eux-mêmes ont pratiqué (justifié par les exemples historiques) : « Chrysippe et Zénon…   ont bien pensé qu'il n'y avait aucun mal de se servir de notre charogne …comme le firent nos ancêtres, étant assiégés par César … “ Les Gascons, dit-on, en faisant usage de pareils aliments , prolongèrent leur vie. ” .(Arguments d’autorité pris dans l’histoire et qui valident les propos de Montaigne)

 

 

II.   Montrer un intérêt pour l’humanité  

 a) Les mots qu'utilise Montaigne interroge sur la place que chacun de nous donne  à l'autre :  le barbare, c'est toujours l'autre. C'est le « sauvage » , puis le « portugais » et enfin « nous »

La comparaison entre les sauvages et nous, n'est pas à notre avantage : «jugeant bien de leur faute, nous soyons si aveugles à l'égard des nôtres ». Il faut donc revoir le sens du mot barbare

  • Montaigne a le souci d'informer son lecteur. Il fait d'abord l'éloge des qualités des sauvages : « tout nus », « Arcs », « épées de bois »… Bien qu'ils soient très peu équipés, ils sont très courageux et ne connaissent pas la peur.
  • Ils traitent leurs prisonniers le mieux possible : « longtemps bien traité leurs prisonniers, et avec tous les agréments » …Il ne s'agit pas de vengeance individuelle mais d'un acte collectif ritualisé : l’exécution se déroule toujours de la même manière et respecte différentes étapes :

 - hébergement « longtemps » du prisonnier ;

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