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Les Essais, "des Cannibales", Montaigne

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Par   •  11 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  1 007 Mots (5 Pages)  •  860 Vues

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Les Essais publiés en 1595 sont l’œuvre principale de Montaigne, philosophe du XVIème siècle.  La découverte de l’Amérique un siècle plus tôt nourrit entre autre sa réflexion. Dans le texte « Des cannibales », nous verrons d’abord comment l’auteur  argumente efficacement  et dénonce l’ethnocentrisme de ses contemporains dans le jugement des Amérindiens, le peuple du « nouveau monde ».  Nous verrons ensuite comment, en défendant la thèse de la supériorité de la nature sur la culture, Montaigne critique  la société de son temps et annonce le mythe du bon sauvage.

               Montaigne utilise une argumentation efficace pour convaincre son lecteur : Il affirme sa position et s’implique en utilisant le pronom personnel « Je » (l.1) et immédiatement l’adjectif possessif « mon ». De plus, en utilisant une première phrase très longue (l.1 a l.8) il force l’attention de son lecteur. Il l’inclue également avec l’utilisation du pronom personnel « nous » (l.6 et 7). Selon l’auteur, «  il n’y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation ». La forme négative de cette phrase renforce l’opposition entre l’auteur et les préjugés de sa société. La forme impersonnelle « il n’y a rien » apporte au lecteur une impression d’objectivité. Enfin Montaigne séduit son lecteur en utilisant l’ironie  «La est toujours la parfaite religion, le parfait gouvernement, le parfait et incomparable usage de toutes choses ». La répétition de l’adjectif « parfait » trois fois et l’utilisation de l’hyperbole « incomparable » font sourire et permettent l’adhésion du lecteur a la thèse de l’auteur dans ce premier paragraphe. La notion de « barbarie » est relative et chacun est victime d’ethnocentrisme

En effet, « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas dans ses coutumes ». L ‘utilisation du pronom impersonnel « chacun » souligne le relativisme de la notion de « barbarie ». Nous remarquons l’antithèse crée par les mots « vérité » et « raison » (l.4et5) et « l’exemple et l’image des opinions et des usages du pays où nous sommes ». Cette figure d’opposition met en relief la difficulté humaine d’échapper à l’ethnocentrisme. Cette difficulté est encore soulignée par l’utilisation de l’image du « point de mire » (l.5) : Ce que les êtres humains considèrent comme « vérité  » et « raison » est éloigné de la réalité tel un détail observé de loin.

La notion de « barbarie » est donc relative selon Montaigne. Nous allons étudier maintenant  comment en utilisant habilement  les deux significations de l’adjectif « sauvage », le philosophe démontre la supériorité de la nature sur la culture, celle du « bon sauvage » sur l’homme « civilisé » critiquant ainsi sa société.

         En effet Montaigne utilise le comparant «  de même que » (l.8) pour comparer les Amérindiens aux « fruits que la nature a produits d’elle-même. » L’étymologie latine de « sauvage » est « silva », la foret. Cette racine latine justifie donc la comparaison. Les fruits sauvages et donc les Amérindiens,  sont qualifiés à l’aide de termes mélioratifs : Ils sont produits par « la marche ordinaire » (l.10) de la nature, selon « l’ordre habituel » (l.11). Leurs vertus et propriétés »  sont « vivantes », « véritables », « vigoureuses ». L’emploi des formes superlatives «  les plus utiles et plus naturelles » accentue les louanges. Ces fruits ont de la « saveur », de la « finesse » « excellentes ». A l’inverse, les fruits cultivés et donc les êtres cultivés, sont « altérés par notre artifice ». Ce sont eux qui méritent le qualificatif de « sauvage » dans son deuxième sens. Ils sont « détournés de l’ordre habituel ». Leurs « vertus et propriétés «  sont « abâtardies ».Ils correspondent à « notre gout corrompu ». Les qualificatifs utilisés sont péjoratifs et l’opposition entre les deux groupes de fruits et d’hommes est clairement marquée par la forme d’opposition «  tandis que » (l.10)  et par l’utilisation des pronoms démonstratifs « ceux-ci » (l.14) et « ceux-là » (l.12).  Cette comparaison de Montaigne, paradoxale pour son époque, annonce le mythe du bon sauvage qui sera  célébré par Jean –Jacques Rousseau au XVIIIe siècle.

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