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Essais, I, 31, "Des cannibales", Montaigne

Commentaire de texte : Essais, I, 31, "Des cannibales", Montaigne. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  1 627 Mots (7 Pages)  •  2 918 Vues

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Fils de riches négociants, Michel de Montaigne reçoit une éducation savante et humaniste. Au collège, il montre rapidement son talent pour la discussion et la joute rhétorique. Après des études de droit, il devient, en 1554, conseiller au Parlement de Bordeaux. Montaigne se lie d'amitié avec Etienne de La Boétie, jeune magistrat humaniste qui meurt en 1563, a l’âge de 33 ans. Il décrit cette amitié restée célèbre dans un chapitre des Essais ("De l'Amitié"). C'est en 1571 que Montaigne décide de se retirer dans sa "bibliothèque", au château de Montaigne. Il entreprend dès lors la rédaction de son principal ouvrage, "Les Essais", sur lequel il travaille jusqu'à la fin de sa vie.

Principales œuvres :

• Les Essais, livres I et II (1580),

• Les Essais, livre III (1588),

• Journal de Voyage (posthume 1774).

Les Essais sont l’œuvre d’un homme de cinquante ans, qui revient d’un long voyage en Europe et qui, soucieux de contrôler s’il a bien vécu, se livre à une sorte d’analyse de lui-même : auto-analyse menée au hasard, non pour “démontrer” mais pour le “plaisir de comprendre”, et qui lui révèle peu à peu les contradictions de sa propre nature.

- Registre didactique

- Problématique : quelles sont les défauts de notre société ?

À la suite de la colonisation du Nouveau Monde par les Européens, Montaigne se renseigne sur les civilisations dites « primitives » et, fidèle à sa méthode, privilégie l'expérience. Il raconte dans ses Essais sa rencontre avec des « sauvages » venus en 879. Le récit vivant de cette rencontre l'amène à réfléchir sur notre société : le « cannibale », par son regard décapant, souligne les défauts de notre monde ; Montaigne semble faire du « sauvage » un modèle pour nos sociétés.

I. Le retournement du préjugé ethnocentrique

En choisissant ce titre, il fait semblant d’adhérer à la thèse ethnocentrique (surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient), selon laquelle les peuples du Nouveau Monde sont barbares et sauvages, pour mieux la renverser avec une phrase négative, ligne 1 à 2 : « or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbares et de sauvages en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté », et la remettre en cause.

Ensuite, Montaigne soutient sa thèse tout d'abord implicitement, Ligne 9 à 12 : « là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par l'artifice, est détourné de l'ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvage ».

Puis explicitement, ligne 18 à 20 : « nous avons tant rechargé la beauté et richesse de ces ouvrages par nos inventions, que nous l'avons du tout étouffée ». Pour Montaigne, la culture a corrompu la nature et ce sont les hommes cultivés c'est-à-dire les Européens qui sont sauvages et qui ont détruit la Nature.

A la ligne 8, il utilise la comparaison dans laquelle les termes comparés et comparants sont « les fruits sauvages » et « les Amérindiens ».

Parallèlement va se développer une analogie entre les fruits cultivés et sauvages qui désignent implicitement le rapport d'opposition entre les Européens et les Amérindiens. Montaigne utilise donc un raisonnement par analogie.

Pour fonder son raisonnement par analogie, il utilise une série d'antithèses : « ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits », ligne 7 à 9.

Montaigne met également en place un lexique de la culture : « ouvrage » « invention », ligne 19, « entreprise », ligne 22, mais paradoxalement, il associe le fruit sauvage à ce lexique : il montre que c'est une évolution normale des espèces, « les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire », ligne 8 à 9 et « En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés » ligne 12, le fruit sauvage est caractérisé par une accumulation d'adjectif mélioratif avec une allitération en v.

On voit aussi un lexique de la sauvagerie mais lui associer au fruit cultivé : « altérés par notre artifice, et détournés de l’ordre commun », ligne 10, « notre goût corrompu », ligne 14

Finalement, Montaigne oppose le fruit sauvage et les sauvages contre les hommes civilisés et le fruit cultivé. La culture apporte quelque chose d'artificiel (contre naturel) qui engendre la régression et la dégradation. Cette dégradation apparaît sur différents plans, car le fruit cultivé est inférieur au fruit sauvage du fait qu’il est accessible à tout le monde. Nous retrouvons donc une régression économique : « détournés de l’ordre commun », ligne 10, « corrompu », ligne 14, une régression morale : « vive et vigoureuse », ligne 12, une régression esthétique, les hommes civilisés sont moins élégants : « plus utiles et naturelles vertus et propriétés », ligne 12-13.

Montaigne joue sur la polysémie (mot

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